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21 décembre 2010 2 21 /12 /décembre /2010 23:53



Bruno Hongre nous propose ici un remarquable article sur le comique. Après avoir rappelé quelques composantes du plaisir de rire, il évoque les niveaux du comique et les procédés qui font rire. Autant d’outils qui vous permettront de mieux appréhender les textes suscitant le sourire ou le rire.

 

REMARQUES PRÉLIMINAIRES


1) En général, autant l’on aime rire, autant l’on déteste s’expliquer les raisons de son rire. D’une part, parce que c’est un sujet extrêmement complexe, qu’aucune théorie ne parvient à élucider totalement (il y a toujours des rires qui échappent aux explications traditionnelles de l’hilarité). D’autre part, parce que le rieur n’a peut-être pas trop envie de regarder en face les satisfactions suspectes, ambiguës, qui nourrissent en profondeur son rire. Savoir pourquoi on rit pourrait nous rendre singulièrement graves. On se contente alors de la tautologie : « Pourquoi rit-on ? Parce que c’est drôle ! ».

2) Dans l’approche de cette activité rythmique des muscles zygomatiques, typiquement humaine selon Rabelais, il est difficile de distinguer ce qui serait un rire naturel, spontané, qui naît au hasard des circonstances de la vie courante, du comique étudié, théâtral, que le public va chercher dans des spectacles produits pour le distraire. D’une part parce que la vie sociale la moins concertée, fertile en sujets d’amusement, est toujours une sorte de théâtre naturel où les uns (en position de public) rient à propos de ce que disent ou font les autres (en position de conteurs-amuseurs ou d’acteurs involontaires). D’autre part parce que, très tôt, nous « consommons » des divertissements amusants, lesquels nous apprennent à regarder le monde comme spectacle, et ainsi, à « reconnaître » dans certaines situations de la réalité un « comique » préalablement intériorisé comme catégorie « littéraire ». Alors qu’il s’agit là d’un attitude culturelle (raison pour laquelle on « rit » différemment selon les cultures), nous « gloussons » spontanément comme si les choses s’ingéniaient d’elles-mêmes à nous divertir, en oubliant que notre sens comique est le fruit de réflexes pré-construits. Aussi pourra-t-on illustrer cette notice aussi bien par des exemples empruntés aux spectacles (sketches, théâtre) que par des situations couramment observées.

3) L’éternelle interrogation « pourquoi rit-on ? » peut donner lieu à deux recherches complémentaires Qu’est-ce qui produit l’hilarité des publics (niveaux de comique et procédés « qui font rire ») ? En quoi consiste le « plaisir » ainsi déclenché (nature de cette euphorie, besoins plus ou moins conscients qu’elle « satisfait ») ? Nous allons tenter d’apporter quelques éléments de réponse en nous inspirant (très librement) de trois livres : Le Rire de H. Bergson, Le Mot d’esprit et ses rapports avec l’Inconscient de S. Freud, et Psychocritique du genre comique de Ch. Mauron. Commençons par la seconde question, celle du « plaisir » qui habite le rire : en analysant ses composantes, nous serons à même de mieux comprendre les diverses formes que prend le comique, et les processus susceptibles de le déclencher.



QUELQUES COMPOSANTES DU PLAISIR DE RIRE

Sachant que tout se mêle dans le rire, on peut néanmoins tenter de distinguer :

1) Un plaisir « spirituel », ou intellectuel. C’est d’abord l’intelligence en effet qui s’amuse, à tort ou à raison, à percevoir des contradictions, des « absurdités », des « non sens » qui ont tout de même du sens, des glissements ou des confusions sémantiques, etc. Cela apparaît dans toutes les sortes de « jeux de mots », qu’on en soit le manipulateur ou l’auditeur. Révélateurs sont à cet égard les sketches de Raymond Devos (cf. « Caen », « La mer démontée », « Le Plaisir des sens », etc.). Le plaisir est bien ici dans cette jonglerie de l’acteur avec les mots et leurs sens, qu’elle soit ou non raffinée. Mais si l’intelligence est nécessaire à saisir ce jeu, elle n’explique pas à elle seule le plaisir qu’on y prend. Cette étrange « euphorie » qui naît du jeu de mots a pu être interprétée comme une revanche sur l’ordre du langage, ordre qui nous est imposé par un sévère apprentissage, et que nous avons soudain le droit de transgresser le temps d’une histoire drôle ou d’une réplique théâtrale… Plaisir du non-sens, qui échappe provisoirement à la censure de la Raison et donne lieu à des emballements absurdes. Plaisir de constater que le code du langage a de nombreuses failles, qu’on peut truquer avec celles-ci, que les mots peuvent être déformés, manipulés, au point de signifier à la fois les choses et leur contraire. Plaisir de replonger dans l’univers magique de l’enfant, où n’importe quel son peut engendrer n’importe quel sens…

2) Un plaisir plus spécifiquement « comique » , dans lequel la part émotionnelle l’emporte sur la part intellectuelle, donnant alors lieu à ces fameux « éclats » de rire qui se déploient en spasmes débridés. Cette dimension apparaît clairement lorsqu’on observe, en position de spectateurs hilares, des situations qui sont angoissantes pour les personnes ou les personnages qui les vivent. Selon Freud, cela peut s’expliquer par une sorte de « décharge » d’énergie d’angoisse inutilisée, dont nous pouvons saisir le mécanisme en prenant l’exemple d’un des plus fameux sketches de Raymond Devos : « Le Plaisir des sens ».
En voici l’argument : un automobiliste pénètre sur un rond-point, et au moment où il tente d’en sortir, s’aperçoit que toutes les rues sont en sens interdit. Situation cauchemardesque, à laquelle le spectateur s’identifie d’autant plus facilement qu’il a l’expérience de la conduite en ville. Notre automobiliste demande alors à un policier ce qu’il doit faire, et celui-ci lui répond : « Tourner avec les autres ». C’est alors que le rire du public jaillit franchement. Tout en percevant l’absurdité et le caractère stressant de cette ronde kafkaïenne, chacun se rend compte qu’elle n’est pas réellement pour lui. Le processus qui déclenche le rire est alors le suivant :
- dans un premier temps, le spectateur s’identifie au personnage et partage momentanément son « angoisse » ou sa colère, ce qui mobilise en son for intérieur une certaine énergie psychique ;
- dans un second temps, prenant conscience que cette situation « impossible » n’est qu’une fiction pour lui, le spectateur se distancie soudain du personnage, et son « énergie d’angoisse » un instant mobilisée (par le fait de s’identifier) se libère en un grand rire de soulagement. C’est l’euphorie après l’accablement. Et cette soudaine euphorie, cette sensation d’apesanteur, nous apparaît vraiment comme une caractéristique majeure du plaisir comique.
Mais revenons à notre sketch. On sait qu’il se poursuit et s’amplifie alors selon une logique parfaitement absurde : il est interdit de s’évader du rond-point ; tout le monde doit tourner ; la police fait sa ronde, en sens inverse ; le laitier (dont le beurre « tourne »), l’ambulancier (dont le malade décède), le convoi funéraire, et bientôt toute la cité, tout se trouve embarqué dans la ronde infernale. Par convention, le public continue d’adhérer à l’histoire, à « croire » par intervalles à l’évocation de cet univers kafkaïen (et le jeu de l’acteur Devos, incarnant l’angoisse du personnage, est ici fondamental), mais en même temps, il ne cesse de se dés-identifier à chaque nouveau détail insolite (et donc « désopilant ») qui affole l’automobiliste. Jusqu’à la fin de ce sketch, parfaitement rythmé par son auteur, il y a ainsi reprise et relâche d’angoisse dans le public, le tout se résolvant en salves de rires…
Ce processus n’est pas incompatible avec la définition de Bergson, qui établit que nous rions chaque fois que nous percevons « du mécanique plaqué sur du vivant ». En effet, l’aspect mécanique qui entraîne tout à coup la vie de la ville — le vivant— (grossissement des effets, amplification des conséquences d’un postulat insensé, etc.) est précisément ce qui conduit le spectateur à se distancier de la situation. Percevant du vivant, il s’identifie ; percevant le mécanique, il rompt son processus d’identification : il y a bien une chaîne de reprises et relâches d’angoisse.
Il est vrai que Bergson ajoute à l’interprétation freudienne un autre élément : s’il y a quelque chose de « mécanique » qui nous fait rire d’un personnage vivant, cela provient souvent de l’inadaptation de celui-ci à telle ou telle situation. Le plaisir comique s’alimente alors à notre sensation de supériorité sur celui dont on rit (celui que l’on juge « ridicule »), comme on le verra ci-dessous dans l’évocation du « plaisir critique ».
Mais cet élément n’est pas non plus sans lien avec ce qui se meut au fond de notre inconscient. Car cette fréquente inadaptation au monde, génératrice d’angoisses, nous l’avons tous vécue lors de nos premiers apprentissages : voir un personnage inadapté peut ainsi, l’espace d’une seconde, mobiliser notre apitoiement et, la seconde qui suit, déclencher notre rire par libération de cette « énergie » d’angoisse brièvement réveillée. Et jouir alors d’un sentiment de supériorité, c’est souvent prendre sa revanche contre des affects anciens, - rappels semi-conscients de situations archaïques où nous étions en douloureuse position d’infériorité... On voit que l’euphorie du rieur peut avoir de multiples racines.

3) Un plaisir critique (ou revanchard, ou sadique, ou satirique). Dans sa Psychocritique du genre comique, Charles Mauron analyse le plaisir du spectateur qui rit aux malheurs d’Arnolphe dans l’Ecole des femmes en l’interprétant comme une compensation aux souffrances oedipiennes de tout enfant ! Qu’est-ce à dire ?
Dans le traditionnel triangle oedipien, le tout jeune (notamment le petit garçon) se voit dépossédé de l’objet aimé (la jeune femme, sa mère) par le « vieux » (le père, qui affirme son droit sur son épouse). C’est une terrible frustration, mêlée de peur et de culpabilité, dont le jeune homme gardera longtemps la trace dans son Inconscient.
Dans la pièce de Molière, l’Ecole des Femmes, c’est à l’inverse le jeune homme (Horace) qui dépossède le Barbon (Arnolphe) de l’objet aimé que celui-ci prétendait se réserver (Agnès).
Dès lors, le rire que suscite l’attitude d’Arnolphe ne s’explique pas seulement par l’énormité de ses colères ou de ses ridicules de vieillard berné ; ce rire s’accompagne d’une sensation de revanche inconsciente sur une situation que nous avons antérieurement tous plus ou moins vécue. Le succès d’Horace et l’allégresse qui en résulte correspondent au renversement triomphal d’une situation angoissante. À travers lui, c’est à notre tour de ravir l’objet aimé et d’en frustrer le « Vieux » qui nous l’interdisait. Nous revivons donc notre « complexe d’Œdipe », mais en vainqueurs cette fois, et ce délire est un triomphe ! Notre rire se nourrit d’une vengeance fantasmatique, plaisir étonnant, inattendu, mais d’autant plus vif que nous en ignorons le réel motif…
On peut généraliser cette composante du rire. Nous jubilons chaque fois qu’il nous est possible de nier — fictivement — le fameux « principe de réalité » dont nous avons dû cruellement subir la loi dans notre passé d’enfants, au fil de toutes les frustrations qu’implique l’apprentissage de la vie. Dans d’innombrables scènes comiques, nous rions ainsi d’une autorité ou d’un pouvoir établi, par la grâce d’un renversement triomphal, mais provisoire, de situations où nous avons dû nous soumettre jusqu’à l’humiliation. À chaque fois, la revanche que nous prenons semble proportionnelle à l’importance sociale de ce pouvoir. Supposons par exemple qu’un ami bien aimé se casse la figure en glissant sur une peau de banane : malgré le caractère mécanique de sa chute, nous rirons modérément. Mais s’il s’agit d’un chef de service, ou de notre prof de français, figures d’autorité, nous aurons du mal à réfréner notre éclat de rire. Et s’il s’agit d’un ministre ou d’un président, alors, nous nous amuserons très fort. Dans chaque cas, le personnage dont nous rions incarne le Surmoi, la Loi à laquelle nous avons dû obéir au cours de notre éducation : et son ridicule soudain nous permet de prendre notre revanche, le temps d’un délire à peine conscient.

Mais notre « Inconscient » n’est pas simplement constitué de frustrations appelant des revanches. Il est aussi traversé de pulsions carrément sadiques. C’est-à-dire qu’il y a un certain plaisir inavoué à faire mal, à faire souffrir, à réduire autrui à l’état de girouette que l’on manie. La formule de Bergson, qui explique le rire par du « mécanique plaqué sur le vivant », va au-delà de la simple perception par l’intelligence d’automatismes ou de conduites inadaptées : elle implique, on l’a vu, l’existence d’une forme de jouissance à réduire autrui à l’état de chose ou d’instrument. Plaisir de supériorité du spectateur, rire qui « châtie » les inadaptés sociaux, euphorie d’un public qui exprime son pouvoir collectif en riant des malheurs ou des conduites non conformes de quelques-uns. Fernand Raynaud déclarait : « Il faut se diminuer pour faire rire » ; il lui suffisait alors d’incarner un personnage ridicule pour attirer sur lui le rire (méprisant) du public inconsciemment sadique. En général, l’acteur qui « fait l’idiot », pour amuser, flatte plus ou moins sciemment ce sadisme social. Quand on dit que « le ridicule tue », on confirme que le rire est une arme qui peut servir la haine. Idem quand, dans un groupe, on essaie de « mettre les rieurs de son côté » : c’est pour récupérer le pouvoir du groupe à son profit (et au détriment de son adversaire).

On voit ainsi que le « plaisir critique », qui souvent décuple le rire, n’est pas seulement l’expression d’une revanche bien compréhensible de la part d’un rieur qui se souvient vaguement avoir été frustré : il peut être l’expression d’un sadisme collectif qui renforce les préjugés du groupe, le pouvoir des castes, ou les hiérarchies sociales. C’est dans cette perspective, mais en l’inversant, qu’il faut resituer le plaisir satirique propre aux comédies de mœurs, à la littérature polémique, aux sketches politiques, etc. Il s’agit très souvent, de la part d’un auteur qui ironise ou qui fait rire, d’une réponse personnelle à l’oppression du groupe. Oppression qui peut prendre la forme d’une mode passagère (cf. Les Précieuses ridicules), d’un ordre hypocrite (la caste des faux dévots dans Tartuffe), d’un pouvoir socioéconomique (les hommes d’affaires dans le Topaze de Pagnol). Oppression que fustige l’œuvre littéraire pour nous libérer, et qu’illustre la formule célèbre : « Castigat ridendo mores » (« il — l’auteur — châtie les mœurs par le rire »).
Ainsi, autant on peut s’alarmer des ambiguïtés du rire sadique (il peut en effet nourrir toutes les formes d’ostracisme, tous les préjugés de classes dans une société donnée), autant on peut comprendre et participer au rire satirique en ce qu’il dénonce la bêtise, ou l’oppression, ou l’injustice, comme c’est le cas dans les meilleures comédies. Mais il demeure vrai que les limites sont parfois difficiles à distinguer, notamment lorsque les auteurs pratiquent ce qu’on appelle le « second degré » (par exemple, un sketch met en scène un raciste caricatural ; l’auteur lui prête évidemment des propos hyper-racistes ; mais voici que le public, lui-même pétri de préjugés, se met à applaudir ces propos qu’il prend au premier degré !!! Comment s’y retrouver ?).

4) Un plaisir mimétique. « Plus on est de fous, dit le proverbe, plus on rit. » Effectivement, le rire est contagieux : plus la foule est nombreuse, plus les éclats de rire s’enflent. Ce phénomène a donné lieu à une fâcheuse pratique des médias : les rires pré-enregistrés, qui donnent au spectateur isolé le sentiment de participer à une émotion collective, et du même coup, l’entraînent à rire sans qu’il comprenne pourquoi (ce qui peut faire du rire le triomphe de l’abêtissement autant qu’il peut être, par ailleurs, l’expression de l’intelligence…). Et de fait, dans un groupe, il est mal vu de ne pas s’associer à l’euphorie collective : celui qui s’isole ou « ne trouve pas cela drôle » est taxé de « rabat-joie » ; et cependant, après coup, c’est soi-même que chacun peut trouver ridicule lorsqu’il considère les motifs de son hilarité…
Rire permet de se souder aux autres ; se sentir soudé aux autres permet de rire. Telle est la satisfaction mimétique. Elle explique le caractère contagieux du rire. La part d’inconscient qui alimente le rire suppose en effet qu’on oublie sa « raison » et les censures qui lui sont liées : il est plus facile de faire en groupe ce qu’on ne ferait pas seul, lorsqu’on conserve sa conscience critique. La phrase « plus on est de fous, plus on rit » peut ainsi être lue à l’envers : « plus on rit, plus on peut se permettre d’être fous ensemble », c’est-à-dire : plus on peut se permettre de régresser collectivement dans des émotions infantiles. Et ce plaisir mimétique n’est pas sans rappeler la notion de « saturnales », lorsque le public en vient à rire de ce même ordre social qu’il respecte par ailleurs...

Il y a donc quelque chose de l’ordre du défoulement collectif, plus ou moins hystérique et plus ou moins abêtissant dans le plaisir du rire, — quand bien même notre intellect et notre culture du comique ont été, au départ, absolument nécessaires au déclenchement de l’hilarité. Ce qui confirme cette conclusion, c’est le « remords » d’avoir ri qu’on éprouve parfois, lorsqu’on vient de rire largement du malheur ou du ridicule d’autrui, en s’étant laissé entraîner par le groupe. Musset ne disait-il pas, à la suite d’une représentation du Misanthrope et de la « mâle gaieté » que répandent les grands textes de Molière, que « Lorsqu’on vient d’en rire, on devrait en pleurer »…


LES NIVEAUX DE COMIQUE

Les composantes du « plaisir de rire » que nous venons de dissocier se mêlent le plus souvent dans les spectacles qui nous « amusent ». Lorsqu’il s’agit de théâtre, on distingue classiquement cinq niveaux de comique, des plus grossiers aux plus subtils. Cette différenciation des formes du comique permettra, simultanément, de hiérarchiser les significations plus ou moins profondes que les auteurs dramatiques donnent à leurs pièces.


1) Le comique de gestes

Du coup de pied au derrière à la chute malencontreuse, des mimiques faciales aux gesticulations, c’est là une forme de comique élémentaire qu’aucun grand auteur n’a méprisée (Molière, Beaumarchais, Charlie Chaplin, etc.). Les effets de décor, la manipulation d’objets (voir l’usage qu’en font les clowns), les didascalies parfois très détaillées qui font de l’auteur le premier metteur en scène de son théâtre, tout est à repérer et commenter. L’invention de « gags » se retrouve naturellement dans de nombreux films comiques, de Jacques Tati ou de Louis de Funès par exemple.


2) Le comique de mots

Il comprend bien entendu les jeux de mots et tout ce qui est de l’ordre de l’inflation verbale (cf. l’histoire du rhume dans La Cantatrice chauve de Ionesco), mais aussi les mots d’auteur et les répliques ciselées que l’on peut souvent détacher de leur contexte (cf. le docteur Knock déclarant « Tout homme en bonne santé est un malade qui s’ignore. »). Cependant, le plus souvent, les meilleures répliques tirent leur saveur de la situation où elles sont prononcées, par des personnages souvent inconscients du comique de leurs phrases, comme Géronte s’écriant dans Les Fourberies de Scapin : « Mais que diable allait-il faire dans cette galère ?! »


3) Le comique de situation

Ce dernier découle des péripéties de l’intrigue. L’auteur s’ingénie à placer ses personnages dans des circonstances imprévues, généralement embarrassantes. Il en résulte des malentendus, des quiproquos, des rencontres fâcheuses (situation classique des comédies de boulevard : le mari surprend son épouse dans les bras de son amant), d’où des engrenages délirants comme sait en composer Feydeau.


4) Le comique de mœurs

Il s’agit cette fois de faire rire les spectateurs devant le tableau caricatural d’un milieu social, d’une profession, des mœurs dites modernes, etc. C’est le cas notamment chez Molière, avec sa galerie de « Précieuses » (ridicules), de médecins (infatués de leur savoir), de « bourgeois » (qui se veulent gentilshommes) ou de ses pédants burlesques (type Vadius ou Trissotin). Le comique de mœurs peut être :
- tantôt purement « comique » : l’auteur caricature les tendances de son époque, les manières de vivre, de parler ou de penser à la mode, en grossissant le plus souvent les traits de ses personnages ;
- tantôt (ou simultanément) « satirique » : l’auteur attaque directement les vices de son siècle (l’hypocrisie religieuse, la corruption financière, les préjugés sociaux) ; le rire franc fait alors place à l’ironie incisive, aux mots ou aux tirades féroces, qui peuvent parfois viser des contemporains précis.


5) Le comique de caractère

Cette fois, le rire porte sur la psychologie, sur les contradictions ou les faiblesses de la nature humaine, sur les grands « types » humains. Le dramaturge peint par exemple l’avarice, la vanité, la colère, le snobisme, en faisant rire du comportement rigide ou obsessionnel des personnages atteints de ces vices. Notons qu’ici, ce n’est pas forcément le caractère lui-même des personnages, qui nous amuse : on rira plutôt des inadaptations qui en découlent, des effets de contrastes qui peuvent en résulter, etc. Ainsi, le « Misanthrope » de Molière ne devient risible que parce que, tout en déclarant haïr le genre humain (ce qui n’est guère drôle), il prétend malgré tout se faire aimer d’une jeune coquette dont il est amoureux. De même, Don Juan ne fait pas rire par lui-même (il est trop démoniaque pour cela) : mais l’opposition de son personnage au valet bavard qu’est Sganarelle, la paire pittoresque qu’ils forment tous deux, font de leurs échanges et de leur relation un duo comique.


6) Le comique de « l’irréel » ?

A ces cinq traditionnels niveaux de comique, qui souvent se mêlent dans une même scène, nous serions tenté d’en ajouter un autre qu’on pourrait définir comme le comique de l’absurde ou de l’irréel. Une pièce de Ionesco comme La Cantatrice chauve, par exemple, où se trouve naturellement du comique de mots ou de situation, nous fait rire en développant des scènes anormales, aberrantes, délirantes, – qui ne sont d’ailleurs souvent qu’un grossissement caricatural des incohérences du monde social ; l’auteur parodie ou inverse les stéréotypes du langage et des conventions quotidiennes, il déstabilise les habitudes de pensée que nous croyons les plus naturelles, et nous fait alors prendre conscience de l’absurdité des normes qui gouvernent nos vies. De nombreux sketches modernes, dont ceux de Raymond Devos, s’inscrivent dans cette veine : ils nous révèlent l’irréalité du réel, en faisant ressortir par un certain nombre de procédés (fort classiques) les logiques délirantes qui sous-tendent la réalité la plus banale.



LES PROCEDES QUI FONT RIRE

Une chose est de différencier les niveaux de comique, une autre est de repérer comment, dans quelque type de rire que ce soit, l’auteur s’y prend pour faire rire. Les contenus des situations ou des réalités qui nous amusent sont souvent graves, on l’a vu ; les motivations profondes qui se manifestent dans le rire s’alimentent à nos angoisses ou à de troubles pulsions : comment donc déclencher le rire à propos de ce qui pourrait tout aussi bien engendrer de la tristesse ou de la colère ? Voici donc quelques procédés classiques, parmi les plus fréquents.


Le grossissement du trait

C’est le principe premier de toute caricature. Le trait doit à la fois être ressemblant et exagéré. Notre plaisir est de reconnaître l’exactitude du croquis dans ce qui est pourtant une incroyable déformation , et vice-versa. Plaisir de reconnaître, plaisir aussi de mesurer l’écart entre le portrait et le modèle (il ne faut pas que cela soit « trop gros », ou alors, il faut que ce soit pris au « second degré », etc.). Ainsi pourrons-nous rire du caractère épouvantablement égoïste et entêté d’Orgon, lorsque celui-ci affirme :
Et je verrais mourir frère, enfants, mère et femme
Que je m’en soucierais autant que de cela.



Les répétitions

Comme les anaphores en poésie, les répétitions produisent un effet d’amplification du jeu (du motif comique, de la raideur d’un personnage, de la « logique » de l’absurde), et donc, provoquent un rire croissant du public, « qui n’en peut plus ». C’est le cas de répliques comme le « Sans dot ! » de l’Avare, ou le « Y a pas de doutes, il s’en sert ! » du sketch « J’ai des doutes » de Raymond Devos.


Le contraste, l’opposition

D’une part, la mise en contradiction d’un personnage avec lui-même ou avec un autre, produit des effets de symétrie plaisants ; d’autre part, dans une même scène ou d’une scène à l’autre, nous pouvons avoir des ruptures brutales ou des inversions inattendues. Par exemple, dans Les Femmes savantes, Vadius et Trissotin ne cessent de s’entre-flatter excessivement, puis l’un d’eux ayant critiqué le poème de l’autre, se livrent à une série d’injures de plus en plus grossières. Le thème de l’arroseur arrosé (un personnage est victime du stratagème même qu’il a mis au point pour piéger les autres), les contradictions entre ce qu’un personnage dit et ce qu’il fait (les défis grandiloquents et les lâchetés réelles de Matamore dans L’Illusion comique de Corneille), les renversements de situation sont une source inépuisable de rires fondés sur l’opposition.


La parodie, la satire, le pastiche

Ces procédés, le plus souvent liés au comique de mœurs, ont ceci d’original qu’on ne peut les comprendre que si l’on connaît les réalités originelles (situations, scènes historiques, œuvres, phrases, etc.) qui sont imitées/décalées/déformées, — contrairement aux trois procédés que nous venons d’exposer, dont la saisie se fait directement. Cependant, la parodie et le pastiche usent des mêmes techniques : exagération de stéréotypes, inversions du réel, transpositions ou déformations plus ou moins subtiles qui font prendre une distance ironique vis-à-vis des modèles imités, et naturellement, recours aux figures de style les plus efficaces (l’antithèse, le chiasme par exemple). Comme exemple de pastiche, on peut citer cette formule à propos du tiers-monde : L’homme est une louve pour l’homme, formule qui, en parodiant le fameux Homo homini lupus, laisse entendre que l’Occident continue d’exploiter férocement les pays pauvres qu’il affecte d’aider.


Le monde renversé

Au-delà des mécanismes que nous venons de rappeler, ce procédé opère l’inversion systématique de tout ce qui semble ordinaire et normal, produisant ce « comique de l’irréel » évoqué ci-dessus, qui peut déclencher aussitôt la joie infantile d’échapper aux rigueurs du monde tel qu’il est, ou le rire satirique face à une situation absurde plus vraie que le vrai…


Tous ces procédés, notons-le en conclusion, obéissent parfaitement à la loi décrite par Henri Bergson, selon laquelle nous rions chaque fois que nous percevons « du mécanique plaqué sur du vivant ». On peut renvoyer ici à la lecture de son ouvrage (Le Rire), qui fourmille d’exemples de répétitions, ruptures, inversions, quiproquos, raideurs, inadaptations, symétries, engrenages, amplifications, etc.


Bruno Hongre ©2004


                                                                        Illustration : Emilio Danero
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17 décembre 2010 5 17 /12 /décembre /2010 23:38

 

 

Emilio DaneroL'intertextualité

L’intertectualité nous permet de découvrir une oeuvre littéraire dans tout son foisonnement culturel.
Bruno Hongre nous fait comprendre, grâce à l’étude de ce concept, qu’une oeuvre n’est jamais autonome. Elle est en effet influencée par des oeuvres antérieures. Tout texte est à mettre en relation avec d’autres textes ou avec la culture environnante dans lesquels, consciemment ou inconsciemment, l’auteur va chercher une partie de son inspiration.


Le constat

Un texte n’existe jamais tout seul.
D’une part, il fait le plus souvent partie d’un livre (recueil, discours, roman, pièce de théâtre, etc.), c’est-à-dire d’un ensemble d’autres textes qui entrent en résonance avec lui, et contribuent à lui donner son sens : par exemple, un poème de Victor Hugo, d’abord écrit pour lui-même, puis placé selon un certain ordre dans Les Contemplations, prendra de ce fait même une signification qui n’apparaissait pas dans le texte pris isolément.
D’autre part, un texte est souvent pétri de références culturelles plus ou moins conscientes (citations, imitations ou transpositions, pastiches, parodies, allusions, réminiscences) qui sont autant de traces plus ou moins littérales issues d’autres livres ou d’autres époques. Ainsi, les écrivains dits classiques imitaient d’une façon délibérée les « Anciens », c’est-à-dire les auteurs de l’Antiquité grecque et latine : ils leur empruntaient la matière de leurs œuvres, des thèmes poétiques ou dramatiques, des fables, des mythes, des réflexions, etc., jusqu’à reprendre leurs formules mêmes (ainsi, la fameuse réplique de Phèdre, « C’est toi qui l’as nommé. », au vers 264, est déjà chez Euripide1). L’étude savante des « sources » d’une œuvre montre à quel point la part d’éléments empruntés est la règle et la part de création originale l’exception. Mais ce que les classiques faisaient délibérément, la plupart des écrivains le font spontanément, influencés qu’ils sont par leurs lectures, par le contexte culturel auquel ils appartiennent, par les codes littéraires venus de leurs prédécesseurs, etc. Bien entendu, dans cette place prise, au sein d’un texte donné, par les éléments textuels ou thématiques (formulations, motifs, mythes, symboles, archétypes, etc.) venus d’ailleurs, les grandes traditions culturelles de notre civilisation se taillent la part du lion : l’héritage gréco-romain et l’héritage judéo-chrétien en particulier. Par exemple, on ne peut comprendre le titre du récit de Camus La Chute, sans se référer à la Genèse, pas plus d’ailleurs qu’une simple phrase comme celle de Proust : « Les vrais paradis sont ceux qu’on a perdus. »
D’où une première définition : au sens strict, l’intertextualité recouvre l’ensemble des traces laissées dans un texte donné par un ou plusieurs textes antérieurs (parfois contemporains), et l’étude des relations qu’on peut observer entre ce texte et ceux auxquels il fait écho (citation, imitation consciente, réminiscence ; reprise plus moins transformée ; référence critique ; opposition radicale, etc.). Car il ne suffit pas de découvrir ce que reprend un auteur : l’intérêt, c’est de montrer ce qu’il fait des éléments qu’il reprend.



La complexité de la notion

Si l’on considère un texte à ces trois niveaux que représentent son écriture, sa structure et sa thématique, on peut trouver à la notion d’intertextualité une extension quasi sans limites :

• Du côté du style et de l’écriture, les tournures (souvent académiques), les expressions choisies (parmi toutes celles dont la littérature a enrichi notre langue), les références littérales ou proverbiales sont extrêmement nombreuses2. C’est à celles-ci, le plus souvent explicites, que l’on pense d’abord lorsqu’on parle d’intertextualité. Mais les mots eux-mêmes dont use innocemment le moindre écrivain sont déjà chargés des connotations que d’autres ont pu y mettre, ses contemporains ou ses prédécesseurs3. Par exemple, il m’est impossible d’employer après Pascal le terme « divertissement », ou après Baudelaire le mot « spleen », sans que mon texte personnel soit imprégné de la « marque » qu’ont ajoutée ces deux auteurs à chacun de ces termes. Même si je n’ai pas lu Pascal, même si j’ignore Baudelaire ! Un lecteur plus cultivé que moi, en lisant mon énoncé, redonnera à celui-ci la richesse originelle dont sont chargés ces mots. Et, très généralement, chaque fois que nous lisons un texte du passé, nous le « transformons » en prêtant à ses expressions des significations ou des nuances qu’elles ont acquises depuis, et auxquelles l’auteur ne pouvait pas songer : son texte se trouve alors modifié, enrichi (voire trahi) — rétroactivement — par l’effet des textes postérieurs qui ont fait évoluer le vocabulaire… Le résultat, c’est qu’en lisant le plus naturellement du monde, nous faisons de l’intertextualité sans le savoir !

• Du côté des structures d’un texte, il en est de même. Si je me sers du code romanesque élaboré par tous les auteurs qui ont raconté quelque chose depuis que la littérature existe, si j’utilise les ressources de la rhétorique développées par tous les orateurs dont les discours sont parvenus jusqu’à nous, je vais imiter des formes ou retrouver des procédés mis au point avant moi et qui vont rendre ma page efficace. Les textes que j’ai en mémoire, et qui ont en quelque sorte « formaté » mon esprit, sont donc au travail en moi au moment même où j’écris. Idem, en ce qui concerne les différents genres ou codes poétiques : le choix du sonnet, l'usage de l'alexandrin contribuent largement à prédéterminer les effets d'un poème (le sonnet classique est construit en fonction de sa « chute » — cet « effet de sens » final ; le rythme de l'alexandrin facilite et impose à la fois la mise en valeur de certains mots nécessairement accentués, etc.). Ainsi, au niveau des structures, l’intertextualité est reine : tout texte est secrètement influencé, que l’auteur le veuille ou non, par la forme historique dans laquelle il se coule. Et, comme précédemment, le lecteur, nourri des ouvrages contemporains, va nécessairement lire les œuvres du passé en fonction de sa nouvelle culture, s’étonner que des livres anciens soient, par leur forme, « étonnamment modernes », etc. Par exemple, on peut lire les « utopies » du passé à la lumière de notre lecture des livres de science-fiction, ce qui peut leur redonner un intérêt inattendu.

• Enfin, concernant la thématique d’un texte, du moindre extrait à l’œuvre globale, elle est elle-même en relation avec l’ensemble des thèmes plus ou moins proches (ou même parfaitement opposés) qui ont déjà pu être traités dans la littérature qui précède. Par exemple, si j’écris un texte pacifiste, je puis être influencé par tel article de l’ Encyclopédie sur la guerre ; si je n’ai pas lu cet article, je peux être influencé par d’autres auteurs qui l’ont lu ; plus généralement, je peux être imprégné de la culture diffuse que les écrivains des Lumières ont répandue sur ce sujet, et mon discours s’en ressentira que je le veuille ou non. Il ne sera donc pas illégitime, pour un lecteur qui veut commenter ce texte, de faire référence aux idées qu’il a trouvées dans l’Encyclopédie, et qui ne sont pas sans rapport avec ce que j’ai écrit moi-même, quoique n’ayant jamais lu le fameux article. On voit donc que la notion d’intertextualité va permettre à un lecteur ou à un critique de mettre en rapport des textes qui n’ont jamais été objectivement en relation directe. Et même, pour éclairer ou commenter une page produite à un date précise, de procéder à des comparaisons avec des textes écrits ultérieurement !


Mais au cours de ces quelques remarques, nous sommes passés insensiblement de la genèse du texte (ses rapports avec les textes précédents ou contemporains qui l’ont nourri) à la question de sa lecture (ce que la connaissance d’autres textes, publiés plus tard, permet d’y lire, d’y projeter, d’y comprendre, etc., — indépendamment bien sûr de ce qu’a voulu faire l’auteur). Cela va nous permettre de compléter notre définition de l’intertextualité. En nous plaçant à ce second point de vue, nous pourrons donc ajouter cette précision de taille : l’intertextualité, c’est aussi l’ensemble des relations — et leur étude éventuelle — que peut entretenir un texte donné avec toutes sortes d’autres textes (y compris postérieurs) dont on le rapproche pour mieux le comprendre, le ressentir ou l’interpréter (ce qui suppose, bien sûr, que l’on justifie les rapprochements que l’on opère). Notons que si l’on voulait distinguer les deux significations du mot, on pourrait choisir de nommer la première « contextualité », et préférer pour la seconde l’expression « lecture intertextuelle ». Mais globalement, il s’agit bien d’un seul et même concept. Et c’est le lieu ici de citer l’excellente définition qu’en donne le « Petit Larousse » (éd. 2003), qui couvre justement les deux aspects que nous venons d’explorer : « Intertextualité : Ensemble des relations qu’un texte, et notamment un texte littéraire, entretient avec un autre ou avec d’autres, tant au plan de sa création (par la citation, le plagiat, l’allusion, le pastiche, etc.), qu’au plan de sa lecture et de sa compréhension, par les rapprochements qu’opère le lecteur. »

Ainsi, l’intertextualité, ce n’est pas seulement le fait pour l’auteur d’inscrire des éléments issus de sa culture dans ce qu’il écrit ; c’est aussi le fait, pour le lecteur, d’introduire ou projeter dans le texte même qu’il croit seulement décrypter, des éléments inscrits en lui par ses autres lectures. Chacun, dans sa relation au texte, investit en quelque sorte son « capital textuel » et sa capacité d’analyse. D’où au moins deux conséquences :

1) Personne ne lit jamais exactement le même texte : chacun projette et interprète, découvrant donc et décodant à sa manière — singulière et unique — les significations que l’auteur a « encodées » dans son « message ». Un contemporain de Pascal ou de Racine ne pouvait pas percevoir les Pensées ou Phèdre comme nous recevons nous-mêmes ces textes, et réciproquement. Lors même que nous relisons un même texte, ce n’est déjà plus la même lecture que nous en faisons. Non pas seulement parce qu’a changé notre expérience des choses auxquelles renvoient les mots. Mais parce que, au fil du temps, avec l’évolution conjointe de notre culture et de la langue qui la traduit, notre mode de lecture s’est déjà modifié. L’auteur lui-même qui se relit, quelques années après (et parfois plus tôt), ne perçoit plus son texte exactement comme il avait eu conscience de l’écrire : il y repère des intuitions dont il n’avait pas conscience en écrivant, il y observe des logiques nouvelles, il y constate les retentissements que l’époque a pu avoir sur lui à son insu… Il découvre qu’il n’a été que partiellement « l’auteur » de ce qu’il a écrit. On est traversé par l’écriture, on n’en est pas la source.

2) L’acte de lire n’est jamais l’absorption naïve — au premier degré — d’un contenu donné, dans un récipient vide que serait l’esprit du lecteur. Il y a toujours une interaction entre ce que nous propose le texte et ce que notre « capital textuel » va nous permettre d’en retirer (en le triant, en l’interprétant, en le « recréant » à l’aide de notre imaginaire, bref en le faisant « exister » originalement dans notre conscience). Bien loin d’absorber passivement, le lecteur filtre, réagit, examine, joue avec le texte : dès sa première lecture, il lit « au second degré ». Compte-tenu de la somme de savoirs qui est en nous, à la suite de tout ce que nous avons appris et lu par ailleurs (sans parler de ce que nous avons vécu), la lecture la plus spontanée d’un texte nouveau est toujours intertextuelle, toujours plus ou moins « critique ». Or, ces savoirs qui sont en nous ne se limitent pas à la littérature : ils recouvrent tout ce qu’on nomme « culture », tout ce qui forme l’imaginaire humain, tout ce qui nourrit nos capacités d’examen critique (connaissances historiques, sciences humaines, etc.). Ainsi, sur un texte donné, la lecture intertextuelle peut consister en une lecture informée par la psychanalyse, la sociologie, etc. L’exemple du mythe d’Œdipe est éloquent à ce sujet. On sait que Freud en a tiré le concept n°1 de sa théorie, le « complexe d’Œdipe ». Si on connaît un peu la psychanalyse, on va donc pouvoir lire la pièce de Sophocle Oedipe-Roi de façon totalement nouvelle par rapport à la lecture qui a pu en être faite jusqu’au XXe siècle. Idem pour Electre de Sophocle, idem pour le Hamlet de Shakespeare, idem pour Les Gommes d’Alain Robbe-Grillet, idem pour bien d’autres œuvres, dont la cohérence interne se trouve considérablement enrichie par une « lecture oedipienne », si l’on parvient bien sûr à trouver dans les textes suffisamment d’indices autorisant cette « lecture ».

3) Les perspectives précédentes ne signifient pas qu’on puisse lire et faire dire à un livre ou à un extrait n’importe quoi. Quels que soient notre abord du texte, notre « horizon d’attente » et nos hypothèses de lecture, il faut bien sûr que ce que nous croyons y reconnaître y soit présent, c’est à dire « lisible », (même si l’auteur n’en a pas eu conscience), et puisse être étayé par des faits ou par des repérages précis ; il faut surtout qu’aucun élément objectif du texte (structures, langue, thèmes, etc.) ne vienne contredire l’interprétation proposée. En règle générale, on constate que les grands textes de la littérature sont particulièrement concernés par la notion d’intertextualité : d’abord parce qu’ils ne naissent pas de génération spontanée (ils sont l’aboutissement de sources nombreuses qui ont fécondé le « génie » de l’auteur), et ensuite, parce qu’ils fécondent eux-mêmes de multiples œuvres qui vont s’y référer plus ou moins explicitement... si bien que les plus grands « textes fondateurs » sont aussi ceux qu’il nous est impossible de lire tels qu’ils ont été publiés, car on ne peut les aborder que l’esprit déjà façonné (voire encombré !) par tout ce qu’ils ont engendré comme imitations, références ou commentaires. Par exemple, le Don Quichotte de Cervantès, né lui-même d’une nostalgie distanciée et d’une réflexion critique sur les romans de chevalerie qu’il parodie, a eu une telle influence sur la littérature postérieure (on le qualifie souvent de « premier roman moderne ») qu’il se présente vraiment comme un carrefour d’intertextualité4. Idem pour un ouvrage comme Les Pensées, dont nous parlions ci-dessus, qu’il est impossible d’apprécier sans se référer aux grands auteurs dont Pascal s’est inspiré (Montaigne, Saint Augustin par exemple) ni aux écrivains qui, après lui, ont reconnu leur dette envers lui, qu’ils aient subi sa marque (comme Chateaubriand) ou se soient opposés à sa vision des choses (comme Voltaire)…



Du bon usage de l’intertextualité (dans un commentaire de texte)

Les considérations auxquelles conduit la notion d’intertextualité peuvent donner le vertige sur ce qu’est profondément la littérature vivante. On comprend qu’il serait hasardeux, dans les exercices d’explication scolaire, de pratiquer la « lecture intertextuelle » sans une grande maîtrise de l’histoire littéraire et des savoirs critiques. Quelques conseils sur la méthode à suivre s’avèrent donc nécessaires.

1) Avant tout, notamment à l’examen, il faut se pénétrer du texte. Tout le texte, rien que le texte, dans tout ce qu’il a d’objectif et d’explicite, concernant ce qu’il dit et la façon dont il le dit : voilà le premier travail à conduire méthodiquement, à l’aide des outils traditionnels d’explication que nous avons rappelés dans les articles précédents, en suggérant de mettre en relation le « je ressens » et le « je recense » (composition, nature du vocabulaire, champs lexicaux, figures de style, prosodie, effets visuels ou rythmiques, etc.). Il est vrai que dans cette première opération, des éléments intertextuels accompagnent immanquablement notre approche : ce que l’on « recense » nous renvoie forcément à des textes de même nature ou d’un même genre ; ce que l’on « ressent » nous rappelle des impressions similaires (examiner notre « horizon d’attente », c’est recenser des émotions que l’on croit spontanées alors qu’elles sont déjà pré-construites en nous par l’expérience de lectures antérieures !). Simplement, il faut savoir clairement ce que l’on fait, et se retenir devant des interprétations hâtives.

2) La seconde opération consiste à faire usage très consciemment de l’intertextualité au sens premier du terme, c’est-à-dire au sens strict, que nous avons aussi nommé « contextualité ».
L’examen du passage à commenter ayant été bien conduit, on peut alors sortir de sa « textualité » et tenir compte de connaissances externes, chercher en quoi elles éclairent le texte, ou du moins ajoutent des éléments d’explication. Deux niveaux de contextualité peuvent alors être définis :

a) Celui qui relève de l’œuvre de l’auteur lui-même

Le premier niveau consiste à situer l’extrait qu’on étudie (quelle est sa place, dans quel ouvrage, que peut-on en conclure) et à le mettre en relation avec d’autres passages de cet auteur (observés dans d’autres ouvrages le cas échéant). Ce principe, qui revient à expliquer l’auteur par lui-même, se justifie dans la mesure où un véritable écrivain n’élabore pas des textes isolés et partiels, mais construit d’ouvrage en ouvrage un univers dont toutes les parties s’éclairent mutuellement.


b) Celui qui relève des autres textes, contemporains ou antérieurs, qui ont influencé littéralement ou globalement l’œuvre en question.

Le second niveau consiste classiquement à repérer dans un texte les influences dont il est en partie le produit, qu’il s’agisse d’emprunts conscients (imitations, allusions, parodies) ou inconscients (réminiscences, reprises de motifs ou de formes, etc.). Recherche qui s’élargit très vite au contexte historique et culturel dans lequel l’œuvre a été écrite ou représentée (conditions d’élaboration, mouvement esthétique, avec ses ruptures et ses fidélités, etc.) : c’est ce contexte que les éditions universitaires retracent souvent de façon tout à fait satisfaisante.

3) La « lecture intertextuelle » au sens large peut alors être tentée, en se donnant très clairement quelques hypothèses de recherche : rapprochements thématiques d’ouvrages ou de passages d’époques très diverses (l’amour, la mort, la cité, l’exil, etc.), analyse des grands archétypes de l’humanité (notamment des scènes fondamentales comme la scène de la Tentation, des mythes qui se répètent sous diverses formes comme le mythe de Prométhée ou le mythe de Faust), schémas d’interprétation empruntés aux sciences humaines (psychanalyse, histoire, ethnologie, structuralisme, épistémologie). Le texte peut alors être mis en correspondance avec d’innombrables autres textes qui semblaient sans rapport apparent avec lui, laissant soudain apparaître en lui des logiques imprévues, des résonances nouvelles, des significations surprenantes.

La règle des règles, que l’intertextualité soit envisagée au sens strict ou au sens large, c’est d’éviter de ne voir dans un texte que la répétition de ce qu’on a trouvé dans d’autres. Que la « structure oedipienne », souvent présente dans une œuvre, ajoute une cohérence à un récit ou à une scène est une chose intéressante ; mais le risque demeure de réduire l’œuvre à ce schéma, au lieu de montrer combien elle l'enrichit ou le renouvelle5. Il faut éviter de banaliser, en faisant d’un extrait un doublet d’autres textes dont on le rapproche. Il y a toujours danger de remplacer une explication par une énumération de références qui montrent la culture du commentateur, mais ne rendent pas compte de la valeur spécifique du texte à commenter. S’il est bon de reconnaître ce qui est répétitif d’une œuvre à l’autre, dans les idées ou dans la forme, il faut très vite éliminer le banal pour mettre en relief l’original. Ne repérer des traits communs que pour faire ressortir des combinaisons spécifiques. En un mot : ne re-connaître que pour connaître du nouveau.




Deux exemples pris dans Baudelaire


1) L’intertextualité au sens strict (ou « contextualité »)

Soit le poème « A une Passante », qui figure dans la seconde partie des Fleurs du Mal (édition de 1861).
Voici le texte de ce célèbre sonnet :

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair… puis la nuit ! – Fugitive beauté
Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?

Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais !



Supposons maintenant que le commentaire de ce texte, donné sans autre précision à un examen, ait été achevé. Le candidat a rendu sa copie. Il veut en savoir plus, en examinant la « contextualité » de ce poème.

A) Pour commencer, il va chercher en quoi Baudelaire explique Baudelaire. Voici quelques informations qu’il peut trouver :

1) Ce texte figure dans la partie des Fleurs du Mal intitulée « Tableaux Parisiens », ce qui peut être une piste de lecture (le texte comme croquis parisien).
2) Il y a des variantes, comme celle du dixième vers : le poète, avant d’écrire « m’a fait soudainement renaître », avait écrit « m’a fait souvenir et renaître » (ce qui rattache le texte au thème de la vie antérieure).
3) Dans le poème en prose Les Veuves, on trouve une évocation proche : « C’était une femme grande, majestueuse, et si noble dans tout son air […] Son visage triste et amaigri, était en parfaite concordance avec le grand deuil dont elle était revêtue. » Mêmes traces textuelles dans le poème en prose Le Désir de peindre : « Je brûle de peindre celle qui m’est apparue si rarement et qui a fui si vite […]. En elle, le noir abonde […] , et son regard illumine comme l’éclair : c’est une explosion dans les ténèbres. »
4) Bien entendu, le thème de l’idéalisation de la femme, dans l’ensemble des poèmes de Baudelaire, ne manque pas d’entrer en résonance avec ce texte en particulier et d’en enrichir l’interprétation.

B) L’observation du contexte culturel — les œuvres contemporaines ou antérieures — pourra être aussi une précieuse source. Ainsi, dans l’un de ses contes recueillis sous le titre Champavert (1832), Petrus Borel écrit à propos d’une femme qui vous apparaît comme une illumination : « Pour moi, cette pensée qu’on ne reverra jamais cet éclair qui nous a éblouis, […], que deux existences faites l’une pour l’autre, pour être adorées, pour être heureuses ensemble en cette vie et dans l’éternité, sont à jamais écartées, […] – pour moi, cette pensée est profondément douloureuse. » Plus étrangement encore, Gérard de Nerval publie la même année un recueil d’Odelettes, dont l’une, intitulée « Une allée du Luxembourg », traite le même sujet dans une tonalité assez différente mais avec des expressions fort proches ; la voici :

Elle a passé, la jeune fille,
Vive et preste comme un oiseau :
À la main une fleur qui brille,
À la bouche un refrain nouveau.

C’est peut-être la seule au monde
Dont le cœur au mien répondrait,
Qui, venant dans ma nuit profonde,
D’un seul regard l’éclaircirait !

Mais non, - ma jeunesse est finie…
Adieu, doux rayon qui m’a lui, -
Parfum, jeune fille, harmonie…
Le bonheur passait, - il a fui !


S’il est à peu près sûr que Baudelaire connaissait ces deux textes, n’allons pas crier au plagiat. Il s’agit avant tout d’une même source d’inspiration romantique (et humaine). Ce que permet le recours à l’intertextualité, c’est — en rapprochant ces textes — de montrer l’originalité de chacun. Sur un même thème, une page ou une poésie réussie n’influence pas seulement en suscitant l’envie de l’imiter, mais aussi en donnant le désir de s’en différencier.

C) Après avoir examiné ces sources, le candidat à l’explication peut naturellement passer à la lecture intertextuelle au sens large, et comparer les scènes de rencontres, les récits d’illuminations ou de coups de foudre, aussi bien dans la littérature postérieure, romantique ou non (par exemple la « première apparition » de Madame Arnoult aux yeux de Frédéric, dans l’Éducation sentimentale de Flaubert), que dans le cinéma, etc.

2/ L’intertextualité au sens large (la lecture intertextuelle)

Prenons maintenant, toujours dans Les Fleurs du Mal, le poème « Spleen » n°78.
Sur le premier niveau d’intertextualité, celui qui permet de comprendre Baudelaire par Baudelaire, on notera que plusieurs poèmes ont ce même titre (la notion de « spleen » est donc dès le début intertextuelle !), que ces poèmes dans la première partie du recueil suivent ceux qui illustrent « l’Idéal » (et donc, le spleen doit s’expliquer comme une chute, une désillusion qui suit nécessairement tout mouvement vers l’Idéal), que l’auteur a intitulé son recueil de poèmes en prose Le Spleen de Paris , ce qui autorise le commentaire (savant) à de multiples rapprochements intertextuels…
Mais la lecture intertextuelle va vite nous conduire à élargir la question du « spleen » au traitement général de l’ennui et du mal être chez d’autres écrivains du XIXe siècle : en particulier, on étudiera le « spleen » comme une sorte de nouveau « mal du siècle ». De là, opérant une recherche sur l’expression du « vague à l’âme » dans la littérature antérieure, il sera fructueux de trouver des précurseurs à Baudelaire au début du XVIIe siècle, voire au XVIe. Mais les auteurs classiques s’étant eux-mêmes inspirés des poètes de l’antiquité (les latins avaient l’expression « tædium vitae » pour désigner le dégoût de vivre), nous voici renvoyés à la poésie du chagrin dans la littérature occidentale (qui comprend aussi des textes religieux, comme la parole du Christ : « Mon âme est triste à en mourir. »)… Tout cela n’est pas indispensable pour comprendre le poème de Baudelaire, bien sûr, mais permet de lui donner un éclairage complémentaire, de circonscrire son originalité propre, et aussi de cerner les constantes du « mal de vivre » chez les hommes.
Rien ne nous empêche alors de parcourir les siècles dans l’autre sens, vers l’aval, et de chercher dans notre modernité des échos du « spleen » baudelairiens, en le mettant par exemple en rapport avec la « nausée » sartrienne ou « le sentiment de l’absurde » chez Camus, sans parler des multiples expressions du désespoir dans la littérature du XXe siècle.
Ces considérations sont sans limites. C’est la richesse de l’intertextualité. Cette richesse, cependant, ne doit pas faire oublier les dérives possibles que nous avons signalées plus haut, — le principal danger étant de remplacer l’étude du texte (qui doit demeurer première) par l’exploration de tout ce qui peut s’en rapprocher, autour, avant, ou après.

Bruno Hongre (2004).


NOTES


1) Racine dit clairement dans la préface de Phèdre qu’il a pris son sujet chez Euripide et qu’il a dû lui apporter quelques modifications, mais il précise : « Je n’ai pas manqué d’enrichir ma pièce de tout ce qui m’a paru éclatant dans la sienne. » Ainsi, nos auteurs classiques se glorifient de leurs emprunts et s’excusent de leur invention !

2) A ce sujet, je me permets de renvoyer au commentaire d’environ 1200 expressions et citations que j’ai rassemblées dans un livre récent : Réviser vos Références culturelles (Ellipses, Paris, 2003). Ce sont pour ainsi dire 1200 exemples d’intertextualité !

3) En ce qui concerne le simple usage des mots, bien entendu, il ne suffit pas que deux auteurs à peu près contemporains emploient de nombreux termes identiques pour en conclure que l’un a influencé l’autre. Car au niveau du pur vocabulaire, les écrivains puisent le plus souvent dans le même corpus, qu’il s’agisse du langage de leur époque (l’âge classique), d’une mode provisoire (le courant précieux) ou d’un genre codé (par exemple, la langue soutenue de la tragédie). C’est en faisant cette confusion que de récents chercheurs ont voulu attribuer à Corneille les œuvres de Molière !!!

4) Voir à ce sujet la façon dont Jacques Brel s’est emparé du mythe de Don Quijote

5) On peut faire la même remarque à propos du « schéma actantiel », en narratologie : il permet d’éclairer toute forme de narration, mais il ne suffit pas à montrer l’originalité de tel ou tel récit. Il ne faut donc pas en faire un outil « passe-partout ».

Bruno Hongre ©2004


                                                                        Illustration : Emilio Danero

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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 22:00
Emilio DaneroLe vocabulaire essentiel (5)

Voici la fin du vocabulaire essentiel qui répertorie les mots de la lettre Q à la lettre Z.


 

Q

qu'en-dira-t-on : Je comprends qu’il puisse se moquer du qu'en-dira-t-on (opinion générale des autres sur la conduite de quelqu'un).
quiétude : Pour étudier mes examens, je dois travailler en toute quiétude (tranquillité).
quintessence : Les films italiens représentent pour moi la quintessence de l'art cinématographique (ce qu'il y a de plus pur, d’essentiel, de meilleur).
quolibet : Il s’est enfui sous les quolibets de ses condisciples (moquerie).
quote-part : N’oublie pas que chaque membre du club doit payer sa quote-part (part d'une somme que l'on doit payer ou recevoir).

 

R

radical : Tu seras vite guéri, car c’est un remède radical ( qui agit en profondeur ; essentiel, fondamental).
radicalisme : Le radicalisme des partis politiques extrémistes m’est insupportable (intransigeance absolue).
rallier : Notre association compte rallier tous les adversaires de la violence (rassembler des personnes autour d'une cause commune ; rejoindre un groupe, un parti).
raréfaction : Les alpinistes souffrent de la raréfaction de l'air (fait de se raréfier, de devenir de plus en plus rare).
rassis : C’est un homme de sens rassis (pondéré, réfléchi).
ratifier : Le conseil des ministres a ratifié le traité de paix (approuver officiellement, valider).
rationalisation : La rationalisation de l'agriculture a permis de doubler la production de céréales (action qui consiste à rendre une organisation plus efficace).
rationalisme : Le rationalisme s'oppose à la superstition (doctrine qui rejette tout ce qui n'est pas conforme à la raison, qui n’accepte de croire que ce qui est démontré).
rationnel : Une pensée rationnelle doit, me semble-t-il, s’allier à une part d’irréalisme (conforme à la raison, à la logique).
réactionnaire : L'esprit réactionnaire est conservateur (qui s'oppose au progrès social, à l’évolution des idées et des institutions).
rebattu : Cet argument est rebattu, car nous l'avons trop souvent entendu (très banal, qui a été très souvent répété).
rebours (à) : Tu n’as plus que vingt secondes pour quitter les lieux, car le compte à rebours a commencé (en sens inverse).
récalcitrant : Les élèves récalcitrants ont été punis (qui résiste avec entêtement, qui est rebelle aux injonctions).
récapitulatif (adjectif ou nom) : Ce graphique récapitulatif te permettra de clarifier la situation (qui sert à répéter en énumérant les points principaux).
recenser : Recensons les volontaires avant de nous lancer dans cette entreprise (dénombrer, inventorier) !
récession : Quand la récession devient sévère, on parle de crise (fléchissement de l'activité économique).
récidiver : Comment empêcher les délinquants de récidiver (commettre à nouveau une infraction) ?
reclus : Son esprit est peu ouvert aux autres, car il a mené une existence recluse (isolé, renfermé).
recouvrer : Il était temps qu’il recouvre la raison, car je commençais à m’inquiéter (récupérer).
récrimination : J'en ai assez de vos récriminations (reproche) !
recrudescence : La recrudescence des combats l’a profondément perturbé (reprise soudaine).
rectitude : J’apprécie ce professeur, car il est d'une rectitude exemplaire (droiture morale et intellectuelle).
récurrence : On peut observer une récurrence du thème de l’amour dans la poésie romantique (répétition fréquente d'un phénomène).
récuser : J’ai décidé de recuser ce témoignage qui me semble peu crédible (refuser d'admettre, repousser ; refuser d’accepter quelqu’un comme juge, expert, juré, arbitre ou témoin).
rédempteur : Certaines personnes estiment que la souffrance peut être rédemptrice (qui sauve, qui rachète, c’est-à-dire qui relève d’une déchéance morale ou remet sur le droit chemin).
rédhibitoire : Sa faiblesse rédhibitoire en mathématique lui fermera les portes d’un enseignement trop scientifique (qui constitue un obstacle, un empêchement radical à la réalisation de quelque chose).
réfection : La réfection du château en ruines attirera de nouveaux visiteurs (action de remettre à neuf).
référendum : Par un référendum, le personnel de l'entreprise s'est prononcé en faveur du plan de sauvetage de celle-ci (consultation générale sur une question précise à laquelle il faut répondre par oui ou par non).
référer : Le mot « centaure » réfère à une réalité imaginaire (faire référence à).
référer (en … à) : J’en référerai au directeur s’il le faut (en appeler à une autorité supérieure en vue d’une décision).
référer (se … à) : Si tu veux réaliser une bonne dissertation, je te conseille de te référer au Petit Robert (recourir à l’autorité d’une personne ou d’un texte, prendre comme référence).
refoulement :
1) sens psychologique : Il ne profite jamais de la vie, car il refoule constamment ses désirs (action qui empêche consciemment certains désirs de s’exprimer).
2) sens psychanalytique : phénomène inconscient de défense par lequel le moi rejette une pulsion (sexuelle, agressive...) ; c’est le surmoi qui, déclenchant le mécanisme de la « censure », suscite le refoulement.
réfractaire : L’anarchiste est réfractaire à toute forme d’autorité (qui résiste, qui refuse de se soumettre, qui est rebelle).
refréner : Il était temps que tu refrénes ta colère (mettre un frein, contenir psychologiquement).
réfuter : Je n'aurai pas de mal à réfuter votre objection qui me semble peu sérieuse (démontrer la fausseté).
régénérer : Il voudrait régénérer la société qu’il juge décadente (reconstituer, faire renaître quelqu’un ou quelque chose en lui faisant retrouver ses qualités premières).
régir : Afin d’éviter des abus, des règles bien précises régissent les relations commerciales (gouverner, fixer l’organisation).
régression : La régression de la production économique risque de déstabiliser notre pays (diminution, recul).
réhabiliter : Il faudra réhabiliter la mémoire de cet écrivain qui mérite d’être redécouvert (rétablir l’importance ou les droits de quelqu’un).
réitérer : Tu devras réitérer ta demande, car ils oublient facilement les choses (répéter, renouveler).
reliquat : Vous devez me payer le reliquat de la somme que vous avez commencé à me payer il y a un mois (ce qui reste à payer).
réminiscence : Tu devras patienter, car mes réminiscences du passé sont rares (souvenir imprécis).
rémission : Les hostilités entre ces deux pays n’ont malheureusement connu qu’une courte rémission (accalmie provisoire d’un mal ; période de calme, apaisement momentané).
renchérir sur :
1) Nous étions tous étonnés qu’il ait renchéri sur l’offre de son voisin (faire une enchère supérieure)
2) Il a renchéri sur ce thème qui avait déjà été développé l’année passée (aller encore plus loin que, en actions ou en paroles).
renégat : C’est un renégat, car il a révélé le secret que son ami lui avait confié (personne qui renie sa religion ; personne qui renie ses engagements, traître).
répréhensible : Voler une vieille femme sans ressources est un acte que j’estime répréhensible (qui mérite d'être réprimandé).
répression : La répression de la violence aux États-Unis est une oeuvre de longue haleine (action d'empêcher ou de punir les comportements illicites ; fait d’étouffer violemment un mouvement collectif de révolte ou de protestation).
réprobation : Il a encouru la réprobation de son chef, car il était souvent en retard à son travail (blâme sévère).
répudier : Heureusement qu’il a répudié les sentiments xénophobes qu’il éprouvait dans sa jeunesse (rejeter, repousser ; renvoyer son épouse en rompant le mariage).
requête : Je présenterai une requête aux autorités communales afin qu’elles luttent davantage contre le banditisme (demande adressée à une autorité).
réquisition : L’occupant allemand a exigé la réquisition de ce bâtiment scolaire (procédure juridique qui autorise une administration à exiger d’un individu la prestation d’un service ou la cession d’un bien).
réquisitoire : Son discours était un réquisitoire violent contre la presse qui manipule les gens (texte ou discours par lequel on accuse quelqu’un ou on dénonce les imperfections de quelque chose ; plaidoierie accusatrice).
résignation : Après de nombreux mois de combat contre sa maladie, il s’est abandonné à la résignation (fait d’accepter sans protester, tendance à soumettre).
résilier : Lorsqu’il apprit qu’il avait perdu tout son argent dans une faillite, il résilia le contrat (mettre fin à un accord).
résorber : Il faudra, cette année, résorber le déficit de l’entreprise si nous voulons la développer dans le futur (faire disparaître progressivement).
respectabilité : Vous m’avez fait du tort, car vos calomnies ont nui à ma respectabilité (qualité d’une personne qui mérite le respect).
respectif : Que chacun conserve sa place respective (qui concerne chaque personne ou chaque chose, par rapport — ou par différence — aux autres).
ressentiment : Il éprouve du ressentiment envers cette personne qui l’a trahi (rancune, rancœur).
restrictif : Je suis scandalisé, car le contrat de location de l’immeuble possède une clause restrictive à l’égard de certains étrangers (qui restreint, qui limite la portée de quelque chose).
rétif : D’abord rétif, il s’est ensuite montré enthousiaste pour mon nouveau projet (indocile, qui résiste, difficile à persuader).
rétorquer : Je lui ai rétorqué qu’il se trompait, mais cela ne l’a pas convaincu (objecter, répliquer).
rétorsion : La communauté européenne a pris des mesures de rétorsion à l’égard de ce pays qui avait augmenté le prix de la bière à l’exportation (réponse analogue à un mauvais procédé, représailles).
rétractation : La rétractation de son engagement nous a fortement déçus (fait de désavouer ce qu’on a fait ou dit).
rétroactif : Méfie-toi, car cette loi pourrait avoir un effet rétroactif (qui exerce une action sur le passé).
rétrocéder : Je ne désire pas lui rétrocéder le terrain qu’il m’avait offert, car sa situation est exceptionnelle (rendre à quelqu’un ce qu’on a reçu de lui).
rétrograde : Tu ne pourras le convaincre de l’intérêt de ta réforme, car il a un esprit rétrograde (opposé au progrès).
rétrospectif : L’oeuvre de ce peintre mérite qu’on en fasse une étude rétrospective (qui concerne le passé).
rétrospective : J’ai eu l’occasion de voir une exposition fabuleuse qui était la rétrospective artistique du siècle dernier (exposition qui présente un récapitulatif des oeuvres d’un auteur ou d’une école, documentaire qui présente un bilan chronologique d’événements).
revêche : Il m’est difficile de la côtoyer, car elle est d’une humeur revêche (qui est d’un abord difficile, qui manifeste un mauvais caractère, rébarbatif).
révérer : Tout ce que les personnes plus âgées ont révéré est parfois méprisé par les jeunes (traiter avec grand respect, honorer une personne, vénérer une réalité sacrée).
réversible : Certains regretteront que le temps n’est pas réversible (qui peut s’inverser, c’est-à-dire se produire dans un sens comme dans l’autre sens) !
réviser : Ce procès a dû être révisé, car il contenait des failles juridiques (revoir, examiner de nouveau).
révolu : L’époque de la machine à écrire est révolue depuis que l’ordinateur a été inventé (qui a achevé son temps ou qui a totalement disparu).
révoquer : Ce fonctionnaire a été révoqué, car il était incompétent (destituer une personne d’une fonction ou d’une charge ; déclarer nul).
rigorisme : Votre rigorisme témoigne d’un manque d’ouverture évident (attachement rigoureux, souvent excessif, aux règles morales ou religieuses).
rocambolesque : Son aventure ne me semble pas crédible, car elle est tellement rocambolesque (se dit d'un récit riche en péripéties spectaculaires, en rebondissements inattendus et invraisemblable).
rococo (nom et adjectif) :
1) Le style rococo est apparenté au baroque (nom : style du XVIIIème siècle qui se caratérise par la profusion de l’ornementation).
2) Cette horloge vieillotte me semblait rococo (adjectif : tarabiscoté, ridiculement compliqué, démodé).
roturier : Certains nobles n’aiment pas se trouver en compagnie de roturiers (personne qui n'est pas noble).
rouerie : Je me méfie de cette femme, car elle agit toujours avec rouerie (action pleine de ruse, de dissimulation).
rudiments : Cet étudiant a des difficultés en français, car il n'a que des rudiments de grammaire (notions élémentaires).
rustique : Ses manières rustiques n’ont pas plu à la femme qu’il a rencontrée (très simple et peu raffiné ; qui se rapporte à la campagne).

 

S

sacerdoce : Certains considèrent le métier de professeur comme un véritable sacerdoce (fonction qui présente un caractère fort respectable et quasi religieux en raison du dévouement et de l’abnégation qu’elle exige).
sacraliser : La publicité sacralise la voiture qui devient parfois un véritable mythe (conférer une valeur sacrée à).
sagacité : La sagacité de son analyse m’a profondément impressionné (perspicacité, clairvoyance).
salubre : Le climat des pays chauds est peu salubre (sain, favorable à la santé).
saper : Certains jeunes veulent saper l'autorité des parents (détruire les bases d'une réalité physique ou morale).
sarcasme : Vos sarcasmes m'exaspèrent (moquerie ironique ou insultante).
satellite : On a parfois l’impression que certains pays sont considérés comme des pays satellites par les USA (se dit d'un pays ou de personnages qui dépendent d'autres, plus puissants).
satiété : Il n’en pouvait plus, car il avait atteint la satiété (état d'une personne dont la faim ou le désir sont amplement rassasiés).
saturer: Nous aurons un bouchon, car l’autoroute est saturée (remplir à l’excès).
satyre : Les jeunes filles ne devraient pas aller se promener dans ce bois, car la police y a signalé l’existence d’un satyre (homme lubrique qui poursuit les femmes de ses désirs obscènes, exhibitionniste).
scabreux : Depuis que la majorité des employés sont partis, la situation me semble assez sacbreuse ; la jeune fille est choquée, car il lui tient des propos sacabreux (difficile, risqué ; inconvenant, qui choque la décence).
scatologique : Ses plaisanteries scatologiques ne m’amusent pas (qui évoque les excréments).
scélérat (nom et adjectif) :
1) nom : Cet homme est un scélérat ! (personne qui a commis ou est capable de commettre des crimes ; personne qui fait des actions condamnables ;fripon).
2) adjectif : Ses actions scélérates ont choqué les gens (infâme).
scepticisme :
1) sens philosophique : La philosophie de Descartes, liée au « doute méthodique », était empreinte de scepticisme (doctrine selon laquelle l’esprit humain ne peut parvenir à aucune vérité générale. Tout pouvant être mis en doute, il faut s’abstenir de juger).
2) sens courant : Ton projet me plonge dans un profond scepticisme, car il me semble trop gigantesque (attitude d’incrédulité et de défiance).
schème : Les schèmes de ce peintre sont difficiles à cerner dans le dernier tableau qu’il vient d’exécuter (forme ou structure d’ensemble d’un processus, d’un objet, d’une action, telle qu’elle est perçue ou imaginée par l’esprit humain).
sciemment : Je ne comprends pas pourquoi il lui a fait du mal sciemment (volontairement).
scission : Le parti vit une situation difficile, car il a subi une scission (action de se scinder, de se diviser).
sclérose : Tu ne le convaincras pas de ton projet pourtant génial, car son esprit est complètement sclérosé (incapacité d’évoluer et de s’adapter, manque de souplesse, vieillissement).
scorie : Je suis étonné que l’on ait attribué un prix à ce roman qui est, en fait, encombré de scories (déchet, sous-produit, partie médiocre ou mauvaise).
sectaire : Son attitude sectaire témoigne de son intolérance (qui refuse toutes les idées différentes des siennes).
séculaire : Chaque année, le village, attaché à ses coutumes séculaires, est en fête (qui existe depuis un ou plusieurs siècles).
sécularisation : Le fait que le prêtre porte un habit proche de celui des autres hommes est un indice de sécularisation (passage à l’état laïque, non religieux).
sédentaire (adjectif et nom) : Il ne t’accompagnera pas en voyage, car c’est un sédentaire (qui ne se déplace pas, qui reste attaché à son lieu d'habitation).
sédition : Je fus frappé pas la violence de la sédition (soulèvement, révolte contre l’autorité).
ségrégation : Je fus toujours scandalisé par la ségrégation entre les blancs et les populations de couleur (séparation méthodique des personnes sur base de leurs différences).
sempiternel : Tes plaintes sempiternelles commencent à m’agacer (qui se répète indéfiniment).
séquence :
1) Le premier parcours que nous avons étudié en classe comprend plusieurs séquences (suite ordonnée d’éléments).
2) au cinéma : Un plan-séquence est une séquence assez longue constituée d’un seul plan, filmé en continu par la caméra (suite de plans dont l’ensemble constitue une scène ayant son unité).
sertir : Cette dissertation est sertie de brillantes citations (enchâsser une pierre précieuse dans une monture ; insérer).
servile : Son obéissance servile témoigne de son manque de personnalité (qui manifeste une soumission excessive).
servitude : Le peuple est réduit à une servitude scandaleuse (état de dépendance extrême, soumission ; contrainte).
sexisme : Imaginer que toutes les femmes sont plus superficielles que les hommes, c’est faire preuve d’un sexisme incroyable (discrimination basée sur le sexe).
sibyllin : Je ne comprends guère ses propos sibyllins (mystérieux, énigmatique, hermétique).
sidérer : Je suis sidéré par l’annonce du décès de ce jeune homme (frapper de stupeur, abasourdir).
sied à (du verbe « seoir ») : Vous êtes superbe, car cette robe sied parfaitement à votre silhouette (convient à).
simulacre : Ce procès m’a scandalisé, car il n’était qu’un simulacre (manifestation qui n’a que l’apparence de la réalité qu’elle voudrait être, apparence trompeuse, faux-semblant).
sine qua non : Mon départ de la présidence ne sera possible qu’à la condition sine qua non que vous retiriez vos chars (indispensable).
sinécure : Il croyait que la profession d’enseignant était une sinécure (situation confortable et sans souci ; emploi bien payé et peu exigeant) !
solde (être à la — de : nom féminin) : Il est à la solde d’un individu peu scrupuleux qui le manipule (être payé ou acheté par quelqu’un pour accomplir de basses besognes).
solde (non masculin) : Tu devras me régler bientôt le solde de ta facture (reliquat d’un compte).
solliciter :
1) Il est parfois difficile de résiter aux publicités qui nous sollicitent sans cesse (inciter, stimuler, pousser à).
2) J’ai malheureusement oublié de te solliciter au sujet de la décision que nous avons dû prendre (faire appel à quelqu’un).
sollicitude : Ne crains rien, car il veillera sur toi avec sollicitude (attitude attentive et affectueuse envers une personne).
sommaire (adjectif et nom) : Ses connaissances sommaires ne l’aideront pas à réussir (qui est brièvement résumé ; qui est réduit à sa forme la plus simple ; résumé, table des matières).
sommer : Je vous somme de me répondre sans délai, si vous ne désirez pas avoir de problèmes (ordonner avec vigueur).
sonder : Un tiers des personnes sondées se déclare favorable à la suppression des repas chauds (chercher à connaître les intentions ou les opinions de).
sophisme : Les sophismes sont généralement destinés à tromper le public (raisonnement apparemment logique, mais qui est faux).
sophistiqué : Ton style manque de simplicité, car il est trop sophistiqué (alambiqué, compliqué, recherché ; artificiel, affecté).
soporifique : Cet exposé soporifique m’a profondément déçu (ennuyeux, qui plonge dans le sommeil).
souffrir : La règle concernant l’interdiction de fumer dans ce restaurant ne souffre aucune exception (supporter, tolérer, admettre).
spartiate : Nous étions tous étonnés, car il menait une vie spartiate (sévère et rigoureux comme les coutumes de Sparte).
spécieux :Ton raisonnement spécieux ne risque pas d’être entendu (fallacieux, trompeur).
spectre : Il est incroyable de constater que le spectre de la famine soit toujours présent à notre époque (idée effrayante, réalité menaçante).
spéculation :
1) Tu ne dois pas trop te fier à ces spéculations qui ne sont basées sur aucune donnée réelle (étude abstraite, recherche théorique)
2) Ce terrain a fait l’objet d’une spéculation immobilière (opération qui consiste à acheter puis revendre pour faire des bénéfices).
spolier : Un notaire véreux a spolié mon cousin de sa part d’héritage (dépouiller quelqu’un d’un bien qui lui revient).
sporadique : Ce ne sont que des grèves sporadiques (qui existe çà et là ; qui se produit de temps à autre, irrégulier).
standardisation : La standardisation des pictogrammes a favorisé leur utilisation massive (reproduction d’un modèle type ; uniformisation des modes de vie et de pensée).
statut :
1) Il pourra rester dans notre pays, car il a un statut de réfugié politique (ensemble de lois qui fixent les droits d’une personne).
2) Le statut de l’enfant devrait être revalorisé lorsque l’on observe la façon dont il est parfois exploité dans certains pays (situation de fait d’une personne ou d’une catégorie).
stigmatiser : L’auteur a stigmatisé la publicité qui crée des besoins artificiels (condamner, blâmer).
stipuler : Les consignes de l’examen stipulent, entre autre choses, que vous pouvez utiliser le vérificateur orthographique (spécifier ; énoncer une condition précise dans un contrat).
stoïcisme :
1) La devise du stoïcisme est « supporte et abstiens-toi »(philosophie grecque de Zénon —340-263 avant J.-C. — selon laquelle le bonheur est dans la vertu et qui professe le détachement par rapport aux désirs et aux douleurs).
2) On peut le féliciter, car il a fait preuve de stoïcisme (courage devant le mal et les malheurs).
structuralisme : Le structuralisme en littérature considère que chaque oeuvre est composée de diverses parties qui ont des liens entre elles (théorie considérant que l’objet d’étude de chaque science humaine est une structure c’est-à-dire un ensemble ou un système composé de différentes réalités ayant des rapports entre elles).
styliser : Le sculpteur a stylisé le modèle qu’il avait devant lui (représenter la réalité de façon simplifiée).
subalterne : Il était déçu, car il avait un rôle subalterne dans le spectacle (secondaire, hiérarchiquement inférieur).
subconscient : L’inconscient, à la différence du subconscient, est inaccessible à la conscience (zone psychique à laquelle on peut accéder par un effort d’introspection).
subjectif : Nous savons tous que les goûts sont subjectifs (personnel, qui varie selon les individus).
subjuguer : L’orateur a subjugué le public avec un sujet passionnant (charmer, envoûter).
sublimation : Les conduites humanitaires sont des formes de sublimation (transformation de certaines pulsions en aspirations à des valeurs morales ou sociales).
subodorer : Je subodore, à travers cette attitude soi-disant généreuse, une perfide manœuvre (deviner, pressentir).
subordination : C’était un fonctionnaire tellement orgueilleux qu’il ne supportait pas son état de subordination à l’égard de son supérieur (le fait d’être soumis à l’autorité de quelqu’un).
subrepticement : Certains n’ont pas apprécié qu’il ait agi subrepticement (par surprise, d’une manière dissimulée).
subsidiaire : Les organisateurs de concours ajoutent souvent une question subsidiaire afin d’être assurés de ne pas avoir trop de gagnants (complémentaire) !
substitut : Ce produit n’ est pas très bon, car il n’est qu’un substitut du champagne (produit de remplacement).
substrat : La notion d’altérité est pour certains philosophes le substrat de leur idéologie (fondement, base).
subversif : Un discours subversif (qui est de nature à renverser l'ordre établi, qui est susceptible de menacer les valeurs reçues).
succédané : Ces romans-photos ne sont que de vulgaires succédanés de films (produit de remplacement, au sens péjoratif).
succinct : Je vous demande une description succincte des faits plutôt qu’un long discours (bref, concis).
suggestif :
1) Sa mimique suggestive m’a fait comprendre son dégoût pour certains films trop commerciaux (qui suggère parfaitement ce qu’il évoque).
2) Sa tenue suggestive ne plaisait guère à sa mère (qui suggère des idées ou des représentations érotiques).
sujétion : Ce dictateur maintenait son peuple dans la sujétion (état de soumission ou de contrainte).
summum : Il peut être heureux, car il est au summum de la gloire (sommet).
superfétatoire : Il est préférable que tu te taises, car tes précisions sont superfétatoires (superflu, inutile).
superstructure :
1) La superstructure d’un bâtiment me semble assez bien conçue (partie supérieure d’une construction, située au-dessus du niveau du sol).
2) Sens philosophique (dans le vocabulaire marxiste) : Pour les marxistes, la superstructure est produite par la réalité économique (ensemble des institutions — politiques, juridiques et culturelles — et des idéologies — doctrines philosphiques, religions, culture dominante — qui sont déterminées par les structures économiques et les rapports de production (c’est-à-dire l’infrastructure).
supplanter : Il a utilisé une manoeuvre habile, destinée à supplanter les concurrents (prendre la place de, remplacer).
supputer : Supputer le coût de ce spectacle est une démarche essentielle avant de commencer les répétitions (évaluer).
suranné : Ses robes surannées ne la mettent pas en valeur (démodé, archaïque).
surenchère : Les politiciens aiment faire de la surenchère en période électorale (proposition ou promesse qui dépasse largement celles des concurrents, fait d’aller encore plus loin en actions ou en paroles).
surmoi : Le Surmoi censure les pulsions qui nous semblent néfastes et convertit les autres en aspirations légitimes, par sublimation (en psychanalyse, ensemble des interdits moraux qui règnent sur l’individu).
sustenter (se) : N’oubliez pas de vous sustenter avant de partir à l’école (se nourrir).
symbiose : Il était touchant d’ observer les membres de cette famille qui vivaient en symbiose (étroite union entre personnes, entre groupes).
symptomatique : Son caractère me semblait symptomatique, car il pensait déjà à ses vacances alors qu’il venait d’être engagé (révélateur).
synergie : Si nous voulons que les choses progressent, il faudra créer une synergie des moyens politiques et économiques (action coordonnée de plusieurs éléments).
synopsis : Le synopsis du projet nous permet de voir plus clair (bref résumé au cinéma, vue d’ensemble).

 

T

tacite : Cet accord tacite ne sera pas suffisant (implicite, sous-entendu).
taciturne : C’est un personnage taciturne, mais d’une remarquable intelligence (qui parle peu, sombre, morose).
tangible : Voici enfin un résultat tangible (évident, bien réel).
tare : Sa gourmandise est une vraie tare (défaut héréditaire, imperfection grave).
targuer (se) : Il se targue d’écrire un roman en trois jours (se vanter).
taxinomie : Je suis sans voix face à l’obsession taxinomique de ce botaniste (science de la classification)
tempérance : La tempérance vous interdit de consommer des boissons alcoolisées si vous conduisez (modération).
temporiser : Au lieu de prendre une décision ferme, il temporise (retarder une décision).
tendancieux : Votre version des événements me semble tendancieuse (qui tente d'influencer le destinataire dans le sens des idées ou du parti pris de l’auteur ).
ténu : Je regrette de devoir vous dire que vos chances de réussite sont ténues (très mince).
tergiverser : Ne sachant quel projet accepter, il tergiverse (hésiter, prendre des détours pour masquer son indécision).
terroir : Les coutumes du terroir devraient être préservées (région rurale).
théocratie : Certains pays musulmans appliquent la théocratie (système politique dans lequel le pouvoir est exercé par des chefs religieux ou par un souverain dont l’autorité se présente comme émanant directement de Dieu).
théologie : Rares sont les étudiants qui entament des études de théologie (ensemble des études centrées sur Dieu, les textes sacrés, les dogmes et les traditions religieuses ; conception élaborée par tel ou tel théologien).
thérapeute : Le médecin est un thérapeute (personne qui soigne les malades).
thérapeutique : La thérapeutique est parfois encore impuissante face au cancer (science qui étudie les remèdes).
thérapie : Tous les six mois, ce malade suit courageusement une thérapie (ensemble de soins, traitement médical).
thésauriser : Il ne dépense rien : il thésaurise (amasser de l’argent sans le placer ou le faire circuler).
timoré : Son comportement timoré ne l’aidera pas à rencontrer les autres (excessivement craintif).
titanesque : Son travail titanesque fut admiré (gigantesque, colossal).
toiser : La manière dont il toisa son adversaire m’écoeura (regarder avec mépris).
tollé : Cette décision prise sans consultation du personnel a provoqué un tollé (protestation collective).
totalitaire :
1) De nombreux pays communistes étaient totalitaires (se dit d’un régime politique qui prétend organiser et gouverner la totalité de la vie des citoyens).
2) Une pensée totalitaire est souvent à l’origine d’un régime totalitaire (se dit d’une philosophie, d’une religion, d’une doctrine politique qui croit détenir la clef idéale de la vie de l’homme en société).
totalitarisme : La peur de l’opposition a renforcé le totalitarisme de certaines dictatures (caractère d’un régime qui prétend gouverner la totalité de la vie des citoyens ; caractère d’une philosophie ou d’une idéologie qui prétend produire une société qui fera le bien total de l’homme).
tragique : Nos journaux télévisés sont truffés d’événements tragiques (qui présente un carctère effroyable, douloureux).
trame : La trame de ce roman de pacotille me semblait bien mince (enchevêtrement de faits réels ou d’événements fictifs qui constituent le fond d’un récit).
transcendance : La transcendance de certaines vérités (supériorité d’une réalité sur une autre).
transcendant : Son esprit transcendant émerveilla le jury (supérieur aux autres ou aux réalités du monde).
transfert : Le patient a vécu un transfert, car il a reporté sur son psychanalyste son affection paternelle (en psychanalyse, déplacement de sentiments inconscients du sujet vers son analyste).
transfiguration : Je subis une véritable transfiguration, car son influence fut prépondérante dans ma vie (transformer en améliorant ou en donnant une beauté et un éclat inhabituels).
transfuge : C’est un transfuge du parti socialiste qui a rejoint le parti des verts (personne qui abandonne un groupe, un mouvement, une doctrine pour se rallier à un autre).
transgresser : Rimbaud avait un esprit révolutionnaire, car il aimait transgresser les interdits (enfreindre, désobéir à).
transiger :
1) Je n’aurais pas dû transiger avec cet escroc (conclure un arrangement).
2) transiger sur (quelque chose) : J’ai eu tort de transiger sur ce point du règlement qui me semblait pourtant capital (ne pas se montrer ferme, concéder ou laisser faire par faiblesse).
transition : Je fus étonné, car, sans transition, il aborda un autre sujet (passage progressif d'une idée à une autre).
transmutation : La transmutation du plomb en or est le rêve des alchimistes (changement de nature, transformation totale ; changement d’une matière en une autre).
transport (le plus souvent au pluriel) : Des transports de joie traversaient mon coeur, car il avait enfin réussi son projet (vive émotion, bouleversement de l’âme).
transposer :Transposer un roman au cinéma demande du savoir-faire (déplacer dans un autre domaine).
traumatisme : On dit souvent que les soldats, ayant participé à une guerre violente, ont subi un véritable traumatisme (ensemble des troubles psychiques conscients et inconscients qui résultent d’un événement brutal de la vie affective du sujet ; ensemble des troubles qui résultent d’un choc).
trépidation : Les trépidations de la vie moderne provoquent un certain stress (agitation ; tremblement).
tribun : Ce politicien est un redoutable tribun capable de manipuler les foules (orateur éloquent qui défend une cause ou une idée).
tributaire : Je ne peux faire ce que je désire, car je suis tributaire de mon employeur (étroitement dépendant).
triptyque : Cette peinture est très impressionnante, car c’est un triptyque (oeuvre en trois parties).
trivial : Il n’apprécie guère le langage trivial (grossier, vulgaire).
tronquer : Je ne supporte pas que mon manuscrit ait été tronqué (ôter une partie essentielle d'un ouvrage).
trophée : Le trophée du concours est convoité, car c’est une médaille en or (objet qui témoigne d'une victoire).
truculent : Les personnages de cette comédie sont assez truculents, car ils n’hésitent pas à s’exprimer en toute liberté (qui exprime les choses avec crudité, pittoresque et réalisme).
truffer : Tu dois relire ta dissertation, car elle est truffée de fautes de style (remplir d’une façon excessive).
truisme : Ton exposé me semble peu original, car il est rempli de truismes (vérité si évidente, si banale, qu’il vaut mieux s’abstenir de la formuler).
tutélaire : L’ amitié tutélaire que nous avons vécue m’a profondément marqué (qui protège).
ultérieur : Les événements ultérieurs confirmèrent mes inquiétudes (futur).
ultimatum : Avant d’être attaqué, l’Irak reçut plusieurs ultimatums des États-Unis (condition impérative qui est imposée).
ultime : Ses paroles ultimes furent bouleversantes (dernier).

 

U

unicité : On peut parler de l’unicité de cette expérience qu’il m’est difficile de vous transmettre (caractère de ce qui est unique).
unilatéral :
1) Je n’apprécie pas toujours les contrats unilatéraux (qui n’engage qu’une seule partie).
2) Cette décision unilatérale de rompre l’accord est inadmissible (décidé par une seule partie).
us (les — et coutumes) : Il faut accepter que les us et coutumes diffèrent selon les pays (usages, habitudes).
usage (valeur d’) : La valeur d’usage d’un bien est différente de sa valeur d’échange (utilité effective d’un bien).
usufruit : Je te rappelle que cette maison ne t’appartient pas, car tu n’en as que l’usufruit (droit de jouir d’un bien dont on n’est pas propriétaire).
usurpation : Il n’admet pas, à juste titre, l’ usurpation de ses droits (appropriation illégitime).
utopie : Tu ne sera pas suivi, car ton programme politique relève de l’utopie (projet irréalisable).

 

V

vacuité : La vacuité de cette œuvre littéraire me désole (vide, nullité).
vade mecum : Heureusement que j’avais emporté mon vade mecum du secouriste (petit manuel, guide).
vaillance : La vaillance de ce héros m’a heureusement surpris (bravoure, courage).
valide :
1) Malgré son âge, cet homme est toujours valide (sain).
2) Je regrette de devoir vous signaler que votre photo n’est plus valide (valable).
validité : La validité de ce passeport ancien me semble douteuse (caractère de ce qui est valable).
vaticiner : Il vaticine, car il tient des discours extravagants sur l’an 3000 (prophétiser de façon délirante).
véhémence : Son discours plein de véhémence était impressionnant (fougue, impétuosité).
velléitaire : Il est difficile de dialoguer avec des personnes velléitaires (hésitant, qui n’arrive pas à se décider à agir).
vélocité : J’apprécie le fait qu’il ait agi avec vélocité (grande rapidité).
vénal :
1) Pour les choses : La valeur affective d’un objet me semble plus important que sa valeur affective (qui s’échange, s’achète ou se vend contre de l’argent).
2) Pour les personnes : C’est une femme vénale ( qui se laisse acheter, qui se vend au plus offrant, qui fait le commerce de ses charmes).
vénérer : Je vénère ce professeur qui m’a appris tellement de choses (adorer ; aimer et admirer, avec un grand respect).
véniel : Ce n’est qu’un défaut véniel (sans gravité, excusable).
véracité : La véracité de ce témoignage est encore à prouver (qualité de ce qui est conforme à la vérité ; qualité d’une personne qui dit la vérité).
verbal : Méfie-toi, car ce n’est qu’une promesse verbale (qui est dit de vive voix).
verbeux : Cet orateur verbeux me fatigue (qui dit les choses en trop de mots, prolixe, bavard).
verbiage : Le verbiage de cette dissertation masque l’absence totale d’idées intéressantes (abus de paroles ou de mots inutiles).
vergogne : Il est incroyable qu’il puisse mentir sans vergogne (honte).
versatile : Vivre avec une personne versatile me semble impossible (qui change facilement d'opinion ou d’attitude) !
verve : La verve d'un orateur étonna l’assemblée (brillante capacité verbale).
vétéran : Tu ne dois pas avoir de crainte, car c’est un vétéran (homme d’expérience qui a fait ses preuves)
veto : Aux Nations-Unies, certains pays ont un droit de veto (opposition formelle).
vétuste : Cet escalier vétuste me semble très dangereux (qui est vieux, n’est plus en bon état).
veule : C’est un personnage veule et lâche que je ne désire plus rencontrer (qui est sans volonté, faible).
via : Tu peux atteindre Londres via le tunnel sous la Manche (en passant par).
viatique : Lire est un viatique pour certaines personnes (soutien moral).
vicissitudes : Les vicissitudes de l’existence (changements heureux ou malheureux, succession d’événements positifs ou négatifs).
vilipender : Les personnes plus âgées vilipendent parfois les mœurs de notre époque (dénoncer).
vindicatif : Son caractère vindicatif lui attire des inimitiés (rancunier).
virtuel : Ce projet est malheureusement resté à l’état virtuel (qui n’existe qu’en puissance, possible, potentiel).
virulent : Il ne méritait pas cette critique virulente à son égard (violent).
visionnaire : Jules Verne était un écrivain visionnaire (qui a des vues sur l’avenir ; illuminé).
vitupérer : Je vitupère contre le gouvernement qui ne prend pas ses responsabilités en matière d’énergie (protester avec véhémence).
vociférer : Ce n’est pas en vociférant contre le gouvernement qu’il arrivera à résoudre les problèmes (parler d’une voix forte et coléreuse, hurler contre quelqu'un).
volage : Il ne savait pas que c’était une femme volage (qui change souvent de sentiment, inconstant en amour).
volontarisme : Tu devrais avoir une attitude volontariste plutôt que de laisser aller les choses (attitude basée sur la volonté).
volubile : Cet orateur volubile était assez fatigant (qui parle beaucoup, avec rapidité).
volupté : J’écoute cette musique avec volupté (intense plaisir des sens et notamment jouissance sexuelle ; plaisir moral ou eshétique très vif).
vulgaire : J’évitai rapidement ce personnage vulgaire (grossier, mal élevé, sans distinction).
vulgarisation : L’Encyclopédie Encarta est davantage un ouvrage de vulgarisation que l’Encyclopédie Universalis (fait d’adapter un ensemble de connaissances de manière à les rendre accessibles au grand public).

 

X

xénophobie : La xénophobie crée des tensions dans certains pays (hostilité à l’égard des étrangers).

 

Z

zélateur : Un zélateur se manifeste parfois par des interventions intempestives (partisan actif d’une cause).


Illustration : Emilio Danero

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13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 22:07

 

Voici la suite du vocabulaire essentiel qui répertorie les mots de la lettre N à la lettre P.

 

 

N

nanti : On peut comprendre que les pays sous-développés envient les pays nantis (riche).
narcissisme :
1) Le mot « narcissisme » vient du mot « Narcisse » (de Narcisse, personnage de la mythologie grecque : jeune homme de grande beauté qui tomba amoureux de sa propre image, reflétée dans l’eau d’une fontaine).
2) Je n’apprécie pas le narcissisme des nombreuses stars (admiration de soi-même).
narquois : Cet homme perpétuellement narquois ne nous inspirait pas confiance (moqueur, ironique).
nature morte : « La Raie » est une nature morte de Chardin (tableau représentant des êtres inanimés ou des objets).
nébuleux : Il faudra que tu clarifies ta pensée, car ton analyse me semble assez nébuleuse (vague, flou, confus).
nec plus ultra : La liste de Schindler est le nec plus ultra de la production cinématographique de Spielberg (ce qu’il y a de mieux).
nécrologie : Je n’ai pas trouvé l’avis de son décès dans la nécrologie (liste de personnes décédées, notice biographique d’un défunt récent).
négritude : C’est Aimé Césaire, grand poète martiniquais, qui a forgé le mot « négritude » pour résister à la négation des cultures nègres (ensemble des caractères, des manières de penser propres à la race noire).
néophyte (nom et adjectif) : Ce n’est pas ce joueur néophyte qui nous fera gagner la partie (nouvel adepte d’une doctrine, d’un parti, d’une association ; débutant) !
neurasthénie : Sa neurasthénie provient de ses échecs successifs (dépression physique et nerveuse ; état d’abattement et de tristesse).
névrose : Sa névrose lui donne des angoisses et des obsessions (affection psychologique qui se traduit par des troubles émotionnels et affectifs).
nihilisme : Ce n’est pas le nihilisme de cet individu qui te soutiendra psychologiquement (négation de toute valeur morale) !
nimber : Son visage, nimbé de lumière, me faisait penser à une apparition céleste (auréoler).
nirvana :
1) Pour atteindre le nirvana, une patience immense est nécessaire (dans le boudhisme, état suprême où l’être humain parvient à se libérer de la douleur en se libérant du plaisir).
2) Depuis que j’ai rencontré celle que je devais aimer, j’ai atteint le nirvana (bonheur parfait et permanent).
noise (chercher —) : Pourquoi me cherches-tu noise alors que je ne t’ai rien fait (querelle, bagarre) ?
nomadisme : J’ai eu l’occasion de découvrir le nomadisme des tribus du Sahara (genre de vie des nomades ; besoin de se déplacer).
non-lieu : L’ accusé exprima son bonheur lorsqu’il apprit qu’il bénéficiait d’un non-lieu (décision de ne pas poursuivre un inculpé en justice).
notifier : Il ne sera pas heureux lorsque tu lui notifieras son licenciement (faire connaître officiellement une information ou une décision).
notoire : Tu ne m’apprends rien, car le fait est notoire (connu d’un grand nombre de personnes, manifeste, reconnu).
novice : Tu devras avoir de la patience, car il est encore novice en peinture (qui manque d’expérience, débutant).
nymphomane : Il n’est pas étonnant que cette femme dévergondée ait un comportement de nymphomane (femme dont les désirs sexuels sont exagérés).

 

O

OPA : Cette entreprise a exprimé ses craintes, car elle est visée par une OPA (offre publique d’achat, par une société, des actions d’une autre société).
obédience : Aujoud’hui les pays d’obédience communiste sont moins nombreux (dépendance intellectuelle ou politique).
objecter : Pour le dissuader de partir, on lui objecta la maladie de son épouse (formuler une objection).
objectif :
1) nom : Voici l’objectif de cette leçon (but d’une action ou d’une pensée).
2) adjectif :
• Il est dans ton intérêt de faire un rapport objectif des faits (impartial).
• Le fait que la terre tourne sur elle-même est une réalité objective (qui s’applique à toute réalité qui existe par elle-même, hors de l’esprit, indépendante de notre pensée).
obligé : Je vous suis très obligé de votre aide (reconnaissant, redevable).
oblitérer : Cette lettre n’a pas été oblitérée (annuler un timbre par l’apposition d’un tampon ; effacer progressivement).
obnubilé : On peut comprendre qu’il soit obnubilé par sa réussite (obsédé par une idée).
obole : J’ai versé mon obole à cette œuvre (modeste offrande).
obséquieux : Ce serviteur m’agace, car il est obséquieux (qui exagère les signes extérieurs de politesse, qui est trop empressé).
obsolète : Je ne pourrai utiliser ce matériel obsolète (périmé, désuet).
obtempérer : Vous êtes prié d’obtempérer, car vous encombrez le passage (obéir à un ordre).
obtus : Même l’esprit le plus obtus pourrait résoudre ce problème très simple (qui manque de finesse).
obvier à : Il faudra obvier aux accidents possibles en prenant des mesures énergiques (mettre obstacle, parer à).
occulte : Tu ne pourras jamais comprendre totalement la crise boursière acuelle, car certaines puissances ont un rôle occulte sur l’évolution des marchés financiers (caché, secret, mystérieux).
occulter : Je ne peux pas tout comprendre, car les vraies raisons de son départ ont été occultées (dissimuler, passer sous silence).
occultisme : Cette secte a été pointée du doigt, car elle s’adonne à l’occultisme (croyance dans des réalités occultes c’est-à-dire suprasensibles ; ensemble des sciences occultes et des pratiques qui s’y rattachent).
occurrence :
1) Il se laisse abattre. En pareille occurrence, tu devrais l’aider à réagir
(cas, circonstance).
2) Ce poète est obsédé par le thème de l’amour, car j’ai relevé dix occurences du verbe aimer dans ce poème (apparition d’une unité linguistique dans le discours).
octroyer : Il est heureux, car on lui a octroyé une prime (accorder quelque chose à titre de faveur).
œcuménisme : L’œcuménisme offre un esprit positif, car il est basé sur l’échange et le dialogue (mouvement visant le rassemblement des Églises chrétiennes).
Œdipe : Le complexe d’Œdipe consiste, pour un enfant d’environ trois ans, à tourner ses désirs amoureux vers le parent de sexe opposé et à éprouver une hostilité pour le parent de même sexe, vécu comme un rival (héros de la mythologie grecque qui, selon les prédictions d’un oracle, est amené par le destin à tuer son père et à épouser sa mère).
office : Mon bureau est tellement vaste qu’il fait office de chambre d’ami (fonction que l’on remplit, charge qu’on occupe, service qu’on accomplit ; cérémonie religieuse).
offusquer : Vos insultes sont tellement grossières qu’elles m’ont offusqué (choquer, scandaliser).
oiseux : Évitez-nous ces remarques oiseuses (inutile, sans intérêt, superficiel).
oisif : Ce n’est pas sa vie oisive qui l’aidera à surmonter ses épreuves (qui se plaît à ne rien faire, inactif).
olfactif : Si tu veux être parfumeur, ton sens olfactif doit être très développé (relatif à l’odorat).
ombrageux : Depuis que l’on s’est moqué de lui, son caractère est devenu ombrageux (susceptible, méfiant).
omnipotent : Ce tyran omnipotent provoque la crainte dans tout le pays (qui a un pouvoir absolu).
omniscient : Le narrateur est omniscient dans un texte qui offre une vision illimitée (qui sait tout).
omnivore : Le porc est omnivore (qui mange de tout).
onéreux : Je n’ai pas pu acheter cet ordinateur, car il est onéreux (qui coûte cher).
onirique : J’apprécie beaucoup l’atmosphère onirique des tableaux de Magritte (qui est relatif au rêve).
opérationnel : L’école qui vient d’être construite ne sera opérationnelle que dans un mois (qui peut être mis en service, capable d’agir) .
opératoire : Le concept que tu as inventé ne me semble pas opératoire (qui permet de résoudre certains problèmes ; relatif aux opérations chirugicales).
opiner : Il opina de la tête, car il était muet (approuver, acquiescer).
opiniâtreté : Il est courageux, car il résiste avec opiniâtreté (volonté, persévérance, détermination).
opportun : Ta visite me semble opportune, car elle a besoin de ton soutien (qui vient à propos, qui convient).
opportunisme : Je n’apprécie pas l’opportunisme qui me fait penser au profit (action de tirer parti des circonstances en vue de soigner ses intérêts personnels).
opportunité : L’opportunité d’une augmentation des impôts est discutable, car les charges sont déjà très élevées dans notre pays (caractère de ce qui est opportun).
opprobre : Elle est l’opprobre de sa famille, car elle est devenue prostituée (honte, déshonneur).
opter : Après un mois de réflexion, j’ai opté pour la vie à la campagne (faire un choix entre plusieurs possibilités).
optimiser : Si tu veux optimiser ton site Internet, tu dois veiller, notamment, à ne pas commettre de fautes d’orthographe (obtenir le meilleur résultat, tirer le meilleur parti possible d’une entreprise ou d’une action).
opulent : Il est en faillite, car il a mené un train de vie opulent (riche, luxueux, abondant).
oraison : Le prêtre a prononcé une oraison qui n’en finissait plus (prière méditative) !
oral (stade) : Ce bébé est à son stade oral, car il aime sucer son pouce (premier stade que traverse la sexualité infantile au cours de son évolution : au cours de ce stade le bébé découvre les plaisirs liés à la succion).
oratoire : Cette femme m’impressionne, car elle a un don oratoire assez étonnant (qui concerne l’art de parler en public).
ores (d’— et déjà) : À mon avis, la victoire finale est d’ores et déjà inévitable (dès maintenant).
orgiaque : Il se vante d’assister à des fêtes orgiaques (qui évoque une orgie, c’est-à-dire une partie de débauche).
originel : Je ne connais pas les causes originelles du conflit (qui remonte à l’origine).
oripeaux :
1) Il est curieux de voir cet aristocrate portant des oripeaux (vieux vêtements usés qui ont gardé des traces de spendeur).
2) Elle avait tous les oripeaux de la féminité : ongles longs peints, talons hauts, maquillage légèrement outrancier (faux éclat, clinquant)
ornière : Il a suivi l’ornière en sortant ce film américanisé aux nombreux effets spéciaux (routine ; situation pénible).
orthodoxe : Il fut chassé de son parti, car sa conduite n’était pas orthodoxe (conforme à la doctrine, aux règles).
osmose : Il est positif que l’école favorise l’osmose entre les diverses catégories d’enfants (influence réciproque, fusion progressive).
ostensible : Je n’ai aucune difficulté à le cerner, car son mépris est ostensible (qui est fait de façon voyante, qui est affiché intentionnellement).
ostentation : Elle n’était pas très discrète, car elle montrait ses bijoux avec ostentation (mise en valeur excessive, étalage d’une qualité ou d’un avantage).
ostracisme: Ce jeune est frappé d’ostracisme par les élèves de sa classe (hostilité d’un groupe à l’égard d’un individu).
ourdir : Je n’ai pas voulu participer à cette conspiration qui était ourdie contre cet innocent (combiner, monter, tramer, machiner).
outrage : Ce journaliste, ayant dénoncé une affaire scandaleuse, est poursuivi pour outrage aux bonnes moeurs alors que le vrai responsable est toujours en liberté (grave offense, dommages subis par quelqu’un ou commis contre des règles).
outrancier : Ses propos outranciers nous ont offusqués (démesuré, excessif).
outrecuidance : Il s’est montré d’une outrecuidance insupportable (attitude orgueilleuse, présomptueuse).

 

P

pactole : Il pourra enfin vivre décemment, car son invention lui a procuré un pactole (trésor, source de richesse).
paganisme : On peut parler d’un paganisme hellénique, car les grecs avaient plusieurs dieux (nom donné par les chrétiens de la fin de l’Empire romain aux religions polythéistes ; l’Antiquité gréco-romaine).
pair : Cocteau disait qu’un artiste ne pouvait attendre aucune aide de ses pairs (ce qui est égal ou pareil, personne qui occupe le même rang dans la société).
palabre : Je n’ai pas envie de perdre mon temps en palabres (discussion sans fin, inutile).
pallier : Il faudra trouver les moyens de pallier la crise économique (remédier provisoirement à un problème).
panacée : Il n’y a pas de panacée pour résoudre les problèmes de communication dans la société (remède universel).
panache : Le public l’avait ovationné, car il avait remporté la compétition avec panache (éclat, bravoure spectaculaire).
pantalonnade :
1) Le mot «pantalonnade » vient du nom propre Pantalon, personnage ridicule de la comédie italienne (farce burlesque — ou comédie bouffonne — assez grossière destinée à amuser le public populaire).
2) Heureusement qu'il y avait des intellectuels pour remonter le niveau du débat qui risquait de se transformer en une véritable pantalonnade (aventure grotesque dont les acteurs se montrent ridicules).
3) Ce discours électoral n’est qu’une pantalonnade (démonstration hypocrite de sentiments d’amitié, de loyauté).
panthéisme : On a parlé d’un panthéisme chez Giono qui parfois insiste sur le caractère vivant et sacré de la nature (divinisation de la nature : Dieu est le monde et le monde est Dieu).
paradigme :
1) Le verbe « finir » est le paradigme de la conjugaison des verbes en -ir (mot-type qui sert d’exemple).
2) Le paradigme de la haine contient l’éventail des mots susceptibles d’exprimer ce sentiment : antipathie, aversion, etc (ensemble des mots ou des éléments correspondant à une notion de référence : mots substituables les uns aux autres et entre lesquels le locuteur devra faire un choix).
paramètre : Tu apprendras au cours d’économie que l’inflation dépend de plusieurs paramètres (facteur dont dépend un phénomène).
parangon : Ce type d’homme est plutôt rare, car il est un parangon de vertu (modèle).
parasiter : Ces individus parasitent la société, car ils ne veulent pas travailler (vivre au détriment de quelqu’un, perturber).
parcimonie : Cet homme a peur de reconnaître les qualités des autres, car il distribue les compliments avec parcimonie (tendance à épargner beaucoup et à distribuer peu, à réduire au strict minimum ce qu’on accorde).
paria : Les gens le traitent en paria, car sa franchise les dérange (personne repoussée et méprisée par un groupe).
parité : Il est regrettable que la parité des salaires entre hommes et femmes ne soit pas toujours respectée (égalité).
parjure : En trahissant sa promesse de fidélité, il a commis un parjure (violation d’un serment, personne qui a violé un serment).
paroxysme : Les pompiers sont exténués, car l’incendie est à son paroxysme (point culminant).
parricide : Ce meurtre a été élucidé : c’est un parricide (meurtre du père ou de la mère, personne qui a commis ce meurtre).
partial : Ce juge a été partial, car il connaissait l’accusé (qui prend parti pour ou contre quelqu’un ou quelque chose sans souci de justice ni de vérité).
particularisme : Il faut respecter le particularisme de cette ethnie si l’on veut éviter un soulèvement (attitude d’une population qui veut garder ses libertés, ses particularités culturelles et linguistiques).
parturition :
1) La parturition des animaux (accouchement naturel).
2) L’écriture d’un livre est parfois vécue comme un douloureuse parturition (accouchement symbolique).
passéisme : Le passéisme constitue parfois un obstacle au désir d’améliorer le futur (attachement excessif au passé).
patent : Je suis scandalisé, car il a subi une injustice patente (évident, manifeste, notoire, reconnu).
paternalisme : Méfie-toi du paternalisme de certains dictateurs (tendance à imposer un contrôle, une domination sous couvert de protection).
pathétique : Je fus favorablement impressionné par ce plaidoyer qui était pathétique (profondément émouvant).
pathologie : Je ne suis pas étonné que la pathologie du cancer nécessite de nombreux efforts de recherche (étude des causes et des symptômes des maladies).
pâtir : On connaît des patients qui pâtissent des erreurs médicales (souffrir de, subir des dommages).
patriarcal : On peut comprendre que les femmes n’aient pas toujours appécié le pouvoir patriarcal (fondé sur l’autorité paternelle).
patrimoine : Il ne soit pas s’inquiéter sur le plan financier, car son patrimoine familial est immense (ensemble des biens qu’on hérite ou qu’on possède).
patronyme : Les élèves étaient choqués, car le professeur les appelait par leur patronyme (nom de famille).
paupérisation : La baisse du pouvoir d’achat accroît la paupérisation (appauvrissement d’une classe sociale).
pécuniaire : Il est heureux que votre situation pécuniaire se soit améliorée (qui a rapport à l’argent).
pédant (nom ou adj.) : Il ne supporte pas ce professeur qui parle sur un ton pédant (personne prétentieuse qui fait étalage de son savoir ; qui manifeste un désir d’étaler le savoir).
péjoratif : Le mot « pleurnichard » a un sens péjoratif (qui a un sens défavorable).
pénates : Il est temps de regagner vos pénates (le foyer, la demeure, le domicile) !
perclus: Ce malade est perclus de douleurs (incapable de se mouvoir à cause de maux physiques ; accablé de difficultés paralysantes).
pérégrination : Mes pérégrinations m’ont permis de découvrir plusieurs pays (déplacement en de nombreux endroits).
péremptoire : Votre ton péremptoire empêche tout dialogue (catégorique, tranchant, qui détruit d’avance tout objection).
pérennité : La poignée de main est une coutume dont la pérennité n’est pas à discuter (caractère de ce qui dure toujours ou très longtemps).
perfide : Cette insinuation perfide est intolérable (déloyal ; nuisible, dangereux).
péricliter : Il était au bout de ses forces, car son commerce avait périclité en quelques mois (dépérir, décliner).
périple : Nous te montrerons des photos de notre magnifique périple au Cameroun (voyage, boucle, randonnée importante).
pernicieux : Les gens ne se rendent pas toujours compte de l’influence pernicieuse de la violence à la télévision (nuisible, dangereux).
perpétrer : Il fut condamné, car il avait perpétré un crime (commettre un forfait).
persifler : Il est très désagréable de vous entendre toujours persifler (ridiculiser quelqu’un par des propos ironiques, se moquer) !
perspicace : Cette affaire exige l’intervention d’un détective perspicace (clairvoyant).
pertinent : Il était heureux, car son professeur lui avait donné des conseils pertinents (judicieux, qui convient tout à fait).
pétulant : Comme le temps était superbe, la foule était joyeuse et pétulante (exubérant, plein de vitalité).
phallocrate : Ce goujat est aussi un phallocrate (partisan de la domination des hommes sur les femmes).
philosophe : Il est heureux, car il vit en philosophe au milieu de la nature (personne qui élabore une doctrine ou des éléments de doctrine philosophique ; homme sage qui médite et vit selon ses principes).
philosophie : La philosophie consiste notamment à se poser des questions sur le monde qui nous entoure (ensemble des recherches de l’esprit humain centrées sur les questions fondamentales du monde et de l’homme ; système philosophique élaboré par un penseur ; attitude de sagesse ).
phobie : Les gens se moquent de moi, car j’ai la phobie des araignées (peur maladive).
physionomie : Sa physionomie est sympathique, mais cela ne suffit pas pour en faire un bon vendeur (ensemble des traits du visage).
piètre : Il n’a aucune chance, car c’est un piètre candidat (médiocre, sans valeur).
pittoresque : Les coutumes de ce village sont pittoresques (qui est digne d’être peint, qui charme par un aspect original, qui dépeint d’une manière colorée et imagée).
placide : C’était un homme placide, car rien ne le bouleversait (flegmatique, particulièrement calme).
plaidoyer : Son plaidoyer pour la défense des femmes battues nous a émus (discours prononcé par l’avocat pour défendre un accusé, défense passionnée d’une personne, d’une cause ou d’une idée).
platitude : De nombreux films américains sont remplis de platitude (banalité, idée toute faite).
platonique :
1) Il avait une conception assez platonique de la vie (qui se rapporte aux idées de Platon : Platon était un philosophe grec pour qui le monde des Idées était le seul monde véritable).
2) Les gens étaient étonnés, car ils avaient décidé de vivre un amour platonique (chaste, idéal, virtuel).
plausible : Cette explication de l’accident volontaire me semble peu plausible (vraisemblable, susceptible d’être admis).
plébisciter : Le film Matrix a été largement plébiscité par les jeunes (vote direct du corps électoral par oui ou par non sur la confiance qu’il accorde à la personne qui a pris le pouvoir ; élire quelqu'un ou approuver quelque chose à une majorité écrasante).
pléthore : Il aura peu de chance, car il y a une pléthore de candidats à ce concours (surabondance, excès, profusion).
pleutre : Ce pleutre s’est enfui quand j’ai été attaqué (lâche, poltron).
poindre : Tu peux t’estimer heureux, car nous voyons poindre des signes prometteurs (commencer à paraître).
pointilleux : Il est dans ton intérêt de maîtriser ta matière, car l’examinateur est assez pointilleux (qui se montre d’une minutie extrême dans ses exigences).
polémique (nom et adjectif) : Ce livre a déclenché une véritable polémique (controverse, violent débat politique ou intellectuel ; qui vise à une discussion vive ou agressive).
policé : La vertu n’apparaît pas davantage dans les sociétés les plus policées (civilisé).
polythéisme : Le polythéisme était fréquent dans les religions antiques (fait de croire en plusieurs dieux).
polyvalent : Tu as de la chance, car cet ouvrier est polyvalent (capable d’exécuter différentes tâches, d’occuper différentes fonctions ; qui peut avoir différents usages ou qui concerne différents domaines).
pompe : Il ne méritait pas d’être fêté en grande pompe (cérémonie, apparat, magnificence).
pondérer : Tu peux te fier à son jugement, car c’est un homme à l’esprit pondéré (équilibrer, mesurer).
postérité : De nombreux écrivains espèrent passer à la postérité (ensemble des générations futures).
posthume : Il est regrettable qu’il ait reçu une décoration posthume, alors que de son vivant il n’a obtenu que peu de marques de reconnaissance (qui est attribué à quelqu'un après sa mort).
postiche : ll croit que moustache postiche permettra de ne pas le reconnaître (faux, artificiel).
postulat : Partons du postulat qu’on parle pour dire quelque chose (principe de base indémontrable qui paraît incontestable).
postuler : Étant donné vos qualités, vous pouvez postuler pour le poste de directeur (solliciter un poste, être candidat à).
posture : L'entreprise est en mauvaise posture (situation dans laquelle on se trouve).
potentat : Ce patron est très désagréable, car il se comporte en potentat (despote, souverain absolu).
potentiel :
1) Tu ne dois pas avoir de crainte, car tu as des clients potentiels (qui existe en puissance, à l’état de possibilité, virtuellement)
2) Le potentiel militaire d'un pays (ensemble des capacités, des ressources susceptibles d’être utilisées).
poupe (avoir le vent en —) : Cet homme est sûr de lui , car il a le vent en poupe (être poussé par le succès, favorisé par les circonstances : la poupe est l’arrière d’un navire).
pourfendre : Il pourfend la société de consommation qui offre toutes les facilités aux jeunes (attaquer vigoureusement).
pourvoyeur : Heureusement que ces personnes abandonnées aient un pourvoyeur de vivres (fournisseur).
pragmatisme : Votre pragmatisme a permis de résoudre immédiatement le problème (recherche d'une solution par l’action, au lieu de partir d’idées préconçues ou d’analyses théoriques).
préambule : En guise de préambule, voici quelques explications (introduction, entrée en matière).
précarité : La précarité de cet emploi constitue un risque (fragilité, instabilité).
précepte : Les personnes plus âgées aiment donner de bons préceptes (formule qui prescrit un devoir, exprime une leçon, recommande un principe).
prédateur :
1) Le renard est un prédateur pour la poule (animal qui se nourrit des proies qu'il chasse).
2) Méfie-toi de cet homme d’affaires, car c’est un véritable prédateur (personnage dévastateur dans le monde politique ou économique).
prédestination :
1) Le jansénisme a soutenu la thèse de la prédestination (Sens religieux : décision divine qui, d’avance, voue un individu à être damné ou à être sauvé. Cette doctrine, développée par le calvinisme et le jansénisme, a été vivement combattue par l’Église, car elle niait la liberté humaine et la valeur des mérites personnels) .
2) On a parfois l’impression que certaines personnes à qui arrivent tous les malheurs sont victimes d’une prédestination (fixation à l'avance de la destinée d'une personne comme si elle était le fruit de la fatalité).
prédilection : J'ai une prédilection pour les cours de langues (préférence marquée).
préjudice : Je tenais à vous dire que vos paroles m'ont causé un préjudice (dommage, acte nuisible, tort).
préméditation : Il est sans aucune excuse, car il a commis un meurtre avec préméditation (intention d'accomplir un acte condamnable).
prémices : Les prémices d’un amour sont souvent émouvants (premiers commencements, débuts prometteurs).
prémisse : Les augmentations du prix du pétrole ont malheureusement été les prémisses d'une crise en Occident (fait initial dont découle une conséquence).
prémonitoire : Heureusement qu’un songe prémonitoire l'ait averti du danger (qui avertit de ce qui va se passer).
prémunir : Il faut prémunir les jeunes contre la drogue (protéger quelqu'un contre quelque chose).
prépondérant : Je suis content que des élèves aient joué un rôle prépondérant dans la réalisation du spectacle (dominant, primordial).
prérogative : Jadis la noblesse estimait devoir jouir de certaines prérogatives (privilège attaché à certaines personnes, avantage lié à certaines fonctions).
prescription : Après un certain nombre d'années, il y a prescription pour la condamnation des délits (délai à la fin duquel certaines obligations disparaissent ; recommandation ou ordre précis).
présomption :
1) Je vous signale que de graves présomptions pèsent sur vous (supposition basée sur des indices, hypothèse).
2) Je ne supporte pas cet homme plein de présomption (bonne opinion que l’on a de soi-même, suffisance)
présumer :
1) Nous présumons que vous êtes honnête (supposer d'après certains indices).
2) Il se croyait invincible étant donné qu’il avait toujours présumé de ses forces (compter excessivement sur).
prévaloir : Il me semble que les actes doivent prévaloir sur les intentions (avoir valeur supérieure, l’emporter, prédominer).
primauté : De nombreuses philosophies ont insisté sur la primauté de la dimension altruiste (supériorité).
probant : Ses parents sont satisfaits, car il a obtenu des résultats scolaires probants (qui prouve sérieusement, convaincant).
probatoire : Avant de t’inscrire, tu devras passer un examen probatoire (qui permet de vérifier qu'une personne a les qualités requises).
probité : Il me semble indispensable d’exercer le métier de professeur avec rigueur et probité (honnêteté).
problématique (nom) : Nous ne pourrons pas trouver aujourd’hui toutes les solutions, car la problématique du chômage est complexe (ensemble des problèmes posés par un sujet).
procédure : Si tu veux être reconnu dans cette fonction, tu dois suivre une certaine procédure (ensemble de règles ou de formalités qu’il faut suivre pour parvenir à un certain résultat ; ensemble des procédés à mettre en oeuvre pour parvenir à un résultat).
processus : Le processus de fabrication des explosifs est gardé secret (enchaînement de phénomènes aboutissant à un résultat donné).
procuration : Grâce à sa procuration, je peux voter en son nom (mandat que l'on donne à quelqu'un pour agir à sa place).
prodigue :
1) Connais-tu la parabole de l’enfant prodigue (qui dépense sans mesure) ?
2) J’ai de la chance, car vous êtes prodigue de conseils utiles (qui distribue généreusement).
profane :
1) Pour réaliser ta thèse en sciences religieues, tu devrais commencer à éliminer les auteurs profanes (qui est étranger à la religion).
2)Tu ne pourras pas lui demander des conseils, car, en matière d'art, c’est un profane (personne qui n'est pas initiée à un domaine des connaissances).
profaner : Je ne comprends pas comment il peut profaner un aussi grand sentiment que l’amour (violer le caractère sacré d'une religion, dégrader tout ce que l’homme respecte en société).
proférer : Tu devrais te calmer et te rappeler que proférer des menaces constitue un délit (prononcer à voix haute).
professer : Dans certains pays, professer sa foi mène à la prison (déclarer avec force, affirmer publiquement).
prohiber : Il est heureux que notre législation ait prohibé l'usage de certaines drogues (interdire légalement).
prolétaire : Dans la terminologie marxiste, le prolétaire s'oppose au capitaliste (personne qui ne possède pour vivre que les revenus de son travail : il exerce un métier manuel et a un niveau de vie relativement bas).
proliférer : Un défaut prolifère plus facilement qu'une vertu (se multiplier, foisonner).
prolifique : La souris est un animal prolifique (qui se multiplie rapidement, qui produit beaucoup).
prolixe : Cet écrivain me semble prolixe : je préfère la concision (abondant en paroles ou en phrases, qui est trop long).
prométhéen : La civilisation occidentale est marquée par l’esprit prométhéen (qui exprime une foi en l'homme et ses capacités d'action digne du mythe de Prométhée).
promiscuité : Je déteste les transports en commun qui imposent la promiscuité (assemblage d'individus de tous genres, obligés de vivre à proximité les uns des autres).
promptitude : La promptitude de son réflexe lui a sauvé la vie (rapidité, instantanéité).
promulguer : Il était urgent que l'État promulgue une loi contre la drogue (publier une loi, un texte de loi, un décret, pour en rendre l’application obligatoire et officielle).
propédeutique : On peut considérer que la dissertation développe des qualités de rigueur qui en font une propédeutique à l’enseignement supérieur (enseignement ou formation de base qui prépare à des études plus approfondies).
propension : Vous ne pourrez pas me berner, car votre propension à mentir est bien connue (tendance, disposition naturelle).
prophétique : Cette vision prophétique nous promet un bel avenir (qui annonce l'avenir).
proroger : L’échéance a été prorogée, ce qui nous permettra de ne pas prendre de décision trop rapidement (renvoyer à une date ultérieure, accorder un délai à, faire durer au-delà de la date d’expiration fixée).
proscription : La proscription des publicités pour le tabac est de plus en plus fréquente (interdiction).
prosélytisme : Faire du prosélytisme pour convaincre les autres d’être de notre avis me semble être une attitude indigne (action visant le recrutement de nouveaux adeptes).
prospective : Imaginer le nombre d’habitants sur la terre en 2050 est de l’ordre de la prospective (ensemble de recherches destinées à prévoir le futur).
protagoniste : Les protagonistes du coup d’état ont été emprisonnés (personnage principal ou l’un des personnages principaux d’une oeuvre de fiction ; personne qui a un rôle essentiel dans une affaire).
protéiforme : Cet artiste est protéiforme, car il a abordé tous les sujets (qui se présente sous diverses formes, qui se présente sous les aspects les plus divers).
protocole : Elle n’est pas satisfaite, car le protocole impose aux dames le port d'un chapeau (ensemble des règles à respecter dans des cérémonies ou dans des relations officielles ; registre contenant les décisions d’une assemblée).
prototype : Un prototype de fusée s'est écrasé lors des essais (premier exemplaire d'un appareil, destiné à l'expérimentation de ses qualités).
providence : Ce retard a été ma providence, car mon prédécesseur a été retrouvé sous les décombres de l’immeuble (événement ou personne qui sauve une situation critique).
prude : Cette vieille demoiselle est fort prude (vertueux, austère, qui réprouve les moeurs relâchées, qui se scandalise des propos osés).
psychanalyse :
1) L’inconscient est une des notions clefs en psychanalyse (théorie générale du psychisme humain élaborée par Freud — 1856-1939 — et par ses disciples).
2) À travers la psychanalyse, l’analyste fait une investigation méthodique de l’inconscient de son patient ( méthode thérapeutique mise au point par Freud pour interpréter et traiter un certain nombre de troubles psychiques en analysant leurs causes profondes).
psychologie :
1) Pour étudier la psychologie, tu devras étudier pendant cinq années universitaires (étude scientifique des phénomènes psychiques).
2) Il a de la psychologie, car il est apte à comprendre les réactions de son entourage (connaissance plus ou moins intuitive d’autrui)
3) Ce roman n’est pas d’une très grande richesse, car tous les personnages ont une psychologie rudimentaire (ensemble des états d'âme, des caractères dominants d'une personne).
psychopathe (nom ou adjectif) : De plus en plus de films révèlent des comportements de psychopathe (malade mental dont le comportement est caractérisé par l’impulsivité, l’instabilité et l’incapacité d’adaption au milieu).
psychose :
1) Voici deux formes de psychose classique : la schizophrénie et la paranoïa (grave maladie mentale qui perturbe en profondeur la personnalité du sujet, altère ses fonctions intellectuelles et lui fait perdre le contact avec la réalité).
2) Lorsque les gens vivent une psychose de guerre, ils dévalisent les magasins (obsession généralement collective qui se traduit par une panique générale).
psychosomatique : On oublie trop souvent que des symptômes physiques peuvent être de nature psychosomatique (se dit de troubles corporels dont la cause est psychique).
publiciste : Cet écrivain est aussi un publiciste (personne qui publie des articles dans les journaux comme écrivain politique ou journaliste).
pudibond : Un comité de femmes pudibondes a exigé le retrait de cette publicité représentant une femme nue recouverte par son bébé (qui est d'une pudeur exagérée).
pudique : Cet écrivain a fait une allusion pudique à la relation sexuelle des protagonistes (qui a de la pudeur, plein de réserve ou de discrétion).
pugnacité : La pugnacité de ce journaliste a permis de découvrir une affaire de corruption (combativité, goût de la lutte).
pulluler : Il est regrettable que les gadgets pullulent dans notre société de consommation (se multiplier ou se manifester en très grand nombre).
purisme : Cet écrivain fait preuve d'un purisme exagéré, car il n’accepte pas que la langue puisse évoluer (attitude qui consiste à vouloir préserver la pureté de la langue ; attitude de respect des règles les plus stictes).
puritain : Son esprit est peu ouvert, car il a reçu une éducation puritaine (propre à la secte des puritains qui affichaient une pureté morale scrupuleuse, un respect rigoureux des principes).

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Illustration : Emilio Danero

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11 décembre 2010 6 11 /12 /décembre /2010 22:08
Emilio DaneroLe vocabulaire essentiel (3)

Voici la suite du vocabulaire essentiel qui répertorie les mots de
la lettre G à la lettre M.

 

G

gage : Je t’offre cette bague en gage de mon amour (garantie).
gageure : La traversée de la mer à la nage est une gageure (projet irréalisable).
galimatias : Ton texte est décevant, car il est un véritable galimatias (langage embrouillé, écrit inintelligible).
galvauder : En jouant dans Star Académie, il a galvaudé son talent (gâter quelque chose de valeur par

un mauvais usage).
gamme : Ces appareils sont trop chers pour moi, car ce sont des téléviseurs haut de gamme (série de réalités appartenant à une même catégorie).
gangue : Il faudrait que ton esprit se libère de la gangue de tes préjugés (enveloppe qui entoure une réalité abstraite).
garant : Je me porte garant de son honnêteté (personne qui est prête à assumer la responsabilité des actes d'une autre personne).
gémonies (vouer aux) : La condamnation de cet escroc l'a voué aux gémonies (livrer quelqu'un au mépris public, couvrir quelqu’un de honte devant tout le monde).
génital (stade) : Cet enfant est arrivé à son stade génital (dernier stade de la sexualité infantile : l’enfant découvre la réalité des organes génitaux et éprouve le plaisir de les tripoter).
ghetto : Il est regrettable que cette ville soit divisée en ghettos (lieu où une communauté vit retranchée du reste de la population ; lieu ou milieu refermé sur lui-même).
gloriole : Il étale ses richesses par pure gloriole (vaine gloire, vanité qu’on tire de petites choses).
goguenard : Votre ton goguenard ne me plaît guère (moqueur).
gothique : Le style gothique est caractérisé par des voûtes en ogives (se dit d'une forme d'art qui est apparue au Moyen Âge du XII ème au XV ème siècle).
gouaille : Cet individu est assez déplaisant, car la gouaille est son arme préférée (raillerie, moquerie, plaisanterie).
grégaire : La publicité, dans le secteur de la mode, flatte l’instinct grégaire (qui tend à vivre en groupe, à suivre la majorité).
grever : Vous devrez faire attention, car votre budget est grevé de dépenses inutiles (charger, alourdir de charges financières).
grief : J’ai des griefs contre cet individu qui a détruit mon rétroviseur (sujet de plainte, reproche envers quelqu'un).
grivèlerie : La grivèlerie est la hantise des restaurateurs (délit qui consiste à consommer sans payer).
grivois : Vos propos grivois ont choqué l'assemblée (qui manque de pudeur ou de décence, licencieux).
grosso modo : J'ai obtenu grosso modo 90 % des points (approximativement).
grotesque : Ce film est un navet, car il est grotesque (risible, extravagant, ridicule).
guindé : Ce maître d'hôtel me fait rire avec son allure guindée (raide, artificiel).

 

H


habiliter : Le ministre est habilité à signer cet accord (autoriser à accomplir un acte, à exercer une fonction).
hâbleur : Méfie-toi de ses paroles, car c’est un hâbleur (personne qui a l’habitude de parler beaucoup en promettant, en exagérant, en se vantant).
hagard : J’ai eu des craintes en découvrant son visage hagard (qui a l'air effaré, troublé, égaré).
harangue : Avec ses harangues perpétuelles, ce moraliste m’ennuie (discours solennel).
hébétude : Ne prends pas la route, car ton ivresse t’a plongé en pleine hébétude (abrutissement).
hécatombe : L'ouragan a provoqué une hécatombe dans la population (mort violente d'une grande quantité de personnes).
hédonisme : Tu dois être conscient que la publicité encourage l'hédonisme (recherche immédiate du plaisir).
hégémonie : Les États-Unis cherchent parfois à exercer une hégémonie sur les autres pays (suprématie, domination souveraine).
helléniste : J’ai eu la chance de pouvoir visiter la Grèce avec un helléniste renommé (spécialiste de la Grèce).
hérésie : Mettre de l'eau dans son champagne, quelle hérésie (comportement ou opinion qui s'écarte d'une doctrine ou choque le bon sens) !
hétéroclite : Je n’apprécie pas votre accoutrement, car il est hétéroclite (qui est composé de parties appartenant à des styles ou des genres différents ; qui est constitué d’éléments variés peu homogènes).
hétérogène : L'huile et l'eau forment un mélange hétérogène (composé d'éléments de nature différente).
hétérosexuel : La plupart des gens sont hétérosexuels (qui éprouve de l’attirance pour le sexe opposé).
hiérarchie : Vous êtes courageux, car vous avez gravi les échelons de la hiérarchie (organisation des pouvoirs, depuis ceux qui obéissent jusqu'à ceux qui commandent ; classement d’un ensemble de réalités selon un ordre dégressif ou progressif).
holocauste : Je ne tiens pas à m'offrir en holocauste à cette cause (sacrifice total, religieux ou non ; génocide des Juifs par les nazis) !
homéopathie : Il est soigné par homéopathie (méthode thérapeutique utilisant des doses très faibles de la substance qui provoque la maladie).
homérique : Je fus impressionné par ce combat homérique qui les a opposés (qui est digne du style du poète grec Homère : héroïque, épique, grandiose).
homologue : L’esprit d’entente se développe, car le ministre belge s'est entretenu avec son homologue allemand (personnage ayant les mêmes fonctions).
hostilité : Je ne comprends pas pourquoi tu le regardes avec hostilité (tendance hostile, haine, inimitié).
humanisme :
1) Alors que le Moyen Âge avait une vision théocentrique, la Renaissance, grâce à l’humanisme, considérait que l’homme devait avoir une place privilégiée (vaste mouvement intellectuel et littéraire du XVI ème siècle, qui se caractérise par une vive admiration pour les cultures grecque et latine et par la volonté de contribuer à l’épanouissement de l’homme).
2) L’humanisme est une théorie optimiste, car elle croit à la valeur de l’homme (théorie, doctrine qui vise l'épanouissement de l'homme).
humaniste : Érasme fut un grand humaniste (partisan de l'humanisme).
humanitarisme : L'humanitarisme inspire l’ensemble des conduites humanitaires (attitude de recherche de l’amélioration de la condition humaine).
hybride : Cette oeuvre est assez hybride, car elle mêle le roman et le théâtre (composé d'éléments de nature différente).
hypertrophie : On observe une hypertrophie du « moi » dans la poésie romantique (grossissement démesuré).
hypothéquer : L'échec de ses études hypothèque son avenir (risquer de compromettre).

 

I


icône : Les églises orthodoxes renferment nombre d'icônes (peinture sur bois du Christ, de la Vierge ou des saints).
iconoclaste : Les gens se méfient de cet écrivain, car il s'attaque à certaines idées avec une rage iconoclaste (qui s'oppose aux traditions ou aux valeurs consacrées).
idéologie : Je me méfie de l’idéologie de ce parti politique qui véhicule un message raciste (système d'idées, vision du monde).
illicite : Certaines personnes vendent de la drogue de manière illicite (condamné par la morale ou interdit par la loi).
imaginaire :
1) adjectif : Ce jeu me fait rêver, car il décrit un pays imaginaire (qui n'existe que dans l'imagination).
2) nom : La femme fait partie de l’imaginaire des surréalistes (ensemble de représentations ou d’images qui sous-tendent l’univers d’un artiste, la mentalité d’un groupe, le psychisme d’un individu).
imbroglio : Il m’est difficile de comprendre cette situation qui est un véritable imbroglio (situation embrouillée).
imbu (être — de) : Il est malheureusement imbu de préjugés (imprégné).
immaculé : Si l’on écoutait toutes les publicités actuelles, le linge, après lavage, serait immaculé (sans tache, d'une blancheur parfaite) !
immanent : Les tremblements de terre font penser à l’injustice immanente de la nature (qui est contenu dans la nature d’un être ou d’une chose).
immature : Cet élève, immature il y a quelques années, a enfin mûri (qui n'est pas psychologiquement mûr ; qui n’a pas atteint sa maturité intellectuelle ou affective).
immémorial : Je ne me rappelle pas de cet événement, car je ne l’ai rencontré qu’une seule fois, en des temps immémoriaux (qui remonte à une époque si ancienne qu’elle est sortie de la mémoire).
imminent : Tu dois faire un choix, car la déclaration de guerre est imminente (qui est sur le point de se produire).
immiscer (s') : J’aspire à son départ depuis qu’il s'est immiscé dans ma vie privée (s'introduire dans les affaires d'autrui).
immoler :
1) Certaines tribus immolent des animaux (sacrifier en offrande aux dieux).
2) Les nazis ont immolé des millions de Juifs (faire périr ; sacrifier quelque chose dans un esprit d’abnégation)
immunité : L'immunité de ce diplomate a été levée, car il a commis une faute très grave (protection accordée par la loi).
imparti : La réponse doit être fournie dans le temps qui vous est imparti (accordé).
impénitent : Cet homme me fatigue, car c’est un bavard impénitent (incorrigible, qui persiste dans sa conduite).
impérieux : Aider cette personne est pour moi une nécessité impérieuse (autoritaire ; irrésistible).
impéritie : L'impéritie de ce ministre me sidère (incompétence).
impie : Les incroyants ne sont pas nécessairement des impies (qui méprise la religion par ses actions ou ses paroles).
implication : Avez-vous réfléchi aux implications de votre décision (conséquence) ?
implicite : Tu devras reconnaître que ta déclaration équivaut à un aveu implicite (sous-entendu).
impliquer :
1) Tu ne pourras plus lui faire confiance depuis qu’il est impliqué dans un scandale financier (mettre quelqu’un en cause)
2) Votre changement d'attitude implique l'annulation du contrat (avoir comme conséquence logique).
3) La lutte implique une certaine dose de courage (comporter de façon implicite).
impondérable : Il faudra tenir compte de certains facteurs impondérables lorsque tu décideras de créer cette entreprise (ce qu’on ne peut évaluer ou prévoir).
importun : Cette intrusion importune a perturbé le concert (qui dérange en intervenant au mauvais moment).
imposture : Avant les élections, les belles paroles des politiciens font parfois songer à des impostures ( tromperie qui consiste à se faire passer pour ce que l’on n’est pas, supercherie, discours mensonger).
imprécation : Tu as eu peur, car il t’a lancé des imprécations (discours de malédiction lancée à l'encontre de quelqu'un).
imprescriptible : J’estime que les crimes qu’il a commis sont imprescriptibles (qui n’est pas susceptible de prescription — la prescription est un délai officiel à la fin duquel certaines obligations cessent d’être en vigueur —, qui a une existence ou une valeur immuable, qui est ineffaçable).
impressionnisme :
1) L’impressionnisme fut parfois critiqué, car il refusait de copier le réel ( école française de la fin du XIXème siècle : le peintre ne veut pas reproduire la réalité telle quelle, mais seulement les impressions lumineuses que cette réalité, souvent fugace, provoque en lui).
2) J’apprécie l’impressionnisme de ces écrivains, car leurs descriptions semblent subjectives (style de certains artistes qui souhaitent rendre, par le langage ou les sons, des impressions fugitives).
impudence : Il a eu l'impudence de me réclamer de l'argent (insolence).
impunité : La protection de ses amis politiques lui assure l'impunité (le fait de ne pas être sanctionné).
imputer : On n’aurait pas dû vous imputer cette faute (attribuer à quelqu’un la responsabilité de quelque chose).
in extenso : Je suis content, car mon article sera publié in extenso (intégralement).
in extremis : Heureusement qu’il ait été sauvé in extremis (au tout dernier moment).
inadvertance : Excusez-moi, mais j'ai omis votre nom par inadvertance (inattention).
inanité : Je n’apprécie pas l’inanité de certaines conversations (caractère de ce qui est vide, futile, vain).
inanition : C’est incroyable, mais il est mort d'inanition (privation de nourriture).
incantation : Tu seras dépaysé, car tu entendras les incantations des sorciers (formules magiques, action d’enchanter).
incidence : Ta manière de travailler pendant l’année scolaire aura une incidence sur le résultat de tes examens (influence, répercussion).
incisif : Le discours incisif de cet orateur ne me convainc guère (acerbe, mordant, qui attaque ou touche profondément).
inclination : J’ai de l'inclination pour les voyages pleins d’aventures (le fait d’éprouver du goût pour, penchant).
incomber à : Je vous signale que ces responsabilités vous incombent (être à la charge de quelqu’un).
incommensurable : Je suis ébahi par ces espaces incommensurables (immenses).
incomplétude : On ne peut échapper à l'incomplétude de la condition humaine (finitude, sentiment d’inachèvement, d’insatisfaction de soi).
incompressible : Les charges que tu dois payer pour ton appartement sont incompressibles (qu'on ne peut comprimer, réduire).
inconditionnel : J’éprouve une admiration inconditionnelle pour les médecins sans frontières (absolue, sans condition).
incongru : Vos bavardages durant le concert sont incongrus (inconvenant, contraire aux usages, déplacé).
inconscient : Les rêves sont une manifestation de l'inconscient (ensemble des phénomènes psychiques qui échappent à la conscience mais influencent le comportement).
incontinence : Votre incontinence verbale est insupportable (absence de retenue au niveau de la parole).
incriminer : Te rends-tu compte que ces ministres ont été incriminés dans cette affaire (mettre en cause, rendre quelqu’un responsable d'une faute) ?
inculte : Un esprit inculte aura bien entendu peine à comprendre cette théorie (qui est sans culture).
incurie : L’incurie de ce gouvernement est à signaler (négligence, laisser-aller, manque de conscience professionnelle).
incursion : Après avoir écrit plusieurs pièces de théâtre, il a fait une incursion dans le genre romanesque (entrée d’envahisseurs en pays ennemi ; entrée brusque ; pénétration dans un domaine qui n’est pas le sien).
indéfectible : Je peux compter sur lui, car notre amitié est indéfectible (qui ne fait pas défaut, parfaitement fiable).
indéniable : Il faudra que tu me fournisses des preuves indéniables (qu’on ne peut nier).
indigence :
1) Il ne faut pas sous-estimer l’indigence des pauvres du quart monde (misère, pauvreté extrême).
2) L’indigence de ce travail ne témoigne pas de ta volonté de réussir (grande pauvreté intellectuelle)
indigène : Je suis étonné de découvrir les coutumes indigènes de cette tribu (issu d’une ethnie vivant dans le pays avant sa colonisation).
indûment : Il a eu l’audace de réclamer indûment un congé (à tort, illégitimement).
ineffable : Lorsque j’ai rencontré cet ancien ami, mon bonheur était ineffable (indicible, qui ne peut être traduit par des mots tellement c’est puissant)
inéluctable : Étant donné que tu n’as pas beaucoup travaillé, ton échec est inéluctable (inévitable).
ineptie : Arrête de dire des inepties (sottise) !
inertie : Je ne comprends pas ton inertie alors que tant de choses doivent être encore réalisées (manque total d’activité).
inextinguible : Cette femme éprouve une haine inextinguible à l’égard de l’homme qui a abusé d’elle (qu’on ne peut apaiser).
infaillibilité : L’infaillibilité de cette tactique est encore à prouver (caractère d’une réalité qui ne peut pas ne pas réussir ; qualité d’une personne qui ne peut pas se tromper).
infamie : Je suis sans voix face à l’infamie de cet homme qui cherche à séduire son entourage pour mieux en profiter (caractère de ce qui est honteux, infâme, ignoble).
inféodé (à) : Tu ne pourras pas le convaincre, car il est totalement inféodé à cette secte (qui est totalement soumis à).
inférer : De ces chiffres, on peut malheureusement inférer qu’il a falsifié la comptabilité (déduire, conclure).
infirmer : L’expérience a infirmé votre théorie (démentir, discréditer, détruire).
infrastructure :
1) Je suis étonné par l’absence d’une infrastructure routière dans certains pays africains (ensemble des équipements économiques ou techniques).
2) Marx faisait la distinction entre l’infrastructure et la superstructure (dans le vocabulaire marxiste, l’infrastructure désigne l’ensemble des rapports de production et l’organisation économique d’une société).
infuse (avoir la science —) : Les élèves rêvent d’avoir la science infuse (posséder la connaissance sans avoir eu à étudier).
ingénu : C’est une ingénue, car elle ne perçoit même pas qu’elle est manipulée (candide, naïf, prêt à tout croire).
ingérence : L’ingérence dans la vie privée d’une vedette est le propre d’une certaine presse à sensation (fait de s’immiscer dans le domaine d’autrui).
ingérer (s’) : Respecte les autres en ne t’ingérant pas dans leur vie (s’introduire dans les affaires d’autrui) !
inhérent : Tu ne peux fuir tes responsabilités, car cette tâche est inhérente à ta fonction (qui fait partie de).
inhibition : Un public nombreux a engendré une inhibition chez cet orateur (blocage, paralysie).
inimitié : En étant perpétuellement égoïste, il s’attire des inimitiés (hostilité, aversion).
iniquité : Je fus très déçu, car le jugement qui fut rendu était d’une évidente iniquité (injustice).
initiatique : Elle était heureuse, car elle pouvait participer aux cérémonies initiatiques (qui initie quelqu’un à une connaissance).
innocuité : L’innocuité de médicament n’est pas encore prouvée (absence de nocivité).
inopiné : Je peux témoigner que leur rencontre fut vraiment inopinée (inattendu, fortuit).
insatiable : Cet élève me surprend, car sa curiosité est insatiable (qui ne peut être rassasié).
insidieux : Il a piégé les candidats en leur posant des questions insidieuses (qui cherche à tromper, sournois).
insigne (adj.) : Les mérites de ce cinéaste sont insignes : je comprends qu’il ait gagné la Palme d’or (remarquable, manifeste, éclatant).
insipide : J’ai vu un film assez médiocre, car les personnages étaient insipides (ennuyeux, plat).
insolvable : Tu devras patienter, car il est reconnu comme étant un débiteur insolvable (qui ne peut pas payer ses dettes).
instance :
1) Je ne te conseille pas de céder à ses instances (sollicitation pressante).
2) Je devrai demander un avis aux instances politiques du parti (autorité responsable).
instar (à l’) : À l’instar de son père, il a commencé à fumer (à l’exemple de).
instigateur : L’instigateur de la révolte n’a pas été retrouvé (meneur).
institutionnaliser : Les droits des immigrés ne sont toujours pas institutionnalisés (reconnaître officiellement).
insulaire : Le fait que les Anglais soient parfois peu ouverts est peut-être dû à leur mentalité insulaire (relatif à une île).
insurger (s’) : Je comprends qu’il s’insurge contre l’injustice (se révolter).
intangible : Je ne modifierai pas les règles, car, pour moi, elles sont intangibles (à quoi l’on ne peut toucher, qu’on n’a pas le droit de modifier, sacré).
intègre : J’admire cet homme, car il est intègre (honnête, incorruptible).
intégrer : Tu devrais essayer d’intégrer cette personne dans notre groupe (faire entrer).
intégrisme : L’intégrisme islamique est source d’intolérance (attitude religieuse qui exige un strict respect des dogmes et des textes sacrés).
intégrité : L’intégrité du juge me semble primordiale (honnêteté).
intellect : Sur le plan de l’intellect, il est insurpassable, mais, dans la vie de tous les jours, il ne fait pas toujours preuve d’intelligence (faculté de raisonner).
intelligible : Je te demande d’écrire un texte intelligible (clair, facile à comprendre).
intempestif : Te rends-tu compte que ta démarche est intempestive (inopportun, qui se produit au mauvais moment) ?
intemporel : Huis clos de Sartre est une pièce de théâtre intemporelle (qui est étranger au temps, invariable).
interaction : On observe une interaction entre la hausse des salaires et la hausse des prix (action réciproque de deux phénomènes).
intercéder : J’intercéderai pour toi auprès du patron (intervenir en faveur de quelqu’un).
intérioriser : N’oublie pas que les enfant intériorisent les tensions familiales (faire entrer dans sa vie intérieure) !
intimer : Je n’ai pas le choix, car on m’a intimé l’ordre de quitter la maison (signifier impérativement).
intimiste : Cette oeuvre intimiste nous change des grosses productions américaines (qui exprime les sentiments les plus profonds de la vie intérieure).
intrigant : Je me méfie de cet homme d’affaires, car c’est un intrigant (qui recourt à des manoeuvres pour parvenir à ses fins).
intriguer :
1) verbe transitif : Il m’intrigue avec ses cachotteries (rendre perplexe ou curieux).
2) verbe intransitif: Il a obtenu ce poste en intriguant (recourir à des manoeuvres).
intrinsèque : Peux-tu me dire quelle est la valeur intrinsèque de ce tableau (inhérent, qui appartient à) ?
introspection : C’est un film psychologique qui offre des personnages pratiquant l’introspection (observation intérieure de soi-même).
introversion : L’introversion empêche de découvrir le monde extérieur (tendance à se replier sur soi).
invariant : Les défenseurs du sport considèrent celui-ci comme un invariant culturel (réalité constante).
invective : Je te conseille de ne plus proférer des invectives contre cet homme qui ne t’a rien fait (insulte, injure, attaque verbale).
inventorier : Quel désordre ! Il est temps que j’inventorie mes archives (faire l’inventaire de).
investigation : Les investigations du détective n’ont hélas rien donné (recherche méthodique).
investir :
1) Je suis étonné que cet homme, qui ne me semblait pas compétent, soit investi de pouvoirs exceptionnels (conférer une charge ou un pouvoir officiellement à quelqu’un).
2) Les gens avaient peur, car la ville était investie par l’armée (entourer avec des troupes).
3) Il a trop investi dans sa vie professionnelle, au détriment de sa vie familiale (donner de son énergie à quelque chose).
invétéré : Tu ne peux pas avoir confiance en lui, car c’est un menteur invétéré (qui est tel depuis longtemps).
iota : Ne changez pas un iota à ce texte, car il est très beau (très petite chose) !
ipso facto : Votre refus vous a placé ipso facto en position délicate (automatiquement).
irascible : Tu dois lui parler avec délicatesse, car c’est un homme irascible (irritable, qui se met très vite en colère).
irrationnel : Ton opinion me semble trop irrationnelle, car elle se base trop sur tes sentiments (qui n’est pas du domaine de la raison ; déraisonnable, illogique).
irréfutable : Il faudra que vous m’apportiez les preuves irréfutables de son innocence (indiscutable, incontestable).
irrépressible : Toute la foule se retourna sur cet homme qui était pris d’un fou rire irrépressible (qu’on ne peut réprimer).
irrévérencieux : Son discours au roi me semblait à certains moments irrévérencieux (impertinent, impoli, irrespectueux).
irréversibilité : L’irréversibilité du temps est un fait que l’on doit accepter (caractère de ce qu’on ne peut inverser).
isotope : Le chlore possède deux isotopes (corps simple dont le noyau a un nombre identique de protons).

 

J


jalonner : Il est heureux que le professeur ait jalonné les étapes du travail (déterminer au moyen de repères).
jansénisme : Le jansénisme exige de tout faire pour mériter la grâce de Dieu (doctrine religieuse de Jansénius datant du XVIIe siècle : le jansénisme met l’accent sur la toute puissance de Dieu et de sa grâce. Seule la grâce peut sauver l’homme pécheur. Mais Dieu n’est pas obligé de sauver automatiquement tout homme qui le désirerait. La théorie de la prédestination stipule en effet que la grâce est accordée aux uns et refusée aux autres).
jauger : Jauger les qualités d’un candidat (mesurer ; apprécier la valeur de quelqu’un ou de quelque chose, juger).
joug : Ce peuple a souffert pendant des années, car il était sous le joug d’un tyran (réalité pesante que subit quelqu’un).
jouvence : Animer ce stage pour les jeunes fut, pour moi, un bain de jouvence (ce qui confère une nouvelle jeunesse).
jubiler : J’ai jubilé à la naissance de mes enfants (exprimer sa joie).
juguler : Il faudra que le gouvernement jugule l’inflation (arrêter, interrompre le mouvement).

 

K


kitsch (ou kitch) : J’ai horreur des décor kitsch que l’on découvre dans certains spectacles (se dit d’une réalité caractérisée par l’usage hétéroclite d’éléments démodés ou populaire, considérés comme de mauvais goût).

 

L


laconique : Tu dois développer ta pensée, car tes réponses sont trop laconiques (bref, concis).
lacunaire : Ma mémoire est lacunaire, car ces souvenirs sont trop lointains (qui présente des lacunes).
laïcisation : On observe une laïcisation de l’enseignement officiel (évolution vers la laïcité).
laïcité : Les athées prônent la laïcité de l’État (caractère de ce qui est laïque c’est-à-dire de ce qui ne fait pas partie du clergé, de ce qui est indépendant de toute religion).
lancinant : La mort de ses enfants le traumatise comme un souvenir lancinant (qui obsède en tourmentant).
languir : Dépêche-toi, car cette attente me fait languir (souffrir d’impatience) !
lapidaire : J’avais des difficultés à cerner la profondeur de sa pensée, car ses paroles étaient souvent lapidaires (concis, laconique : le mot « lapidaire » ne s’emploie que pour les expressions alors que le mot « laconique » peut s’appliquer également aux personnes).
lascif : Ils n’appréciaient pas la danse lascive de leur fille ( très sensuel).
latent : Une haine latente risquait de jaillir à tout moment (caché, sous-jacent).
latitude : Je suis satisfait, car j’ai toute latitude d’agir (liberté d’action).
laudateur : Je ne supporte pas les laudateurs hypocrites (personne qui fait des louanges) !
laxisme : Le laxisme des autorités a désorganisé le pays (tolérance excessive).
lénifiant : Son discours lénifiant n’avait pour but que de manipuler l’auditoire (apaisant, calmant,adoucissant).
lèse-majesté (crime de) :
1) J’estime que la mise en cause de la royauté est un crime de lèse-majesté (atteinte à la majesté d’un souverain).
2) Cette émission a consacré trois minutes à interviewer ce grand écrivain : c’est un crime de lèse-majesté (atteinte grave à quelqu’un ou à quelque chose de respectable).
léser : Je tenais à vous signaler que ce testament a lésé votre famille (désavantager, causer du tort à).
lésiner :
1) Il est parfois énervant, car il lésine sur tout ce qu’il achète (économiser avec avarice).
2) Ne pas lésiner sur : Il ne faut jamais lésiner sur l’éducation de ses enfants (ne pas hésiter à employer les moyens nécessaires).
léthargie : Il faudra que je retrouve de l’énergie, car, ce matin, je suis tombé dans une léthargie (torpeur, sommeil profond, état d’abattement profond).
leurrer : Je suis écoeuré, car on nous a leurrés par des promesses (tromper volontairement).
libellé : Il faudra que tu écoutes attentivement le libellé du jugement (formulation précise d’un texte ou d’un acte officiel).
libertaire : La foule fut choquée par son discours libertaire (anarchiste).
libertin :
1) Son esprit libertin lui faisait refuser tous les dogmes religieux (personne qui ne se fie qu’à la raison et refuse toute croyance religieuse : le mot était fort utilisé au XVIIème siècle)
2) Les libertins ne respectent pas la morale (se dit de personnes qui mènent une vie déréglée, s’adonnant au plaisir sans respecter la morale).
libido : Il voulait satisfaire sa libido en fréquentant les prostituées (recherche instinctive du plaisir et surtout du plaisir sexuel).
libre arbitre : Je tiens à user de mon libre arbitre dans cette affaire (faculté de choisir par sa seule volonté).
libre examen : Le libre examen n’accepte comme véritable que ce qu’admet la raison, ou ce que prouve l’expérience (principe en vertu duquel chacun peut examiner librement, en faisant usage de son esprit critique, les diverses questions philosophiques ou religieuses sur lesquelles il veut se prononcer).
libre pensée : La libre pensée rejette les dogmes religieux (attitude d’esprit qui consiste à ne se fier qu’à la raison et à refuser toute croyance religieuse).
libre-échange : La doctrine du libre-échange facilite l’ouverture aux pays voisins (système économique basé sur la liberté des échanges commerciaux).
licence (adjectif :licencieux) : Il ne faut pas que la liberté dégénère en licence (liberté excessive qui aboutit à une conduite immorale).
liesse : La foule était en liesse lorsqu’elle gagna le championnat du monde (joie collective).
limoger : Ce haut fonctionnaire fut limogé, car il était corrompu (révoquer, destituer).
litanie : Sa litanie de réclamations commence à nous énerver (longue énumération monotone de plaintes et de demandes).
litige : Un litige oppose parfois les voisins (désaccord, contestation).
logique :
1) Au sens philosophique : À l’université, des cours de logique sont parfois organisés (science du raisonnement et de sa validité).
2) La logique de son discours m’épate (manière de raisonner cohérente, rigoureuse, juste).
3) La logique économique veut que la bourse chute lorsque les gens consomment moins (suite cohérente de faits qui ont des relations entre eux).
logorrhée : Après son silence, nous fûmes surpris par une logorrhée (flot de paroles).
loquace : Il n’est pas très loquace, car il a de gros problèmes (qui parle beaucoup).
louvoyer : Je préfère les êtres directs à ceux qui louvoient (ruser, aller au but de façon sinueuse).
lubrique : C’est à Pompéi que j’ai découvert des peintures lubriques (qui a un vif penchant pour les plaisirs charnels).
lucratif : Il ne sera pas pauvre, car ses entreprises sont très lucratives (qui rapporte de l’argent).
ludique : Des activités ludiques sont proposées aux jeunes enfants (relatif au jeu).
luxure : Toute sa vie il s’est vautré dans la luxure (débauche).

 

M


macabre : Il avait peur de certaines images macabres (sinistre, qui a trait à la mort).
machiavélisme (adjectif : machiavélique) :
1) Doctrine de Machiavel (1469-1527), auteur de l’essai célèbre Le Prince. Pour Machiavel, l’homme d’État, pour gouverner efficacement, ne doit pas se préoccuper des moyens qui peuvent être immoraux.
2) Il l’avait séduite avec un machiavélisme écoeurant (caractère d’une conduite cynique, froidement calculatrice).
machisme : Je suis éberlué de me rendre compte que le machisme règne encore dans certaines mentalités européennes (domination de la femme par l’homme).
magistral :
1) Il me surprenait, car il parlait toujours avec un ton magistral (qui, par son caractère imposant, pourrait convenir à un maître).
2) J’étais en admiration devant ce roman magistral (qui est exécuté de main de maître).
magnanime : Je l’admirais, car il était magnanime à l’égard de ses ennemis (qui pardonne).
magnifier : L’amour est magnifié par les poètes (glorifier).
malédiction : Il se croit poursuivi par une malédiction (malheur voulu par le destin ou par la puissance divine).
maléfique : Ce personnage maléfique suscitait une grande crainte (qui produit le mal, qui exerce une action néfaste).
malignité :
1) Le degré de malignité de sa tumeur est assez élevé (nocivité).
2) C’est un homme dont tu peux te méfier, car il agit par pure malignité (méchanceté, malveillance d’une personne)
malversation : Ce fonctionnaire était coupable de malversations (opération financière malhonnête, détournement de fonds).
mandataire : Les élus sont les mandataires des électeurs (personne agissant pour le compte d’une autre).
manichéen : Ce politicien a une vision manichéenne de sa tâche, dans la mesure où il perçoit ses adversaires comme des salauds et ses amis comme des saints (qui conçoit les choses selon des oppositions tranchées : elles sont totalement bonnes ou totalement mauvaises).
manichéisme :
1) Le manichéisme a été condamné comme hérésie par l’Église chrétienne (religion du philosophe persan Mani — IIIème siècle —, selon laquelle le monde est le lieu d’un combat éternel entre le Bien et le Mal considérés comme deux principes fondamentaux, égaux et antagonistes).
2) Le manichéisme de certains westerns est parfois horripilant (opposition simpliste du bien et du mal).
maniérisme : Le maniérisme de son style me hérisse à certains moments (style manquant de naturel).
mansuétude : Ce juge, très sévère, est dénué de toute mansuétude (bonté, indulgence).
manu militari : Les manifestants n’ont pas pu rester longtemps sur la place, car ils ont été chassés manu militari (par la force).
marasme : Ses échecs l’ont plongé dans une profond marasme (désarroi, découragement ; stagnation).
martial : L’allure martiale de cet individu m’impressionne (relatif à la guerre, qui se montre disposé à combattre).
marxisme : On peut comprendre que le marxisme ait eu du succès auprès des masses exploitées ( Doctrine philosophique, économique et politique élaborée par Karl Marx et Friedrich Engels. Il affirme que la réalité première du monde est la matière, et non pas un Dieu, ou l’esprit, ou l’intelligence. Pour le marxisme, c’est la vie matérielle et économique des hommes qui engendre les structures sociales et politiques. Le marxisme défend en outre la classe ouvrière souvent exploitée par la classe possédante. Il estime que le prolétariat doit venir à bout de la bourgeoisie qui l’exploite et du capitalisme qui l’asservit).
mascarade : Ce débat télévisé me fait honte, car il n’est qu’une mascarade (mise en scène trompeuse, manifestation hypocrite ou ridicule).
mass media : Les mass media manipulent souvent l’opinion publique (ensemble des moyens de communication de masse : presse, radio, télévision, cinéma, affiches publicitaires).
mastodonte : L’encyclopédie Universalis est le mastodonte de la culture (réalité gigantesque) !
maussade : Le temps est encore maussade (désagréable).
mécène : Cette troupe théâtrale a de la chance, car elle est soutenue par des mécènes (personne qui aide financièrement les artistes).
mécréant : Son père, qui était mécréant, lui permit malgré tout d’aller à la messe (incroyant).
média(s) : voir mass média
médiation : Il a proposé sa médiation afin de réconcilier les membres du groupe (intervention destinée à faciliter un accord ; ce qui sert d’intermédiaire).
médiatique : On oublie parfois que le pouvoir médiatique est immense (relatif aux médias).
méduser : Je suis médusé par son insolence (frapper de stupeur, stupéfier).
mégalomane : Ce général est dangereux, car c’est un mégalomane (qui est d’une ambition excessive).
mémento : Ce mémento te facilitera les choses, car tu y trouveras la synthèse de l’affaire (agenda où l’on note ce dont on doit se souvenir ; résumé d’une ou plusieurs matières).
mentor : Ce professeur m’a aidé à réussir, car il a été mon mentor (conseiller sage et expérimenté).
mercantile : J’ai horreur de cette conception mercantile des rapports humains (qui recherche le profit).
mercantilisme : Notre société de consommation est basée sur le mercantilisme (état d’esprit mercantile).
merci (sans) : Je fus stupéfié par la violence de ce combat sans merci (sans pitié).
métaphysique : Les scientifiques qui accordent de l’intérêt à la métaphysique sont rares (partie de la philosophie qui étudie les problèmes fondamentaux de l’être , de la connaissance, de la nature du réel, du sens de notre univers, de l’existence ou non de Dieu. Alors que la physique étudie le monde « tel qu’il est » et le « comment » de son évolution, la métaphysique va au-delà et se pose la question du « pourquoi »).
méticuleux : Je ne suis pas étonné par la qualité d’analyse de cet élève, car il est extrêmement méticuleux (très attentif aux moindres détails).
métropole : Cannes est souvent considérée comme la métropole du cinéma (ville principale).
miasme : Il m’est difficile de quitter la maison, car le chantier dégage des miasmes (émanation nauséabonde).
mièvre : Les chansons commerciales françaises sont souvent mièvres (fade, sans grande originalité).
migratoire : La région est abandonnée suite aux flux migratoires qui l’ont vidée de ses habitants (relatif aux migrations de la population, c’est-à-dire aux populations qui émigrent ou se déplacent).
mimésis : Le roman nouveau, qui refuse la reproduction du réel, s’insurge contre la théorie de la mimésis (théorie élaborée par Aristote pour qui l’art est avant tout une représentation du réel : l’oeuvre doit imiter la nature).
mimétisme :
1) Le mimétisme du caméléon (capacité qu’ont certaines espèces animales de se confondre avec le milieu environnant).
2) La publicité flatte les adeptes du mimétisme pour créer des comportements d’achat collectif (tendance humaine à reproduire machinalement — ou sciemment — les gestes, les comportements et le langage d’autrui).
miroir aux alouettes : Votre promesse n’était qu’un miroir aux alouettes (réalité fascinante et trompeuse).
misanthrope : Je peux comprendre qu’il vive en ermite, car c’est un misanthrope (personne qui déteste le genre humain) !
misérabilisme : Ce film me semble trop démonstratif, car il est imprégné de misérabilisme (tendance à représenter, dans les oeuvres, les aspects les plus miséreux de la condition humaine).
misogyne : Un phallocrate est souvent misogyne (personne qui méprise les femmes).
mitigé : Mes sentiments sont mitigés à son égard, car son attitude ne fut pas irréprochable (nuancé, incertain, partagé ; peu enthousiaste).
mobile : De nombreux avocats recherchent les mobiles d’un crime dans l’enfance de l’accusé (ce qui pousse à agir).
modique : Je n’ai dû payer qu’une somme modique pour ce dictionnaire (peu important).
moduler : Il faudra moduler la répartition de l’aide en fonction des besoins (faire varier).
modus vivendi : Après une lutte acharnée, les adversaires ont trouvé un modus vivendi (compromis, accord provisoire).
molester : Les touristes se sont plaints, car ils ont été molestés par des voyous (maltraiter, malmener).
monogame : Dans notre civilisation européenne, la loi impose aux personnes mariées d’être monogames (qui n’a qu’un seul conjoint).
monolithique : Sa pensée monolithique manque totalement d’ouverture (tout d’un bloc, sans nuance)
monopole : Les gens sont mécontents, car il a le monopole du commerce de fruits exotiques (privilège exclusif que l’on a ou que l’on se donne sur la vente de biens, sur l’exploitation de services, voire sur des biens moraux).
monothéisme : L’Islam,le Judaïsme et le Christianisme sont des monothéismes (croyance en un Dieu unique).
moratoire : Les participants du Congrès sont satisfaits, car les prochains essais nucléaires seront précédés d’un moratoire (délai qui précède la poursuite d’une activité).
morbide : Ses amis le fuient, car il commence à avoir des goûts morbides (malsain, déséquilibré).
morigéner : Cet élève paresseux a été morigéné (réprimander, sermonner).
motif : J’apprécie moins ce tableau, car il a pour motif un paysage trop réaliste (sujet d’une œuvre d’art ; raison d’agir).
muses :
1) Le Parnasse était le lieu de séjour des Muses (dans la mythologie grecque, chacune des neuf déesses qui avaient pour tâche de présider aux arts).
2) Certains poètes, en panne d’inspiration, invoquent les Muses (symbole de l’inspiration poétique).
mutisme : Il s’enferme malheureusement dans son mutisme (refus de parler).
myriade : Le ciel est merveilleux ce soir, car des myriades d’étoiles le traversent (quantité innombrable).
mysticisme :
1) Le mysticisme bouddhiste se caractérise par la recherche du nirvana (croyance religieuse ou philosophique en la possibilité d’une union intime et directe de l’être humain avec la divinité).
2) Il ne faut pas confondre la spiritualité et le mysticisme (foi fervente à caractère intuitif).
3) Le mysticisme révolutionnaire croit pouvoir assurer le bonheur des hommes libérés (attitude générale, en matière de croyance ou de doctrine philosophique, qui se fonde sur le sentiment plutôt que sur la raison).
mystifier : La presse à sensation aime mystifier le public (tromper, abuser de la crédulité de quelqu’un).
mystique :
1) adjectif : Dans la poésie de Baudelaire, le mot « mystique » apparaît fréquemment (qui a un sens spirituel caché ; qui est relatif au mysticisme).
2) nom : Les saints sont en général des mystiques (personne qui s’adonne au mysticisme).
mythe :
1) Certains mythes anciens expliquent pourquoi nous sommes mortels (récit imaginaire et symbolique : il raconte l’histoire d’une communauté ou symbolise des aspects de la condition humaine ou traduit les croyances, les aspirations, les angoisses de la collectivité pour laquelle le mythe a un sens).
2) Le mythe de la femme fatale est souvent développé au cinéma (représentation simplifiée et amplifiée de la réalité).
mythologie : Il est capital de connaître certains aspects de la mythologie gréco-romaine qui continuent à inspirer de nombreux intellectuels d’aujourd’hui (ensemble des mythes d’une civilisation).
mythomane : Ne crois pas trop à ce qu’il te dit, car c’est un mythomane (personnage qui tend à mentir, à simuler, à fabuler).


un clic pour la suite N à P

                                                                        Illustration : Emilio Danero


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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 23:35
Emilio DaneroLe vocabulaire essentiel (2)

Voici la suite du vocabulaire essentiel qui répertorie les mots de la lettre D à la lettre F.

 

D

dada : La moto qu’il a achetée est son nouveau dada (occupation favorite).
dam : Il jouit de nombreux privilèges au grand dam de ceux qui vivent dans la pauvreté (au préjudice de, au détriment de).
damnation : Étant donné les nombreuses fautes commises, il craint la damnation (condamnation aux peines de l'enfer) !
dandysme : Son goût pour le dandysme ne me surprend pas lorsque j’observe son air insolent (recherche de manières raffinées et élégantes, supposées traduire une certaine supériorité).
débiteur : Il est temps que tu penses à moi, car tu es mon débiteur (personne qui doit de l'argent à quelqu'un).
décennie : Un siècle comporte dix décennies (période de dix ans).
décimer : La peste a malheureusement décimé la population (faire périr un grand nombre de personnes ou d'animaux).
déconcerter : Son attitude arrogante m’a déconcerté (désorienter, décontenancer quelqu'un).
décupler : L'espoir a décuplé sa volonté de réussir (grossir, augmenter intensément).
dédale : Le dédale de tes pensées ne facilite pas la compréhension de ton raisonnement (labyrinthe, ensemble embrouillé de réalités abstraites).
défalquer : On a dû défalquer vos dettes de votre salaire (soustraire).
défection : La défection de certains membres de notre équipe a affaibli notre volonté d’action (fait d'être absent, d'abandonner).
déférence : Il manifeste de la déférence envers cet homme qui l’a beaucoup aidé (attitude de très grand respect).
défiance : Ce politicien m'inspire de la défiance, car il modifie constamment son point de vue (méfiance).
déficience : Elle est rentrée en clinique, car ses déficiences sont multiples (insuffisance, faiblesse).
défrayer :
1) Heureusement qu’il souhaite me défrayer (décharger quelqu’un de ses frais) !
2) La guerre en Irak a longtemps défrayé la presse (être le sujet essentiel ou unique de).
dégaine : Il a une de ces dégaines (allure bizarre, ridicule) !
dégénérer : Les programmes de télévision dégénèrent (se dégrader).
délation : Pendant la seconde guerre mondiale, certaines personnes ont pratiqué la délation à l’égard des juifs (dénonciation lâche).
délégation :
1) L’envoyé du ministre, bénéficiant d’une délégation de pouvoir, a pu signer le contrat (action de transmettre des pouvoirs ou des responsabilités à quelqu’un d’autre).
2) Le ministre a reçu une délégation des syndicats (groupe de personnes chargées d'un mandat).
délétère : Il a malheureusement subi une influence délétère (nuisible).
déliquescence : Sous certains aspects, la société est en pleine déliquescence (dégradation, décadence).
déliter (se) : Il est déçu, car le mouvement politique qu’il a créé s’est délité sous l’action du temps (se décomposer, se désagréger).
démagogie : Il faut se méfier de la démagogie de certains professeurs (action de flatter les gens dont on veut obtenir le soutien, la faveur).
démanteler : Démanteler la mafia locale ne fut guère une chose aisée (détruire).
démarquer : Cet écrivain fut fort critiqué, car il a démarqué un roman existant (modifier légèrement une oeuvre de manière à dissimuler l’emprunt). Ne pas confondre « marquer » et « se démarquer » : De nombreux artistes aiment se démarquer des milieux conservateurs (se différencier, prendre ses distances d’avec quelqu’un).
démiurge : Beethoven est un véritable démiurge (artiste puissant).
démystifier : Il est heureux que cet article ait démystifié les gens qui croyaient encore à la valeur de ce politicien (détromper quelqu'un victime d’une mystification).
démythifier : Il faut démythifier les vedettes de cinéma (enlever son caractère de mythe à une réalité ou une personne).
dénaturer : Je regrette qu’il ait dénaturé mes propos (déformer).
dénégation : Les dénégations du condamné correspondaient à la vérité (démenti, refus de reconnaître un fait).
dénier : Je vous dénie le droit d'intervenir dans cette affaire (refuser d'accorder un droit ou nier un fait).
dénigrer : Il dénigre son patron (salir la réputation de).
déontologie : Un professeur qui donne des cours particuliers à ses élèves enfreint la déontologie (éthique propre à une profession).
dépens : Il s'adonne aux sports aux dépens de ses études (au détriment de).
déplorer : Je déplore cet incident fâcheux : j’espère qu’il ne se produira plus (regretter vivement).
dépolitisation : La dépolitisation des syndicats doit être développée (élimination du caractère politique d'une réalité).
dépositaire : Tu seras l’unique dépositaire de mon secret, car j’ai confiance en toi (personne qui reçoit, possède quelque chose d’immatériel).
dépraver : Ses mauvaises fréquentations l'ont malheureusement dépravé (corrompre, pervertir).
déprécier : Certains enfants ont tendance à déprécier leurs parents (dévaloriser).
déprédation : Les manifestants se sont livrés à des déprédations (dommages, dégradations).
dérision : Certains politiciens, qui n’ont pu tenir leurs promesses, ont été tournés en dérision (attitude de moquerie).
déroger (à) : On ne peut déroger à la loi (enfreindre, transgresser).
désabusé : Son échec l'a malheureusement désabusé (dégoûté, désenchanté).
désaffection : On constate une désaffection du public pour la poésie (perte d'intérêt pour ce qu'on aimait).
désagrégation : La désagrégation de son entreprise a provoqué son suicide (désintégration, écroulement, décomposition).
désaliéner : La population a enfin été désaliénée : elle a compris que le pouvoir était dans ses mains (libérer quelqu'un de son aliénation, c’est-à-dire de son état d’asservissement ou de dépendance).
désarroi : Sa maladie grave m’a plongé dans un profond désarroi (détresse morale).
désavouer : Les propos tapageurs de ce ministre ont été désavoués par ses collègues (désapprouver publiquement, ne pas avouer comme étant sien).
desiderata : Il a fait part de ses desiderata à son directeur (souhaits).
désincarné : Il était étonnant de constater que leur amour était désincarné ( qui néglige ou méprise les choses matérielles, privé de son corps).
désinformation : Faire courir ce bruit dénué de tout fondement, c'est de la désinformation (tromper le public en masquant les faits ou en répandant des fausses informations).
désintéressement : Je suis heureusement surpris qu’il ait accompli sa tâche avec désintéressement (absence d'intérêt personnel).
désintérêt : Je déplore le désintérêt de certains élèves pour le langage correct (manque d'intérêt).
dessein : Ce dictateur nourrit de cruels desseins (projet).
désuet : Cette coutume me semble assez désuète (sorti des habitudes, périmé).
déterminisme : Le déterminisme refuse d'admettre le hasard (doctrine selon laquelle tous les faits ont une cause bien déterminée).
détracteur : Votre théorie trop originale a beaucoup de détracteurs (personne qui critique quelqu'un ou quelque chose).
déviance : L’usage des drogues est une forme de déviance (conduite qui s'écarte des normes).
dévolu (jeter son dévolu sur) : J'ai jeté mon dévolu sur cette ville (fixer son choix).
dextérité : Je suis en admiration devant la dextérité de ce chirurgien (habileté manuelle, savoir-faire).
diapason : Il s'est mis au diapason de son associé (accord entre plusieurs personnes).
dichotomie :Il y a une dichotomie entre travail manuel et travail intellectuel (division nette entre deux réalités).
didactique : Un professeur ne peut oublier son matériel didactique (qui a rapport à l’enseignement).
diffamation : La diffamation peut faire l'objet de poursuites judiciaires (action de répandre des calomnies).
différend : Les voisins ont eu un différend à propos de la construction d’une véranda (désaccord).
différer : Il est regrettable que tu aies encore différé le vote (reporter à plus tard).
digression : Les élèves doivent éviter les digressions dans leur dissertation (développement qui s'écarte du sujet).
dilapider : Il a malheureusement dilapidé son héritage (gaspiller).
dilatoire : Ses manœuvres dilatoires ne nous feront pas progresser (qui tend à retarder, qui vise à gagner du temps ).
dilemme : Partir ou rester, quel dilemme (obligation de choisir entre deux possibilités qui présentent toutes deux des inconvénients) !
dilettante : Ce n’est pas un professionnel, car il pratique la musique en dilettante (amateur).
diligence : J’ai apprécié son attitude, car il a agi avec diligence (rapidité d'exécution, empressement).
dirigisme : Le dirigisme nuit à l'économie de certains pays (système économique dirigé par l'État).
discernement : Tu devras preuve de discernement (capacité de jugement clair et critique).
discréditer : Son attitude malsaine l’a complètement discrédité (détruire la réputation d’une personne).
discrétionnaire : Le gouverneur a des pouvoirs discrétionnaires (se dit d’un pouvoir qui est donné à une personne ou à une administration, laquelle peut en user en toute liberté, illimité, abusif).
discrimination : Les Juifs ont souffert de discriminations (le fait de séparer un groupe social des autres en le traitant plus mal, action de distinguer les choses les unes des autres, selon des critères définis).
disculper : L’accusé fut disculpé in extremis grâce à des témoignages (innocenter).
disert : Ce politicien disert convainc rapidement un auditoire (qui parle avec aisance).
disjonction : Je vous conseille d’opérer une disjonction entre ces deux idées avant de bien montrer leurs ressemblances éventuelles (séparation, action de disjoindre).
disparité : La disparité des salaires masculins et féminins est toujours d’actualité (manque d’égalité, discordance, dissemblance).
dispendieux : Il ne pourra jamais économiser, puisqu’il mène un train de vie dispendieux (coûteux).
dispos :Il est dans ton intérêt d’être frais et dispos avant de passer ton examen (en bonne forme).
dissension : Il est regrettable d’observer de nombreuses dissensions au sein de cette famille (désaccord).
dissident : Ce dissident est persécuté par les autorités (se dit de personnes qui se séparent d’un groupe dominant, rebelle).
dissipation :
1) J’observe la dissipation des nuages (dispersion).
2) La dissipation de cet élève ne l’aidera pas à réussir (distraction, manque de concentration)
3) La dissipation de son héritage ne lui permit pas d’assurer son avenir (dépense).
dissuader : Dommage qu’il m’ait dissuadé d'intervenir (convaincre de renoncer à un projet) !
distorsion : On observe parfois une distorsion entre l’offre et la demande (déséquilibre, discordance).
divergent : Des idées divergentes (qui s'éloigne radicalement).
diversion : L'intervention du ministre sur la culture a servi de diversion au problème grave du quart-monde (action qui détourne l'attention).
divertissement :
1) Les divertissements reposent l'esprit (amusement).
2) Sens pascalien : ensemble des occupations qui détournent l’homme de penser aux problèmes essentiels.
divulguer : Je t’inderdis de divulguer cette information capitale (rendre public).
docte : De plus doctes que moi vous diraient que je ne me suis pas trompé (savant).
doctrinaire : Cet homme manque réellement de souplesse, car il est doctrinaire (rigide, intransigeant).
dogmatique : Méfie-toi de lui, car il a un esprit dogmatique (relatif à la doctrine fondamentale d’une religion, d’une philosophie, d’une idéologie ; qui impose ses idées de façon autoritaire) !
dogmatisme : Le dogmatisme de ce professeur empêche le dialogue (position catégorique, attitude des personnes fermées à toute discussion).
dogme : La lutte des classes est un dogme du marxisme (vérité de base d'une doctrine religieuse ou philosophique).
donne : La candidature de cet homme a complètement modifié la donne (situation, ensemble des forces en présence).
draconien : Il est devenu malade, car il a suivi un régime draconien (trop sévère, top rigoureux).
drastique : Pour sauver le pays, des mesures financières drastiques devront être prises (contraignant, énergique, rigoureux).
dualisme : Le dualisme du bien et du mal peut être observé dans le manichéisme (doctrine expliquant la réalité à l'aide de deux principes fondamentalement opposés).
dualité : L’être humain offre une dualité, car il est composé d’une âme et d’un corps (caractère de ce qui est double, composé de deux éléments différents).
dubitatif : Il a paru dubitatif à l'annonce de cette terrible nouvelle (hésitant, incertain).
duper : Vous avez été dupé par cet escroc (tromper, berner).
duplicité : Au moment des élections, la duplicité est observable dans de nombreux milieux politiques (hypocrisie, fausseté).

 

E


échappatoire : Sa maladie lui sert d'échappatoire pour ne pas passer son examen (moyen d'échapper à une situation embarrassante).
échelle (de valeurs) : Mon échelle de valeurs privilégie l'honnêteté (ensemble de principes moraux).
échelonner : Pour ne pas être trop stressé, tu devras échelonner les dates de congé au long de l'année (disposer des éléments de façon régulière, dans l’espace ou dans le temps).
échoir :
1) Le rôle qui m'échoit ne me plaît guère (être attribué).
2) Tu ne pourras bénéficier de la garantie, car son délai est échu (arriver à échéance).
éclectisme : L’éclectisme est une qualité que j’admire beaucoup (variété de goûts ou d’intérêt).
édifiant : Ses propos sont édifiants : ils nous permettront de mieux comprendre son idéologie (qui est moralement constructif, qui est particulièrement révélateur).
édifier : Vouloir édifier l’avenir en s’inspirant du passé n’est pas toujours une bonne idée (construire, créer, établir).
édulcorer : Ce récit choquant a été édulcoré (adoucir).
effet : Il n'y a pas d'effet sans cause (résultat d'une action, conséquence).
efficience : J’apprécie l'efficience de sa politique économique (efficacité, performance).
effigie : Sur les pièces de monnaie, on perçoit l'effigie du roi (portrait).
effréné : Méfie-toi de sa jalousie, car elle est effrénée (sans limite).
effusion :
1) Des effusions de sang ont malheureusement eu lieu (débordement).
2) Assez d’effusions dit le prêtre, venons-en à l’ organisation de l’enterrement (manifestation sincère d’un sentiment) !
égalitarisme : L’ égalitarisme prône des droits sociaux identiques pour tous (doctrine qui réclame une égalité absolue entre les hommes en matière politique et sociale).
égérie : Brigitte Bardot est considérée parfois comme l'égérie de ceux qui souhaitent la protection des animaux (femme qui exerce une influence déterminante sur un homme ou un groupe de citoyens).
égide : Il est temps que tu te mettes sous l’égide d’une personne qui pourra t’aider (sous la protection de, sous le patronage de).
égrillard : Dès qu’il a peu bu, il devient égrillard (qui aime les propos grivois).
élucubration : On ne peut prendre au sérieux toutes ses élucubrations (pensée confuse et laborieuse qui est peu sensée).
éluder : J’aime les personnes franches qui n’éludent pas les questions (éviter, écarter adroitement).
émanciper : Simone de Beauvoir a contribué à l’émancipation de la femme (libérer, affranchir).
émaner de : Une grande force émane de toute sa personne (provenir de).
embargo : Les États-Unis ont décidé un embargo contre l’Irak en 1990 (mesure de contrainte prise à l’encontre d’un pays, interdisant l’exportation d’un certain type de marchandises vers ce pays).
emblée (d') : Je suis content, car le projet a été accepté d’emblée (du premier coup).
emblème : Louis XIV avait comme emblème le soleil (représentation imagée ou symbolique).
émergence : L’émergence de ce fait nouveau détruit la théorie que nous avions échafaudée (apparition soudaine).
émérite : C’est un médecin émérite, car il réussi de grandes choses ( très habile, très compétent, éminent).
éminent : Jacques Brel était un artiste éminent (élevé, remarquable).
émousser : À force de rencontrer des personnes incultes, son esprit s'est émoussé (atténuer, affaiblir).
empathie : Les infirmières doivent parfois se méfier des pièges de l’empathie (capacité à ressentir intérieurement les émotions d’autrui).
empirique : Les méthodes rationnelles s’opposent aux procédés empiriques (basé exclusivement sur l'expérience).
empirisme : Je peux comprendre son empirisme, car il s’est toujours méfié des théories (philosophie qui considère l'expérience comme la source de toute connaissance, mode de pensée et d’action qui ne s’appuie que sur l’expérience).
emporte-pièce (à l') : Il a un caractère à l'emporte-pièce (incisif, mordant, sans nuances).
émulation : Une saine émulation peut être positive pour les élèves (sentiment qui porte à égaler ou à surpasser autrui).
enclin : Il est malheureusement plus enclin à critiquer qu’à participer (porté naturellement à).
endémique : Certaines régions connaissent un chômage endémique (qui sévit constamment dans un pays, un milieu).
endiguer : La police a endigué le flot des manifestants (faire obstacle à, contenir).
engeance : Les extrémistes forment une engeance insupportable (ensemble de personnes méprisables).
engouement : Je ne comprends pas l’engouement actuel pour le GSM (passion soudaine).
enquérir (s') : Méfiez-vous, car il s'enquiert de votre adresse privée (s'informer de quelque chose, chercher à savoir).
enserrer : Les préjugés enserrent ton esprit (entourer en serrant étroitement).
entendement : L’entendement doit être distingué de la sensibilité (faculté de comprendre, ensemble des facultés intellectuelles).
entendre : Qu'entendez-vous par là (comprendre) ?
entériner : Je ne comprends pas que l’usage des drogues douces soit entériné par la société (confirmer, ratifier, approuver, admettre).
enticher (s') : Il s’est entiché d'une femme laide mais à l’intelligence exceptionnelle (se passionner pour).
entité : Le courant d’air et la vague sont des entités (réalité difficile à définir, à saisir, à cerner).
éphémère : Son bonheur a été éphémère, car il a perdu son épouse un an après son mariage (de très courte durée).
épicurisme : L'épicurisme de cet homme est visible, car il ne pense qu’à festoyer (doctrine du philosophe grec Épicure, selon laquelle pour être heureux, il faut fuir la douleur et rechercher le plaisir ; recherche du plaisir matériel).
équité : Cet homme est honnête, car il a le sens de l'équité (justice).
équivoque : J’aimerais que tu t’exprimes sans équivoque (ce qui a double sens, ambigu).
éradiquer : Il faudra éradiquer les germes de la maladie (supprimer radicalement).
ériger : Les criminels, qui ont été exécutés, ont été érigés en martyrs (construire, dresser ; changer, transformer).
ersatz : Ce produit n'est qu'un vulgaire ersatz (produit de remplacement).
érudit : Cet homme m’impressionne, car il est un véritable érudit (savant).
escamoter : À l’examen, il est préférable de ne pas escamoter certaines questions (éviter).
escient (à bon) : Il parle peu, mais il parle à bon escient (avec discernement).
escompter : Il ne désire plus atteindre ce bonheur trop escompté (compter sur, s’attendre à).
ésotérique : Ce discours ésotérique n'intéresse personne (difficile à comprendre, sauf par des initiés).
esprit de clocher : Il faut renoncer à l'esprit de clocher si l'on veut trouver un terrain d'entente (tendance à ne juger les choses que de son point de vue).
essence : L’essence de l’homme réside en la pensée (nature fondamentale d'une chose).
esthétique :
1) nom : Certains concepteurs pensent à l’esthétique d’un grille-pain (science du beau).
2) adjectif : Elle n’ aucun sens esthétique dans sa façon de s’habiller (qui se rapporte à la beauté)
estival : Une température estivale durant le mois d’avril est plutôt rare (qui concerne l'été).
état de grâce : Il est en état de grâce, car il a gagné son troisième match de tennis (période où tout semble favorable à quelqu'un).
étatisme : L'économie soviétique a souffert de l'étatisme (doctrine politique qui préconise un pouvoir quasi total de l'État dans le domaine économique et social).
étayer :Il faudrait étayer votre discours à l'aide d'exemples (soutenir).
éthique :
1) nom : Une éthique s'impose dans l'usage des nouvelles technologies (ensemble de principes moraux, de règles de vie).
2) adjectif : Elle est honnête, car des raisons éthiques l’ont poussée à agir (moral).
ethnique : «Français» est un nom ethnique (relatif à une ethnie, c'est-à-dire à un groupe partageant la même langue et la même culture : l’ethnie française englobe notamment la Belgique wallonne, la Suisse romande et le Canada français).
ethnologie : Grâce à l'ethnologie, la culture de cette tribu a pu être identifiée (science humaine qui étudie les diverses cultures humaines).
étioler (s') :À force de regarder certaines émissions de télévision, il me semble que ton intelligence s’étiole (dépérir) !
euphorie : Depuis que je connais mes résultats, je nage en pleine euphorie (sensation de bien-être, de joie intérieure).
euthanasie : La légalisation de l'euthanasie risque d'entraîner des abus (action de provoquer la mort pour abréger les souffrances).
éventuel : Pour te protéger d’une perte éventuelle, je te conseille d’agir rapidement (possible).
évertuer (s') : L’orchestre s’evertuait à jouer un slow pour un seul couple de danseurs (s'efforcer de).
évincer : Les manoeuvres de ce politicien sont destinées à évincer un candidat (éliminer, exclure).
ex cathedra : S’exprimer dans un débat ou ex cathedra, c’est très différent (d'un ton dogmatique, solennel, doctoral).
exacerbé : Sa colère m’a impressionnée, car elle était exacerbée (poussé à son paroxysme).
exaction : Les exactions serbes en territoire bosniaque furent nombreuses (actions violentes commises par des soldats ou des policiers, mauvais traitements, sévices).
exaltation : Nous étions passionnés, car il parlait de la littérature avec exaltation (euphorie, surexcitation, intensité).
exaucer : Mes voeux ont été exaucés, car la maladie l’a quitté (accorder à quelqu'un ce qu'il demande).
exclusive : Sans aucune exclusive, je tenais à dire que les candidats devront malgré tout être testés (mesure d'exclusion).
exécrable : Ses parents se sont fâchés, car son comportement est exécrable (détestable).
exempter : Il est content, car il est exempté du service militaire (dispenser de)
exhaustif : Une encyclopédie n’est jamais exhaustive (complet, qui épuise le sujet traité).
exhorter : J’exhorte le peuple à se libérer de ce pouvoir autoritaire (inciter à).
exode : L’ exode rural est incontestable, car les paysans souhaitent travailler en ville (migration massive ; fuite vers l’étranger de personnes ou de choses).
exorbitant : Il faudrait que vous vous calmiez, car vos prétentions sont exorbitantes (qui est excessif, déraisonnable).
exorciser : J’espère que ce livre exorcisera vos angoisses (délivrer quelqu'un d’un mal moral).
exotisme : Ce récit de voyage était fascinant par son exotisme (dépaysement causé par des civilisations lointaines).
expansion : L'expansion économique accroît le revenu national (développement, extension, augmentation en importance).
expectative : Je préfère rester dans l'expectative avant de me décider (attitude de prudence, d'attente).
expédient : Plutôt que de recourir à des expédients il aurait dû prendre des mesures définitives (moyens sommaires et provisoires, palliatifs).
expier : Il a cru expier ses fautes en acceptant son emprisonnement (subir une peine, en raison d'une faute commise et se laver ainsi de la culpabilité éprouvée).
explicite : Je ne dois pas te demander des explications supplémentaires, car tes paroles sont explicites (qui est clairement dit, sans équivoque, sans sous-entendu).
expressionnisme : Van Gogh est le précurseur de l'expressionnisme (mouvement artistique et littéraire basé sur l'expression du monde intérieur de l'artiste).
expurger : L’auteur n’est pas content, car son éditeur veut expurger son roman de tous les passages érotiques (éliminer d'un texte ce qui est jugé contraire à la morale).
extatique : Sur son visage, on lit une joie extatique (béat, ravi, enthousiasmé).
extension : L'extension des activités de la société fera prospérer celle-ci (expansion, élargissement).
extirper : Il est urgent d’extirper le racisme de notre société (enlever totalement).
extorquer : La torture vise à extorquer des aveux ou des informations (obtenir quelque chose de quelqu'un contre sa volonté, par la force ou par la ruse).
extraction :
1) Les mines servent à l'extraction des minerais (fait d'extraire, d'arracher).
2) Il était considéré comme un homme de basse extraction (origine sociale).
extrapolation : Étant donné que la gauche avait gagné aux élections, il voyait déjà, par extrapolation, poindre la révolution (induire une hypothèse à partir d’une donnée connue, généralisation abusive) !
extravagant : Cet homme ne sera pas accepté dans le groupe, car il a un comportement extravagant (qui sort des limites de la normalité).
extraversion : Son extraversion lui permettra de mieux comprendre le monde qui l’entoure (tendance à se tourner vers le monde extérieur).
extrinsèque : La valeur extrinsèque d'une marchandise est fixée par le marché (qui vient de l'extérieur).
exubérance : C’était un original, car il manifestait ses sentiments avec exubérance (exagération, surabondance).
exulter : Ayant terminé mon travail, j'exulte (manifester une joie intense) !
exutoire : Le sport est un bon exutoire pour un individu nerveux (moyen de se défouler).

 

F

fabulateur : Les enfants sont souvent des fabulateurs (personnage qui raconte comme vraies des histoires imaginaires).
fabulation : Le récit de ses exploits me semble être une fabulation (imagination, invention mensongère).
fabuler (affabuler) : Comme je vous ai vu faire l'école buissonnière, il est inutile d'affabuler (élaborer un récit imaginaire ou une invention mensongère) !
facétieux : Ce personnage facétieux vous a encore fait une blague (qui a le goût de la plaisanterie).
faconde : Cet orateur possède une remarquable faconde (facilité de parole).
factice : Je ne crois pas à vos regrets factices (qui est faux ou qui manque de naturel).
facture : La facture de ce tableau est irréprochable (qualité technique d'une œuvre d'art).
fallacieux : Je suis désolé, mais vos arguments sont fallacieux (trompeur).
falsifier : Cet escroc a falsifié le montant du chèque (fausser quelque chose dans l'intention de tromper).
famé (bien ou mal ) : Un quartier mal famé (qui a mauvaise réputation).
famélique : Dans de nombreux pays sous-développés, les enfants sont faméliques (affamé et amaigri par la faim).
fanatisme : Le fanatisme religieux aboutit à des violences (croyance exagérée en une idée, une religion ou un homme, qui rend intolérant à l’égard de ceux qui ne partagent pas les mêmes idées ; enthousiasme excessif).
fantasmagorie : Je suis ébahi par la fantasmagorie de ce feu d'artifice (spectacle féerique).
fantasme : Il serait temps qu’il revienne sur terre, car il vit dans ses fantasmes (représentation imaginaire, plus ou moins obsessionnelle, qui hante l’esprit d’une personne).
fantasque : On ne peut pas faire confiance à cet être fantasque (fantaisiste, capricieux ; bizarre).
fantoche : Ce gouvernement fantoche est incapable de diriger le pays (sans consistance, qui se laisse mener comme une marionnette).
faramineux : La dette publique atteint un niveau faramineux (extraordinaire, fabuleux).
farfelu : Votre théorie sur la spéculation est assez farfelue (un peu folle, bizarre).
fascisme :
1) C’est Mussolini qui a instauré le fascisme (système politique que Mussolini établit en Italie en 1922, basé sur le totalitarisme, le corporatisme, le nationalisme et le respect des structures capitalistes)
2) On a pu parler d’un fascisme hitlérien (doctrine ou système politique visant à instaurer un régime autoritaire, nationaliste et totalitaire comparable au fascisme)
faste : Le faste de cette cérémonie nous a impressionnés (déploiement de luxe, de richesse).
fatalisme :
1) Les anciens Grecs croyaient au fatalisme (doctrine philosophique selon laquelle les événements et la destinée des êtres sont fixés à l’avance par une volonté surnaturelle comme Dieu, la Fatalité ou le Destin. L’homme n’ y peut rien. Il n’a pas de liberté ).
2) Il s'est plié à cette décision avec fatalisme (attitude de résignation).
fatalité :
1) Le thème de la fatalité est fort présent dans la tragédie grecque (puissance surnaturelle qui régit le cours des événements)
2) Si tu crois à la fatalité des événements, tu renonceras malheureusement très vite à créer ta vie (caractère de ce qui est fixé par le destin, de ce qui se produit de façon inéluctable ; suite de circonstances malheureuses qui semblent voulues par le sort).
fatidique : Nous avions cru que la date du 31 décembre 1999 serait un moment fatidique (marqué par le destin).
fatras : Débarrasse-moi de ce fatras d'objets qui encombre le passage (amas confus, ensemble hétéroclite de choses).
fatuité : Je n’apprécie pas son air plein de fatuité (vanité).
fauvisme : Le fauvisme utilisait des couleurs pures, violentes, employées par tons juxtaposés (mouvement pictural français du début du XXe siècle).
faux-fuyant : Ne cherchez pas de faux-fuyant pour esquiver ma question (détour par lequel on évite de répondre à une question ou de prendre une décision).
fébrilité :Il est tellement heureux de partir qu’il s'affaire avec fébrilité (excitation, nervosité).
fécond : Cette série de télévision est féconde en rebondissements (qui produit beaucoup, qui est fertile, abondant, fructueux).
félicité : En terminant son oeuvre, l'artiste atteint la félicité (grand bonheur, joie suprême).
ferment : Un ferment de révolte agite le peuple qui est exploité (ce qui fait naître un sentiment, une idée ou qui entretient une agitation).
féru : Lorsque j’assiste au cours de ce professeur, je perçois qu’il est féru d'histoire (passionné).
férule (être sous la — de) : Il a appris son métier sous la férule de son père (sous l'autorité de).
ferveur : Je ressentais son bonheur, car il m’a remercié avec ferveur (enthousiasme que l'on met dans une activité ou l'expression de sentiments).
festif : Vous serez content, car des occupations festives vous attendent (qui a rapport à la fête).
fétichisme : Le fétichisme de ce collectionneur est assez inquiétant (attachement exagéré à un objet).
fidéisme : Le fidéisme est opposé au rationalisme (attitude basée sur la foi ou une croyance sentimentale, et non sur la raison).
fielleux : On peut comprendre les propos fielleux de cet homme à l’égard de l’assassin de ses enfants (plein de haine).
figuratif : L'art figuratif est opposé à l'art abstrait (qui représente la forme réelle des choses).
finalité : Quelle est la finalité de votre intervention (but poursuivi) ?
finitude : On ne peut s’opposer à la finitude de la condition humaine (caractère de ce qui est fini, limité dans le temps et dans l'espace).
flagrant : J’estime que tu as commis une erreur flagrante (qui saute aux yeux, qui n’est pas niable).
flegmatique : Méfie-toi de l'apparence flegmatique d'un lion (calme, peu émotif) !
flexibilité : Ton nouveau travail exige une flexibilité des horaires (aptitude à changer facilement pour pouvoir s’adapter aux circonstances).
florilège : Ce livre est un florilège de poèmes anciens (recueil de textes choisis).
foisonnant : J’ai particulièrement apprécié ce livre, car il est foisonnant d'idées (qui produit en quantités abondantes et variées).
fomenter : Il faudra réagir rapidement, car les anarchistes ont fomenté une révolte (préparer secrètement une action néfaste).
fondement : Certains estiment que la religion est le fondement de la morale (principe essentiel, élément de base).
for intérieur (en, dans mon, son etc. — ) : Je suis heureux d’apprendre qu’en son for intérieur, il regrette sa conduite ( au plus profond de soi-même).
forfaiture : Il a été accusé à tort de forfaiture (trahison, déloyauté).
formaliser (se) : Cet homme est assez susceptible, car il se formalise pour un rien (être choqué d’un manquement à la politesse, au savoir-vivre, aux conventions sociales).
formel : J’affirme, d’une manière formelle, que vous ne pouvez pas boire en classe (parfaitement clair, sans équivoque).
fortuit : Cette panne fortuite nous a hélas retardés (qui se produit de façon imprévue, par hasard).
fortune : Il n’a pas pu vivre de son talent d’écrivain, car ses livres ont connu des fortunes diverses (ensemble d’événements qui arrivent à quelqu’un, destinée, chance ou malchance).
fourvoyer (se) : Suite à cette erreur, vous vous êtes malheureusement fourvoyé dans vos calculs (s'égarer, se tromper complètement).
foyer : Je suis satisfait, car le foyer de la maladie a été localisé (lieu central d'où provient quelque chose).
frayer : Rimbaud et Baudelaire ont frayé la voie à la poésie moderne (ouvrir, tracer un chemin).
frayer avec : Il frayait peu avec ses collègues, car il était solitaire (fréquenter quelqu'un).
frelaté : Méfions-nous de ces marchandises, car elles sont frelatées (altéré dans sa pureté, pas naturel).
frénésie : Il sera difficile de calmer la foule qui est en pleine frénésie (état d'excitation, d’agitation).
frugal : Avant l'effort, tout repas doit être frugal (se dit d'une alimentation simple et peu abondante ; austère, sobre).
fruste : Évitons de côtoyer ce personnage fruste (grossier, sans finesse).
frustrer : Il n’a pas eu de chance, car la vie l'a souvent frustré (décevoir, plonger dans l'insatisfaction).
fugace : Mes souvenirs sont fugaces, car ma mémoire défaille (qui passe et disparaît rapidement).
fulminer : Il fulmine contre le ministre qui dévalorise systématiquement le monde de l’enseignement (faire éclater sa colère en lançant des reproches ou des injures).
funèbre : On ne peut dire que son moral est bon, car ses pensées sont funèbres (qui est relatif à la mort, aux funérailles ; qui évoque ou exprime des idées de mort ou de sombre tristesse).
funeste : Il ne s’est pas rendu compte qu’il avait commis une erreur funeste (qui cause le malheur ou la mort ; qui entraîne de graves conséquences).
furibond : J’étais décontenancé, car il me lançait un regard furibond (furieux avec un certain excès).
fustiger : Des journalistes ont fustigé certains politiciens qui étaient manipulateurs (critiquer violemment).
futile : Ces propos futiles ne nous intéressent pas (vain, frivole, insignifiant).
futurisme :
1) Le futurisme était un mouvement révolutionnaire (mouvement littéraire et artistique, né en Italie au début du XX ème siècle, qui exalte tout ce qui, dans la vie moderne, annonce un futur en rupture totale avec le passé (en particulier la vitesse, la violence de la vie urbaine, la machine).
2) Au dernier salon des inventeurs, j’ai pu découvrir le futurisme de certaines innovations (attitude de ceux qui recherchent, dans tous les domaines, ce qui préfigure le futur ; caractère de ce qui annonce le style de l’avenir).

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                                                                        Illustration : Emilio Danero

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5 décembre 2010 7 05 /12 /décembre /2010 23:36
J’aimerais rendre hommage au talent de Bruno Hongre, auteur d’un ouvrage remarquable «Le dictionnaire portatif du bachelier», paru aux Éditions Hatier en 2002. Ce livre, couronné par l’Académie française, recense environ 3000 mots et expressions dont le sens devrait être acquis par les étudiants avant d’aborder l’enseignement supérieur. Je recommande vivement l’achat de cet ouvrage qui est devenu un outil indispensable pour mes étudiants.
Cet article est le premier des cinq articles qui vous offriront environ 1500 mots essentiels permettant de comprendre les termes abstraits et concepts facilitant le travail de l’étudiant confronté à des textes parfois très abstraits. Vous n’y trouverez pas les mots appartenant au domaine littéraire, puisqu’un autre article y a été consacré (voir Lexique littéraire).
Ces cinq articles sont un avant-goût du livre de Bruno Hongre dont ils s’inspirent en partie.
Sur le plan pédagogique, il est inutile d’étudier par coeur des définitions de mots. Aussi, pour chaque mot, j’ai créé une petite phrase permettant de mieux comprendre le sens du mot en question. Après cette phrase, vous trouverez, placée entre parenthèses, la définition du mot.
Il est évident que le vocabulaire doit toujours être assimilé dans un contexte si l’on souhaite qu’il soit acquis en profondeur.

 

 

A

abomination : Laisser les gens mourir de faim est une abomination (horreur suprême, mal abominable).
a fortiori : Acheter une voiture est ruineux, a fortiori deux (à plus forte raison).
a posteriori : A posteriori, la situation s’est révélée meilleure que prévu (en partant de l’expérience, après coup).
a priori : A priori, j’accepte votre raisonnement (au premier abord, à première vue).
aberration : Par quelle aberration peut-il dire que le soleil tourne autour de la terre (erreur de jugement) ?
abhorrer : J’abhorre l’avion (détester, avoir en horreur quelqu’un ou quelque chose) !
abject : Ton comportement est abject, car tu as osé l’insulter (répugnant, ignoble).
abjurer : Déçu par certaines idées, cet écrivain abjura le protestantisme (renoncer à une religion).
abnégation : Il fut récompensé, car il servit son pays avec abnégation (dévouement total).
abois (être aux) : Cet homme est aux abois suite à la faillite de son entreprise (être dans une situation désespérée).
abrasif : Il faut se méfier du sable qui est une substance abrasive (qui use par frottement).
abroger : Il faudra abroger cette loi, car elle est injuste(annuler, abolir).
absoudre : Malgré les fautes qu’il a commises, je désire l’absoudre (pardonner à).
abstraction : Le concept de beauté idéale est une abstraction (idée abstraite).
abstrait : Ta théorie me semble fort abstraite (qui est éloigné de la réalité concrète).
acariâtre : Les belles-mères ne sont pas toujours acariâtres (d’humeur désagréable) !
accalmie : Après avoir vécu ces nombreuses crises politiques, j’attends une période d’accalmie (période de calme après l’agitation).
acception : Le mot «amour» a de nombreuses acceptions (signification d’un mot).
accession :Malheureusement l’accession au pouvoir de ce dictateur est passée inaperçue (fait d’accéder, d’arriver à quelque chose).
accointances : Ne te tracasse pas ! J’ai des accointances dans ce milieu (relations, connaissances).
accoutumance : On peut hélas observer une accoutumance à l’alcool (fait de s’habituer progressivement).
accréditer :
1) Ce journaliste est talentueux : je l’ai donc accrédité pour travailler dans ce pays (donner l’autorité nécessaire pour agir en qualité de).
2) Ces événements ne sont pas des rumeurs Je les accrédite (faire croire à la réalité d’une chose, rendre plausible, authentifier).
acerbe : Ce critique n’est pas toujours apprécié, car ses articles sont parfois acerbes (blessant, mordant, virulent).
achopper : Les discussions ont duré longtemps, car elles ont achoppé sur un problème éthique (buter sur un obstacle).
acquiescer : Il se croit une victime, car on n’acquiesce pas à sa demande. Elle acquiesce d’un signe de tête, car elle est muette (donner son accord, consentir à).
acquis (nom) :
1) Je l’apprécie, car il a de l’acquis (savoir acquis, expérience acquise).
2) Les acquis sociaux ont fait progresser notre société (ce qui est obtenu définitivement).
acquit :
1) Veuillez me donner un acquit de paiement (reconnaissance écrite d’un paiement).
2) Par acquit de conscience, je le lui rappellerai (pour délivrer sa conscience de tout regret).
acrimonie : Cet homme est désagréable, car il ne sait pas parler sans acrimonie (humeur agressive).
acuité : Je ne supporte guère l’acuité du froid. Ce médecin a mesuré mon acuité visuelle. J’apprécie l’acuité de son esprit (caractère ce qui est aigu, intense, fin, perçant, aussi bien au sens propre qu’au sens figuré).
adéquat : Ce lieu de vacances me semble adéquat (approprié).
adjurer : Je t’adjure de changer de conduite (supplier, demander instamment).
admonester : Cet enfant turbulent a été admonesté (réprimander sévèrement).
aduler : Ce chanteur est apprécié : les jeunes l’ont adulé (flatter, combler de louanges).
adversité : Cet homme est courageux, car il demeure stoïque dans l’adversité (situation défavorable ou malheureuse).
affable :J’étais heureusement surpris, car le portier était affable (aimable, accueillant).
affectation :
1) Étant donné que ma société a bien évolué, j’envisagerai l’affectation de ces bénéfices à l’achat de plusieurs ordinateurs (destination à un usage déterminé).
2) Je n’apprécie guère sa manière de parler, car son langage est plein d’affectation (manque de naturel ou de simplicité).
affecter :
1) Il a été affecté par la nouvelle de ce décès (toucher).
2) Il a été affecté au service des achats (désigner, nommer).
3) Cet homme affecte l’indifférence, mais en réalité il est très sensible (afficher, faire semblant de).
affliction : La disparition de son mari a plongé cette femme dans l’affliction (vive douleur).
agnosticisme : L’agnosticisme de cet homme le rend proche des réalités concrètes (doctrine selon laquelle l’esprit humain ne peut connaître que ce qui est à la portée des sens et de la raison. L’agnostique refuse donc de se prononcer sur les problèmes religieux ou métaphysiques, car il estime qu’ils échappent à l’intelligence de l’homme).
agnostique : Certaines connaissances sont agnostiques, d’autres sont athées (qui refuse de se prononcer sur les questions religieuses et métaphysiques).
agréer : Malgré vos compétences, je ne peux agréer votre proposition (recevoir favorablement).
aguerrir (s’) :
1) Le froid l’a aguerri, car il a vécu longtemps au Canada (habituer à supporter des épreuves difficiles).
2) Il s’est aguerri à travers toutes les épreuves qu’il a vécues (s’endurcir).
ajourner : Il fut stupéfait d’apprendre qu’il avait été ajourné (renvoyer à une date ultérieure, remettre à une date ultérieure).
alambiqué : Ce film m’a déçu, car le scénario est assez alambiqué (exagérément compliqué).
aléatoire : Contrairement à ce qu’il croit, son succès est bien aléatoire (incertain, hasardeux).
alibi : Le témoignage de ses voisins lui a servi d’alibi (excuse ou preuve permettant de se disculper).
aliénation :
1) L’aliénation entraîne une mesure d’internement ou de protection (trouble mental qui rend l’individu comme étranger à lui-même et à la société où il est incapable de mener une vie sociale normale).
2) Votre condamnation a entraîné l’aliénation de vos droits politiques (perte).
3) La cravate est devenue parfois un symbole d’aliénation ou de pouvoir (état de l’individu qui ne s’appartient plus, qui devient dépendant, étranger à sa propre vie).
allégation : Je ne supporte plus tes allégations mensongères (affirmation).
allopathie : Beaucoup de gens se font soigner par l’allopathie et oublient les médecines alternatives (médecine classique qui traite le mal par des remèdes contraires au mal).
alter ego : Je vois en lui mon alter ego, car j’ai en lui une totale confiance (personne de confiance, ami par qui l’on se sent capable d’être remplacé).
altercation : Une altercation dans la rue a malheureusement réveillé tout le quartier (dispute).
altéré : Il est regrettable que le temps ait altéré sa santé (modifier, changer en mal).
altérité : La philosophie contemporaine a souvent étudié la notion d’altérité (fait d’être un autre, caractère de ce qui est autre).
alternative : La fin de ses études l’a placé dans une alternative difficile (situation qui comporte deux possibilités entre lesquelles il faut choisir).
altier : Son attitude altière ne me plaît pas (fier, orgueilleux).
altruisme : Vivre ensemble nécessite un minimum d’altruisme (intérêt pour autrui, désir de se dévouer aux autres).
ambages (sans) : J’aimerais que tu t’expliques sans ambages (sans détours, de façon franche et directe).
ambiguïté : L’ ambiguïté de ses réponses l’a fait échouer à son examen (caractère de ce qui présente plusieurs sens possibles, de ce qui est difficile à interpréter).
ambivalence : L’ambivalence de ses sentiments à l’égard de sa mère peut se comprendre (caractère de ce qui a deux valeurs se sens opposé).
amender (s’) : Ce voleur s’est amendé : curieux revirement (s’améliorer, se corriger de ses fautes) !
amenuiser (s’) : Malheureusement vos chances de réussir s’amenuisent (devenir plus petit) !
amertume : Votre amertume est grande, car vous avez dû nous quitter (sentiment de tristesse et de déception, rancœur).
amnésie : L’accident a hélas provoqué chez lui une amnésie (perte de mémoire).
amnistie : Grâce à l’amnistie, le condamné a pu sortir de prison (acte du pouvoir législatif qui efface une condamnation).
amoral : Cet être amoral n’est pas fait pour enseigner la religion (indifférent à la morale).
amorce : Cet incident fut l’amorce d’une guerre (commencement, début).
amputer : La censure a exigé que ce film soit amputé de trois minutes de scènes violentes (retrancher, couper).
anachronique :
1) Dans le film Ben-Hur, la montre que porte un des joueurs de trompette est plutôt anachronique (qui résulte d’un anachronisme : l’anachronisme est une erreur volontaire ou involontaire qui consiste à placer dans une époque donnée des réalités qui appartiennent à une autre époque) !
2) Les grands-parents ont parfois des idées anachroniques (qui est d’un autre âge, vieilli, désuet).
anal (stade) : Cet enfant en est encore à son stade anal (deuxième phase de la sexualité infantile s’organisant autour de l’anus).
analyse : Vous survolez le sujet : votre analyse de ce roman n’est donc pas satisfaisante (opération intellectuelle qui consiste à décomposer une réalité en ses éléments fondamentaux, pour mieux en établir les relations).
anarchie : L’absence de règles fait régner l’anarchie (désordre, absence d’autorité).
anathème : Pendant la guerre en Irak, les pacifistes ont jeté l’anathème sur le gouvernement américain (condamnation).
antagonisme : L’antagonisme entre ces deux pays peut mener à une guerre (rivalité, lutte).
antécédent : Vos bons antécédents plaident en votre faveur (actes ou faits appartenant au passé de quelqu’un).
antédiluvien : Mon ami a un esprit conservateur, car son véhicule est antédiluvien (très ancien, archaïque).
anthropocentrisme : Pascal refusait la vision de l’anthropocentrisme, car il a toujours fait comprendre que l’homme n’était qu’un simple habitant d’une petite planète (tendance à considérer l’homme comme le centre de l’univers).
anthropologie : L’anthropologie englobe l’ethnologie et la sociologie (ensemble des sciences qui étudient l’être humain dans toutes ses manifestations psychologiques, sociales et culturelles).
anthropomorphisme : La religion grecque était basée sur l’anthropomorphisme, car la divinité était conçue à l’image de l’homme (tendance de notre esprit à projeter des formes humaines ou des sentiments humains sur les choses).
anticlérical : Les propos des athées sont souvent anticléricaux (opposé à l’influence et à l’intervention de l’Église dans la vie publique, qui se méfie de l’Église).
antidote : Lorsque tu travailleras, tu trouveras peut-être un antidote à ta tristesse (remède, contrepoison).
antipode (le plus souvent au pluriel) :Je ne peux partager votre point de vue, car votre pensée est aux antipodes de la mienne (qui est l’extrême opposé de quelque chose).
apanage : L’art ne doit plus être l’apanage d’une élite (privilège, bien exclusif).
apathique : Elle était devenue apathique, car elle était accoutumée au malheur (amorphe, sans réaction, indolent).
apocalyptique : Les pompiers étaient atterrés, car la situation leur semblait apocalyptique (qui évoque l’image d’une fin du monde catastrophique).
apogée : Après avoir obtenu le poste de Directeur, il était à l’apogée de sa carrière (point culminant, sommet).
apolitique : Je n’ai pas encore découvert un syndicat apolitique (politiquement neutre).
apostolat : Être médecin de campagne est un véritable apostolat (métier qui demande l’énergie d’un apôtre).
apothéose : La soirée s’est terminée en apothéose par un feu d’artifice (moment suprême).
apôtre : Cette femme est merveilleuse, car, toute sa vie, elle s’est fait l’apôtre de la justice (personne qui défend une idée, une doctrine, une philosophie).
appréhender :
1) Il était temps que la police appréhende ce voleur (saisir, arrêter).
2) Il m’est difficile d’appréhender cette notion fort complexe (comprendre).
3) Il faut que je trouve une solution, car j’appréhende déjà les examens de fin d’année (craindre, redouter).
âpreté : L’âpreté de l’hiver ne me fait pas plaisir (caractère dur, pénible, rude, violent).
arbitrage : L’arbitrage du ministre a permis d’aboutir à un compromis (règlement d’un conflit).
arbitraire :
1) Un choix est purement arbitraire (qui dépend de la seule volonté humaine, du «libre arbitre», et non d’une règle ou d’une loi préexistante).
2) J’estime que ces décisions sont arbitraires (qui dépend du seul bon plaisir ou du caprice d’une personne en position d’autorité).
arcanes : Je ne comprends guère les arcanes du monde politique (mystères, secrets).
archétype : Dans Oedipe-roi de Sophocle, Freud a découvert l’archétype de la relation du fils au père et à la mère (modèle originel sur lequel se basent les écrivains, peintres...).
argutie :Ta théorie n’est construite que sur des arguties (raisonnement pointilleux et souvent trompeur).
arrière-garde :Tu mènes un combat d’arrière-garde, car tes idées sont dépassées (groupe de personnes en retard sur la modernité).
arroger (s’) :Il s’est arrogé le droit de le licencier (s’attribuer des avantages, des pouvoirs auxquels on n’a pas droit).
ascendant : Hitler possédait un ascendant sur les foules (autorité, influence morale).
ascèse : Certaines religions imposent une ascèse (exercices qui tendent à fortifier l’esprit par la maîtrise du corps).
ascétisme : L’ascétisme est enseigné aux religieux (vie austère centrée sur la maîtrise du corps).
aseptiser :
1) Tu n’as rien à craindre, car ces locaux sont aseptisés (stériliser, désinfecter).
2) Ce ne sont que de beaux quartiers aseptisés (sans vie, sans intérêt, sans originalité).
asocial : Le délinquant a souvent un comportement asocial (qui s’oppose aux règles de la vie en société).
assener :
1) Sa maman lui a assené une gifle, car il était désobéissant (frapper, donner un coup)
2)Tous les jours nous sommes assenés par les slogans publicitaires (imposer brutalement)
asservir : Je ne désire pas asservir cette population qui a déjà tellement souffert (maîtriser, réduire à la servitude).
assimiler : Le danger de l’assimilation des étrangers est de ne plus respecter leurs différences (rendre semblable au reste de la communauté).
assouvir : En tuant cet homme il a voulu assouvir un désir de vengeance (satisfaire complètement).
assumer : Assumer une responsabilité (accepter en toute conscience, prendre à son compte).
atavisme : Son fils aime la politique par atavisme (caractère héréditaire).
atermoiements : Après bien des atermoiements, la loi a enfin été votée (action de remettre à plus tard).
athée : Les incroyants sont des athées (personne qui nie l’existence de toute divinité).
atrophie : À force de regarder des émissions stupides, tu risques d’être victime d’une atrophie intellectuelle (dégradation, dépérissement).
atypique : Le comportement de cet homme est atypique (qui s’écarte de la norme).
augure : Le fait que tu travailles régulièrement est de bon augure (présage).
augurer : Je n’augure pas grand-chose de cette attitude flatteuse (prévoir).
auguste : Je suis heureux de t’inviter dans mon mon auguste demeure (noble, sacré, vénérable).
aura : Elle m’enveloppa d’une aura de bonheur (rayonnement, émanation positive que dégagent moralement certaines personne).
auspices :
1) Prendre les auspices était une pratique ancienne (chez les Anciens, présages tirés du comportement des oiseaux).
2) Il est né sous de bons auspices (signes, présages).
austérité :
1) Tout le monde n’apprécie pas l’austérité de la vie monacale (sévérité, rigueur).
2) Le gouvernement nous impose souvent une période d’austérité (vie de privation, d’économies).
3) Cette façade est sobre : j’apprécie son austérité (refus des ornements et des facilités dans le domaine artistique).
autarcie : Ce pays est tellement riche qu’il vit en autarcie (état d’un pays qui se suffit à lui-même).
autisme : L’autisme doit être soigné (maladie psychique caractérisée par un désintérêt total vis-à-vis du monde extérieur et le repli sur soi-même).
autochtone : Certains autochtones n’aiment pas les touristes (qui est originaire du territoire où il habite, contrairement aux immigrés).
autodidacte : Il semble évident qu’un dictionnaire soit indispensable à un autodidacte (personne qui s’instruit elle-même, sans professeur).
autogestion : L’autogestion a beaucoup plu au personnel de cette entreprise (système dans lequel le personnel d’une entreprise participe aux prises de décision).
avachissement : Son état d’avachissement ne présage rien de bon (effondrement lent, perte d’énergie).
avatar : Le projet de loi a subi de nombreux avatars : il n’en reste plus grand-chose (changement, transformation).
avenant : Le propriétaire a ajouté un avenant au contrat de location (acte écrit qui est ajouté à un contrat pour officialiser certaines modifications apportées à celui-ci).
aversion : J’ai de l’aversion pour cet individu, car il est pédophile (répugnance, vive antipathie).
avilir :
1) Je comprends que ses mauvaises fréquentations l’aient avili (corrompre, souiller).
2) s’avilir : Il s’avilissait en fréquentant des prostituées (se déshonorer)

B

badinage : Son badinage perpétuel m’empêche de le prendre au sérieux (action de plaisanter légèrement).
bafouer : Il n’oubliera jamais qu’il a été bafoué en public (offenser gravement, mépriser).
bailleur (de fonds) : Tu devrais le respecter, car c’est notre bailleur de fonds (celui qui avance ou donne de l’argent pour une entreprise).
baliser : Je te conseille de baliser les étapes de ta lecture (jalonner de points de repère qui permettent de se guider).
bavure : L’exécution d’un innocent, quelle bavure (excès regrettable, abus regrettable dans le domaine politique ou social) !
belligérants : Après dix années de conflit, les belligérants ont fini par conclure la paix (états en guerre).
belliqueux : Méfie-toi de lui, car il a un tempérament belliqueux (qui aime se battre).
bénin : Je suis heureux d’apprendre que ta maladie est bénigne (sans conséquence grave).
béotien : À force de ne jamais vouloir ouvrir ton esprit à la culture environnante, tu risque de devenir un béotien (personnage inculte, peu ouvert aux lettres et aux arts, de goûts grossiers).
bévue : Je vous ai pris pour quelqu’un d’autre : excusez ma bévue (grossière erreur).
bibliophile : La foire du livre attire les bibliophiles (personne qui collectionne les livres précieux et rares).
bilatéral : Des accords bilatéraux (qui engage réciproquement deux personnes, deux parties contractantes, deux états).
bilieux : Je suis déçu par son caractère bilieux (irascible, colérique).
blasphème : Maudire Dieu est un blasphème (injure à l’égard d’une personne ou d’une chose considérée comme sacrée ou respectable).
bohème : Les personnes supportant mal notre monde parfois trop bien réglé apprécient la vie de bohème (vie d’artiste désordonnée, s’opposant au mode de vie rangé, conforme, du milieu bourgeois).
bonhomie : Il a un air de bonhomie touchant (qualité de l’homme à la fois bon et simple, bienveillance, simplicité).
bouc émissaire : On a malheureusement désigné un bouc émissaire pour expliquer l’échec du projet (personne que l’on charge de toutes les fautes).
boulimie:
1) La boulimie peut rendre obèse (faim continuelle, insatiable).
2) Sa boulimie de lectures est impressionnante (passion dévorante).
braver :
1) J’admire cet homme qui brave la mort (affronter courageusement).
2) Il a osé braver l’autorité du roi (défier avec fierté ou insolence).
briguer : Malgré son incompétence, il brigue un poste de ministre (convoiter).
brimer : Ces enfants ont été brimés par une éducation autoritaire (maltraiter).
bureaucrate : Ce ministre agit comme un bureaucrate (fonctionnaire, employé rempli du sentiment de son importance et abusant de son pouvoir sur le public).
butte (être en butte à) : Cet élève est en butte aux vexations de ses compagnons de classe (être la victime de).

C

cabale : Il fut malheureusement victime d’une cabale (manoeuvres secrètes, complot).
cabotin : Il n’appréciait pas cet avocat qui agissait en parfait cabotin (personne qui cherche à épater par un comportement théâtral).
caduc : Il faudra réviser cette loi, car elle est caduque (périmé, démodé).
calvaire : Cet homme est courageux, car sa maladie est un vrai calvaire (longue et douloureuse suite d’épreuves, de souffrances).
candide : Cet homme est assez candide pour croire n’importe quoi (naïf, crédule).
canevas : Ces comédiens improvisent une pièce à partir d’un simple canevas (ébauche, schéma d’un ouvrage ou d’un exposé).
canon : Les canons de la beauté sont difficiles à définir (règles ou modèles à imiter pour créer de belles oeuvres, idéal artistique).
cantonade (à la) : Tu ne devras pas individualiser ton exposé : il te suffira de parler à la cantonade (en s’adressant à tout le monde sans paraître viser quelqu’un).
captatif : Il a toujours souffert de l’amour captatif de sa mère (qui cherche à accaparer quelqu’un).
carcan : Les écrivains surréalistes ne supportaient pas le carcan de la morale (contrainte, entrave).
carcéral : Vivre dans un univers carcéral n’est pas chose aisée (relatif à la prison).
carence : Cet enfant souffre d’une carence en vitamines (manque, insuffisance).
carpe diem : Puisque tu n’as pas vraiment profité de la vie, il serait temps que tu appliques la devise «carpe diem» (devise poussant à profiter du moment présent).
cartésien : Il serait urgent que tu te libères quelque peu de ton esprit cartésien en laissant la place aux sentiments et à l’émotion (désigne toute forme de pensée ou de doctrine basée sur la raison et l’esprit critique).
casanier : Si tu veux rencontrer les autres, tes habitudes casanières ne t’aideront pas (qui aime rester chez soi).
caste : Je n’apprécie pas son esprit de caste (groupe d’individus attaché à ses privilèges et qui manifeste un esprit d’exclusion envers les autres).
casuistique :
1) Tu n’as pas le droit de tuer et tu as le devoir de défendre ta patrie... voilà une opposition qui relève de la casuistique (étude des cas de conscience).
2) Je me méfie de tes propos empreints de casuistique (argumentation subtile destinée à masquer la vérité, surtout dans le domaine moral).
casus belli : Cet assassinat risque d’ être considéré comme un casus belli (acte pouvant déclencher une guerre).
catégorique : Le ton de ce professeur est assez catégorique (qui ne permet aucun doute).
caustique : Tu dois te méfier, car tes paroles me semblent assez caustiques (blessant, mordant).
cautionner : Je refuse de cautionner votre comportement violent (apporter son soutien, financier ou moral, à).
celer : Étant donné que ses parents ne supportaient pas cette jeune fille, il a dû celer son amour (cacher, garder secret).
célérité : Il a dû exécuter les ordres avec célérité (grande rapidité).
censé : Vous êtes censé connaître le règlement (supposé, présumé).
censure : Pour éviter la censure officielle, cet auteur pratique l’autocensure (contrôle exercé par le pouvoir sur les productions intellectuelles et artistiques).
cérébral : Une activité cérébrale comme la lecture développe ta culture (relatif au cerveau, à la pensée, à l’intellect).
chantre : Ce metteur en scène témoigne d’un esprit moderne, car il est le chantre du théâtre nouveau (personne qui défend une cause).
chaos : La guerre a malheureusement plongé le pays dans le chaos (désordre total).
charabia : Comment veux-tu que l’on te comprenne alors que ta copie n’est que du charabia (langage confus, inintelligible) !
charisme : Je suis persuadé que chacun possède un charisme particulier qu’il faut prendre la peine de découvrir (qualité qui permet à son possesseur d’avoir une influence sur un groupe).
charnel : L’amour charnel ne suffit pas (qui se rapporte à la chair).
cheville : Ce poème n’est pas de grande qualité, car il est truffé de chevilles (terme de remplissage dans un vers pour obtenir un compte de syllabes correct).
chevronné : Le directeur a décidé que seul un professeur chevronné pouvait donner cours à cette classe réputée difficile (qui a de l’expérience)
chicane : Ceux qui aiment ergoter ont un esprit de chicane (complication inutile).
chimère : Il est temps qu’il revienne sur terre, car il se complaît dans des chimères (utopie, rêve irréalisable).
chorégraphie : La chorégraphie de ce spectacle était superbe (ensemble des pas de danse).
chronique (adj) : Il est courageux, car il souffre d’une maladie chronique (continuel).
circonlocution : Assez de circonlocutions, venez-en au but (parole qui fait le tour de la pensée au lieu de l’exprimer directement, périphrase) !
circonscrire : Son problème est tellement complexe que je n’arrive pas à le circonscrire (cerner).
circonspection : Ton métier de diplomate exige que tu parles avec circonspection (prudence).
civilité : Lorsque tu rencontreras ce ministre, je te conseille de te conduire avec civilité (politesse, sociabilité).
claustration : Je n’aimerais pas vivre en prison, car je ne supporte pas la claustration (état d’une personne enfermée dans un lieu clos).
claustrer : Tu ne rencontreras pas ces religieux, car ils sont claustrés dans leur monastère (enfermer).
clémence : Malgré les fautes qu’il a commises, le tribunal témoigna d’une certaine clémence (indulgence).
clivages : On constate très souvent des clivages entre les riches et les pauvres (séparation nette entre groupes).
coaliser (se) : Ce pays est affaibli, car plusieurs pays se sont coalisés contre lui (s’allier).
coercition : Votre résistance est tellement grande que seule la coercition pourra la briser (emploi de la force, de la contrainte).
coexistence : La coexistence de plusieurs théories a créé une certaine confusion dans les esprits (existence simultanée).
cohabitation : Si tu désires te marier, il te faudra accepter la cohabitation (fait d’habiter ensemble).
cohérence : La cohérence d’une dissertation est essentielle (logique interne).
colloque : J’ai dû me rendre à Paris afin de participer au colloque annuel des linguistes (débat organisé sur un sujet donné, conférence).
collusion : J’ai perçu une certaine manipulation à travers la collusion de ces deux partis politiques (entente secrète).
commémorer : Le 11 novembre, nous aurons congé, car on commémore la fin de la première guerre mondiale (célébrer la mémoire d'un événement ou d'une personne).
comminatoire : Je n’ai pas apprécié le ton comminatoire de sa lettre (menaçant).
commisération : Son élan de commisération m’étonne, car, d’habitude, il était indifférent (pitié, compassion).
commutation :
1) Le Président a décidé, pour cet individu, la commutation de la peine de mort en emprisonnement à vie (action de commuer une peine en une autre).
2) Si tu fais commuter ces deux mots, la phrase se prononcera toujours de la même façon (fait de modifier en substituant un élément à un autre)
compassion : Les handicapés ne supportent pas la compassion (profonde pitié).
compatibilité : Je n’entrevois aucune compatibilité entre la foi et la raison (possibilité de s'accorder, d’exister simultanément).
complaisance :
1) Votre complaisance vous honore (amabilité, volonté d’être agréable à quelqu’un).
2) L’éducation qu’il a reçue était trop complaisante (faiblesse coupable envers autrui ou envers soi-même)
composite : Je n’ai pas tellement apprécié ce livre, car il était composite (formé d’éléments très différents, disparate, hétérogène).
compromis : Pour sortir de l’impasse, il faudra trouver un compromis (arrangement obtenu en faisant des concessions de part et d'autre).
compromission : Je voterai pour ce politicien, car il n'accepte aucune compromission (concession faite par lâcheté ou par intérêt).
concept : Le concept de la liberté varie selon les individus (idée, abstraction générale).
concerter: Cette machination a été concertée (préparer en commun).
concession : Il témoigne d’un esprit ouvert, car il a fait des concessions à son adversaire (fait d’accorder un droit, un avantage à quelqu'un).
conciliabule : Il m’est impossible de savoir ce qu’ils préparent, car, très souvent, ils tiennent des conciliabules (entretien secret, conversation à voix basse).
concis : Vu le peu de temps qu’il nous reste, il faudrait que tu donnes une réponse concise (qui s'exprime ou qui est exprimé en peu de mots).
concomitant : Il me semble innocent, car les faits que tu évoques sont concomitants (simultané)
concupiscence : Le regard de ce voyeur est rempli de concupiscence (attirance très vive pour les biens terrestres, en particulier pour les plaisirs de la chair).
condescendant : Je n'apprécie pas votre air condescendant (hautain et méprisant).
conditionnement : On observe fréquemment un conditionnement du public par les médias (action de conditionner c’est-à-dire de provoquer artificiellement des habitudes de pensée et de comportement dans un groupe social).
conférer : Tu ne dois pas te tracasser, car tu constateras que l'expérience confère une certaine sagesse (attribuer, accorder).
confiner :
1) Il est déçu, car on l'a confiné dans un rôle secondaire (enfermer dans un espace clos, reléguer quelqu’un dans un rôle limité, dans une occupation réduite et peu utile).
2) Son attitude étrange confine au complexe de persécution (toucher à la limite de).
confondre : Il était urgent de confondre ce menteur (faire échouer, décontenancer, réduire au silence quelqu’un que l’on démasque).
conformisme : Tu ne dois pas t’attendre à une révolution, car c’est un partisan du conformisme (adoption des normes sociales, des modes, des conduites majoritaires, de ce qu’on croit être l’opinion de tous).
conforter : Les derniers sondages ont malheureusement conforté la position de l’extrême-droite (renforcer, raffermir).
congénère : Toi et tes congénères, vous commencez à m’énerver (qui appartient
au même genre, à la même espèce) !
congratuler : Malgré sa défaite, il a congratulé le vainqueur (féliciter, complimenter).
conjecture : Je me livre à des conjectures pas toujours très positives sur l'avenir (supposition, hypothèse).
conjonction : La conjonction de ces deux indices a permis de résoudre l’enquête (réunion, rencontre, action de joindre).
conjoncture : La conjoncture actuelle est favorable aux investissements boursiers (situation qui résulte d’une rencontre de circonstances).
conjurer :
1) Je vous en conjure, acceptez (supplier) !
2) Il est urgent de conjurer la crise économique (détourner une menace, écarter un danger par un moyen ou un autre).
connivence : Il est agréable de constater cette connivence entre ce père et son fils (entente secrète, complicité).
consensus : Il n’est pas aisé de trouver un consensus sur la question de l’avortement (accord).
conséquent : Opposé à la guerre, il a décidé d’être objecteur de conscience : il est conséquent avec lui-même (se dit d’une personne qui met en accord ses actions et ses opinions, logique, cohérent).
conspuer : Cet orateur, qui défendait des idées d’extrême-droite, a été conspué (protester bruyamment et collectivement contre quelqu’un ou quelque chose)
constance : C’est la constance de cet élève qui le fera réussir (persévérance).
consumer (se) : Arrête de parler : tu te consumes en vaines discussions (s'épuiser).
contempteur : Depuis qu’il est âgé, il est devenu un contempteur de la modernité (détracteur, individu qui critique).
contentieux : Depuis la guerre en Irak, il existe un contentieux entre certains pays européens et les États-Unis (ensemble de litiges ou de désaccords).
contingence : Ne vous souciez pas des contingences de la vie (caractère de ce qui est sans importance, pas nécessaire ou soumis au hasard ).
controversé : Le film Orange mécanique a été fort controversé (débattu, contesté).
convention : Une convention est enfin signée entre les patrons et les syndicats (accord ou règle établie).
convivialité : La convivialité de cette réunion fait chaud au cœur (relations chaleureuses).
convoitise : Cet enfant pauvre regarde ce jouet avec convoitise (envie profonde).
cornélien : La situation que nous vivons est cornélienne (déchirant, qui se rapporte au théâtre de Corneille dans lequel le héros doit choisir entre deux réalités parfois très opposées).
corollaire : Le corollaire de cet accident d'avion a été la fermeture immédiate de l'aéroport (conséquence immédiate).
corporatisme : La valorisation de notre groupe entretiendra notre esprit de corporatisme (esprit de dévotion à un groupe, attitude de défense systématique des intérêts professionnels de catégories de travailleurs ou d’artisans, esprit de dévotion à un groupe).
corpus : Tu ne pourras pas analyser tous les contes de cet auteur : il te faudra créer un corpus recensant ceux qui te semblent les plus révélateurs (ensemble d’éléments regroupés).
corrélation : Il est curieux de constater une corrélation entre ces deux phénomènes (lien réciproque, interdépendance).
corroborer : La plaidoirie de l’avocat a corroboré mon opinion sur la culpabilité de l’accusé (confirmer).
corrosif : Son esprit corrosif me dérange (qui attaque, blesse).
cosmopolitisme : La «musique du monde» est empreinte de cosmopolitisme (ouverture à toutes les cultures et influences étrangères).
courroux : Méfie du courroux fréquent de cet homme (colère véhémente) !
crédule : Candide de Voltaire est un personnage crédule (naïf, candide).
créneau : Cette entreprise possède un important créneau commercial (ouverture, espace disponible).
critère : J’espère que tu te baseras sur des critères rigoureux pour critiquer ce roman (élément d'appréciation, principe).
critique (adj.) :
1) Cette situation est critique (crucial).
2) Ton esprit me semble fort critique (sévère).
3) J’apprécie l’étude critique de cet ouvrage (qui examine les choses posément, avec objectivité et discernement, pour en étudier la valeur).
4) J’admire ton esprit critique (qui n’admet pas les choses de façon naïve, mais les regarde et les analyse sans complaisance avant d’en décider).
crucial : L’instant est crucial : réfléchis bien à ce que tu vas faire (décisif, capital).
cubisme : Le cubisme traite l'objet de façon géométrique (école de peinture, qui s’est développée entre 1906 et 1930, dont le style est basé sur la juxtaposition d'éléments géométriques).
culte :
1) Le prêtre célèbre le culte (ensemble de pratiques religieuses, pratique d’une religion
2) Cet homme est très superficiel, car il a le culte de l’argent (admiration mêlée de vénération, que l’on voue à quelqu’un ou à quelque chose).
cupide : Les spéculateurs boursiers sont souvent cupides (avide d'argent).
curatif : Ce traitement curatif éliminera certainement la maladie (qui soigne).
cynisme : Je suis choqué par le cynisme de Don Juan qui se vante de tromper son épouse (mépris des principes moraux).

un clic pour la suite D à F

                                                                        Illustration : Emilio Danero

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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 23:04
Emilio Danero 

Bruno Hongre, professeur de lettres, est l’auteur d’un ouvrage remarquable : « Le dictionnaire portatif du bachelier » édité chez Hatier. Cet ouvrage, que je recommande vivement aux étudiants de l’enseignement secondaire, recense environ 3000 mots dont le sens devrait être connu de tout étudiant qui désire entamer l’enseignement supérieur.
Vous trouverez ci-après un article de Bruno Hongre qui recense les difficultés liées à l’apprentissage du vocabulaire dans l’enseignement secondaire. Dans cet article, que Bruno Hongre m’a aimablement autorisé à reproduire, l’auteur insiste, vu la carence de nos étudiants observée dans ce secteur, sur la nécessité d’un apprentissage systématique de ce vocabulaire dont les étudiants ne pourront pas se passer lorsqu’ils aborderont les dernières années de l’enseignement secondaire et le début de l’enseignement supérieur.

Le diagnostic

    Il peut être opéré chaque jour, à travers les multiples perles que nous trouvons dans les copies ou qui se manifestent en cours (réactions des élèves, notes prises de travers). Voici quelques exemples, tous observés dans le second cycle :
- un professeur parle de Michel-Ange : un élève écrit « Mickey l’Ange ».
- un professeur annonce, en terminale, les différents instruments nécessaires à une expérience de physique et déclare aux élèves qu’il ne faut pas opérer à l’aveuglette. Des élèves écrivent : « à la veuglette ». Nouvel instrument !
- un élève écrit « bouquet misère » pour bouc émissaire. C’est poétique !
    Voici quelques phrases extraites de copies : « Les hommes sont tous légaux » ; « les sous de table » ; « les parents doivent inculter aux enfants une bonne morale » ; « on ne peut agir sans réflexir » ; « la colonisation vient de Christophe Colon ».
    Je parle de Péguy en cours : les élèves sourient. Ils ont cru sans doute que je parlais de « Peggy », la cochonne du Muppet show...
     Je vous passe quelques barbarismes comme « chômageur », « sur peu plage », ou de nombreuses confusions de mots, du genre arbitraire/arbitrage, ébriété/sobriété, etc, et des fautes d’orthographe inspirées de l’anglais comme « un model », « le language »...
     Le diagnostic dépasse souvent la simple question du vocabulaire. La confusion fréquente entre idéologie et idéal est inquiétante, par exemple. En début d’année, je teste mes élèves de première sur une série de mots en vrac comme : sophisme, transgresser, précepte, grégaire, dogmatique, rédempteur, état de grâce, incriminer, progressisme, ludique, et je vous assure que les réponses sont souvent... poétiques ! Ce ne sont pas les mots qui manquent seulement, mais tout le réseau culturel qui permet d’entrer dans leur compréhension.

Les causes

    Elles sont connues, mais il y aurait intérêt à les rassembler synthétiquement. En voici quelques-unes :

1) La perte de vitesse de la « galaxie Gutenberg »
Non pas seulement le manque de lecture, mais le manque d’intérêt pour la chose écrite. C’est un argument classique, lié à la consommation audiovisuelle. Le problème, c’est que bien des mots, assez régulièrement utilisés dans le cadre médiatique, sont méconnus ou pris à contresens (consensus est interprété comme synonyme de désaccord, par exemple !), en particulier des termes du vocabulaire politique.

2) La « démocratisation » de l’enseignement
Effectivement, la montée en masse du public scolaire (qui est une bonne chose !) fait entrer au lycée des jeunes de milieux qui ne sont pas « culturellement favorisés » : la langue parasociologique de certains textes d’examen est pour eux un fatras incompréhensible. Souvent, ce sont ces élèves-là qui , non sans angoisse, nous disent : mais où trouver les mots que l’on doit connaître pour le bac ?

3) Les collègues du premier cycle ?
En partie : certains poursuivent parfois (trop tôt) des objectifs trop littéraires, en oubliant d’enseigner d’abord la langue. Mais passons...

4) La nature nouvelle du vocabulaire que l’on pratique dans le second cycle.
C’est une raison majeure ; et le prouve le fait que bien des élèves de milieux dits « favorisés » – et qui peuvent être de bons lecteurs de romans – se trouvent démunis devant l’afflux de termes abstraits que les objectifs des programmes leur demandent de connaître. Il suffit de lire quelques sujets de français au bac – notamment les «textes argumentatifs»– pour le comprendre. Le glissement généralisé de la langue usuelle en cours vers l’abstraction est en soi un problème. Par exemple, pour expliquer le mot métaphore, je parle de relation d’analogie ; des doigts se lèvent : « Que veut dire analogie ? » ; je réponds : similitude – « Quoi » ?– Ressemblance...

5) L’illusion de comprendre
En particulier, devant la télévision, nombre de jeunes gens croient comprendre ce qui est dit, parce que les images ou les intonations du journaliste semblent « parlantes » à elles seules. Mais les mots vaguement perçus (infirmer, pléthorique, arcanes, inféodé, liturgie, tendancieux, versatile) ne sont pas identifiés, quoique assez répandus dans le discours médiatique.

6) La « paresse » naturelle des candidats
Ouvrir un gros dictionnaire suppose qu’on s’interrompe, qu’on se déplace parfois, qu’on se perde dans la multitude des sens d’un mot. Alors, on remet à plus tard, on se demande si c’est bien utile de savoir cela, – il y a de toute façon tant de mots à connaître...

Conclusion

    La disparité entre le vocabulaire, les notions à connaître, les termes spécialisés qu’impliquent les objectifs officiels du bac, et les carences du public scolaire moyen (quelle que soit l’origine sociale), est vraiment consternante. On peut parler de fossé culturel entre cette génération et la nôtre : nous parlons à nos élèves une langue étrangère.
    Cela ne veut pas dire qu’il faille baisser les bras, mais qu’il est nécessaire, désormais, d’enseigner à nos élèves le français écrit (et abstrait) comme on enseigne une langue étrangère, avec des outils adéquats, avec surtout, une visée d’apprentissage systématique.

                                                                        Illustration : Emilio Danero
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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 21:49
Emilio DaneroLe courrier fictif

Imaginez des personnages de fiction qui se rebellent contre leur créateur pour se plaindre du statut qui leur a été octroyé ! Je vous propose un exercice de créativité très intéressant à réaliser en classe ou dans un cadre extérieur à l’univers scolaire. Il permet de développer l’imagination, l’humour et vos qualités d’écriture. Le principe de base est une lettre fictive écrite par un héros et adressé à son auteur. Cet exercice est présenté dans le cadre de journées de formation animées par Bruno Coppens et Bernard Marlière. Vous trouverez cet exercice, parmi d’autres, dans l’ouvrage de Bruno Coppens intitulé «L’atelier des mots» paru aux Éditions Casterman.


Des personnages de fiction se rebellent contre l’auteur qui les a créés ! Ces personnages ne sont pas satisfaits de leur condition et vont donc lui formuler certains reproches.
Pour réaliser l’exercice, qui permet de rentrer dans la peau de l’un de ses personnages favoris, il est préférable de partir de réalités connues des jeunes.
Le projet est d’écrire une lettre : une lettre écrite par un héros et adressée à son auteur.
Un autre jeune, jouant le rôle de l’auteur, pourra, à son tour, répondre à la lettre de son héros.
Cet exercice peut se réaliser en plusieurs étapes :

Première étape
1) Choisir un personnage (de conte de fée, de bande dessinée, de film de science-fiction, de série télévisée, de roman ...). Ce personnage peut être le héros, un personnage secondaire, le méchant de l’histoire...
2) Il est conseillé d’éviter les chanteurs, puisque l’on ne connaît pas bien leur vie.

Exemples : Obélix, Indiana Jones, Capitaine Haddock, le petit prince, Omer Simpson’s, Cendrillon...


Deuxième étape
1) Faire une description physique et psychologique (qualités et défauts) du héros.

Exemple
- pour Cendrillon : elle est soumise, belle, appliquée, triste...
- pour Omer Simpson’s : il est lâche, paresseux, distrait et passe son temps devant la télévision.

2) Citer trois ou quatre problèmes auxquels est confronté le héros.

Exemple pour Cendrillon :
- Elle a perdu sa mère
- Elle est dominée par sa belle-mère et ses demi-soeurs
- Elle n’a pas de quoi s’habiller pour aller au bal
- Elle doit respecter les termes d’un contrat
- Elle doit supporter son surnom qui est Cucendron

3) Relever les tics de langage et gestuels du héros.


Troisième étape
Imaginer ce que le héros souhaiterait modifier pour les prochaines aventures (un nain qui voudrait être grand, une héroïne très jolie qui veut être laide, un enfant qui a connu la pauveté et qui souhaite une autre vie...).

Exemple:
• Pour Obélix : il aimerait suivre un régime pour plaire à Falbala !
• Pour Omer Simpson’s : Il aimerait regarder des programmes culturels (la chaîne ARTE par exemple) et avoir des enfants plus polis !
• Pour Cendrillon :
- Elle voudrait être méchante pour se venger !
- Elle en a assez de faire tout le travail et demande une machine à laver !
- Elle aimerait que son amant soit laid !


Quatrième étape
Début de l’écriture de la lettre de réclamation : il fauda garder le langage propre du personnage choisi (garder ses mots et ses expressions les plus courants).


Exemple de lettre du Capitaine Haddock :
Monsieur Hergé,

Tonnerre de Brest ! La coupe est pleine ! J’en ai assez, saperlipopette, de prononcer des jurons à tout bout de champ. Mille milliards de mille sabords, qu’est-ce que je vous ai fait pour que vous m’écriviez des dialogues de marin d’eau douce ! Quand je vois comment les dialogues de Blake et Mortimer sont écrits, je me dis que j’aurais préféré rencontrer ce Monsieur Jacobs !

                                        CAPITAINE HADDOCK


Cinquième étape
Imaginer la forme de la lettre sur le plan visuel : le papier, la forme du papier...



Variantes de l’exercice :
1) Un héros écrit une lettre à un autre héros par solidarité !
2) Un héros écrit une carte-postale (l’image doit alors correspondre au contenu de la lettre).
3) Un héros écrit un message sur répondeur.
4) Un héros écrit une lettre à un auteur qui se trouve dans une autre classe.




Voici, pour terminer, un exemple de lettre de réclamation écrite par Bernadette Jamar et moi-même lors d’une journée de formation :


Monsieur Perrault,

        Je vous remercie de m’avoir créée « il y a bien longtemps », mais j’avoue que ma renommée commence à me peser et c’est cette lassitude qui m’amène à vous adresser cette missive.
        Tout d’abord, vous vous êtes complu à me charger de toutes les tâches ménagères pour la belle-mère et mes deux demi-sœurs. Nous sommes à présent au XXIème siècle ; ne pourriez-vous, s’il vous plaît, moderniser l’équipement de notre demeure par un équipement électroménager adéquat afin de me décharger quelque peu de ces viles besognes ? Un aspirateur, une lessiveuse et un lave-vaisselle ne me sembleraient guère superflus.
        A l’heure de la libération de la femme, je ne tiens pas davantage à demeurer la demoiselle soumise imaginée jadis : cette personne aboulique et incapable de réagir à sa condition me hérisse et je ne compte pas éternellement me soumettre au despotisme d’une marâtre ou aux caprices de deux péronnelles. Il me vient d’ailleurs des velléités de vengeance et je vous saurais gré, plutôt que de me présenter comme la plus douce et la plus magnanime, de me doter d’une once de méchanceté qui me permette d’assouvir cet appétit vindicatif et d’infliger une juste punition à celles qui me dominent depuis des siècles.
        En outre, vous m’avez rendue célèbre par un épisode qu’il serait grand temps de remanier ; j’ai nommé le bal. Pourquoi diable m’y emmener plus d’une fois si c’est pour me frustrer de la fin et ne m’accorder qu’une permission de minuit totalement surannée ? Les jeunes filles d’aujourd’hui sortent bien plus tard et, par ailleurs, ne revêtent plus d’ « habits d’or et d’argent, tout chamarrés de pierreries ». Vous me couvrez de ridicule en m’affublant de cette tenue créée de toutes pièces par une marraine aux goûts étranges venus d’ailleurs. Il me plaît d’ajouter à cette requête un détail se rapportant aux chaussures, ces fameuses pantoufles de vair. Un tel mot a prêté à toutes sortes de dérives dont la moindre n’est pas de m’avoir fait danser sur … du verre ! Quoi qu’il en soit, dans la tenue en jean dont je rêve pour sortir dans les discothèques actuelles, j’accorderais ma préférence à des chaussures bien plus modernes, lacées si possible, afin que je n’en perde pas une à la sortie.
        Le dénouement de mon histoire, objecteront certains, aurait de quoi compenser tous les désagréments précités. Mais je m’insurge contre la vision stéréotypée que vous m’infligez du bonheur. Est-il vraiment primordial que l’homme que j’aime soit beau ? Ne suis-je, moi-même, qu’une femme-objet appréciable par son seul physique ? Dois-je absolument, à l’heure de l’union libre, épouser mon prince charmant et surtout, à l’époque de la contraception, avoir beaucoup d’enfants ? Je vous prie d’excuser cette petite infidélité à votre texte original qui ne prévoyait pas cette descendance, mais on m’a tant assimilée à d’autres de vos créatures que j’ai souvent dû subir cette suite imprévue et je revendique le droit à une vie davantage en harmonie avec une liberté longtemps convoitée.
        Vous remerciant de la bienveillante attention que vous voudrez bien accorder à la présente, je vous prie d’agréer, Monsieur Perrault, l’assurance de mes sentiments les meilleurs.
                                        Kelly
(puisque je souhaiterais aussi un prénom moins ridicule et plus à la page)




                                     Auteurs : Bruno Coppens, Bernard Marlière et Jean-Pierre Leclercq
                                     Illustration : Emilio Danero









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1 décembre 2010 3 01 /12 /décembre /2010 21:47

 

Voici le troisième et dernier article de Bruno Hongre consacré à l’explication de texte. Une méthode basée sur l’interactivité entre ce que l’on peut ressentir face à un texte et l’observation minutieuse du langage de l’auteur.

 



L’IMPRESSION D’ÉVIDENCE : COMMENT Y ÉCHAPPER ?


Nous voici devant une page inconnue, une phrase complexe, un simple beau vers. Notre première réaction est souvent un sentiment d’évidence: eh bien quoi, cette phrase dit bien ce qu’elle veut dire ! Ce vers est magnifique, il suffit de le prononcer ! Qu’ajouter, puisque ça coule de source ? Pourquoi analyser ? Comment faire ? Par quel bout prendre le texte ? Comment entrer dans son tissu ?
Ce sentiment d’évidence nous bloque souvent à la première lecture. Les choses paraissent tellement aller de soi que le candidat se demande ce qu’il doit expliquer. Il est conduit alors à répéter l’idée du texte, à en délayer la formulation : il fait ce qu’on appelle de la paraphrase. Pour sortir de ce blocage, il nous faut reprendre et approfondir la distinction faite dans un article précédent entre ce que dit le texte et la façon dont il le dit.

Prenons l’exemple d’un vers de Racine qui, plus qu’aucun autre, donne ce sentiment d’évidence :
Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon cœur.
(Phèdre, IV, 2)


C’est à son père Thésée, qui l’accuse d’un amour coupable, que le jeune Hippolyte affirme par ces mots son innocence.
Ce que nous dit cette phrase est facile à saisir : elle exprime bien la clarté d’un cœur. Les termes employés « jour/pur/cœur» retentissent en nous pour nous donner cette impression de pureté, de transparence. Le « jour » surtout est riche de connotations : il renvoie à une expérience fondamentale de l’homme, celle de la lumière naturelle, des grandes belles journées qui effacent les ombres et clarifient toute chose. Bien prêter attention à ce qu’évoque en nous le vers nous permet de mieux mesurer sa portée.
Mais à ce premier regard, tourné vers notre impression, doit en succéder un second, centré sur l’expression. L’habitude d’expliquer les textes nous permet de recenser les quelques éléments suivants :

La mise en valeur du mot « jour »
en début de vers : il sert de point de comparaison, il inscrit d’emblée le thème de la clarté dans l’esprit de l’auditeur (le terme étant saisi dans toute sa force symbolique) ;

L’ordre dans lequel est établie la comparaison : il ne s’agit pas de poser la simple équation « mon cœur est pur comme le jour », mais — nuance essentielle — d’opérer le mouvement inverse : c’est le « jour » qui ne parvient pas à être plus « pur» que le « cœur ». En inversant le comparant et le comparé, l’auteur établit que le jour est d’une pureté inaltérable, première, si essentielle que le plus pur des jours ne saurait l’égaler. Vous me suivez ?

La succession des mots est d’ailleurs remarquable : elle nous conduit du monde extérieur (pureté du jour) vers le monde intérieur (fond du cœur). Habituellement, ce qui est apparent est clair, ce qui est profond l’est beaucoup moins. Ici, c’est le fond même du cœur qui a plus de clarté que l’air du jour… Le personnage est donc bien d’une parfaite transparence.

La simplicité même du vers contribue à cette limpidité de son sens : d’une part, tous les mots sont des monosyllabes ; d’autre part, leur déroulement régulier est marqué par quatre accents toniques (mis en caractères gras ci-dessous) qui mettent en valeur les mots essentiels :
« Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon cœur. »

• Enfin, l’écho des voyelles longues que prolongent les « r », -our, -ur, -œur, semble étudié pour mieux fondre ensemble les sens des trois mots clefs : jour/pur/cœur.

Le personnage à qui Racine prête ce vers est donc toute transparence dans ce qu’il dit comme dans la façon dont il le dit. Si l’on connaît cette tragédie, on sait qu’Hippolyte est aux antipodes mêmes de Phèdre qui, elle, se débat dans une passion sombre et coupable. Ce vers prend ainsi une dimension nouvelle, par le contraste qu’il opère entre la pureté de l’innocence du jeune homme et la noirceur du « crime » de l’héroïne. L’explication s’achève sur cette remarque. L’essentiel est dit.

Au cours de ce bref commentaire, nous venons d’explorer méthodiquement deux voies :
• Une recherche sur nos impressions, en principe subjectives, pour mieux saisir ce que nous éprouvons ;
• Une recherche sur les moyens d’expression employés dans ce vers, pour mieux comprendre ses effets ;

Mais, dans chacune de ces voies, nous ne pouvions oublier complètement l’autre…
C’est qu’il fallait bien, en analysant notre impression, avoir à l’esprit les mots clefs du vers et une certaine connaissance de leurs connotations ; corollairement, en recensant les moyens d’expression, nous devions tenir compte des effets que nous avions perçus en nous-mêmes. Ainsi se dessine une méthode en trois temps, véritable triangle d’or de l’explication de texte :



Il faut ressentir, préciser et analyser en soi la gamme des impressions que produit le texte.
Il faut recenser, observer dans le texte la gamme des moyens d’expression qu’il recèle.
Il faut relier ce que l’on a ressenti à ce que l’on a recensé, et réciproquement, dans un va-et-vient maîtrisé.


JE RESSENS : des impressions globales aux sensations particulières

Nos réactions aux textes sont souvent vagues. Aussi faut-il apprendre à ressentir.
Ressentir, bien sûr, c’est d’abord recevoir le sens global du texte. C’est « comprendre », entrer en compréhension profonde (exactement comme l’on essaie de « comprendre » quelqu’un), et non pas simplement saisir des idées abstraites. C’est entrer en résonance avec le corps du texte.
En effet, à la signification précise des mots se mêlent toujours des évocations secondes, des « connotations », des représentations intérieures qui ne nous touchent pas au seul niveau cérébral. On peut palpiter, rire, transpirer d’effroi, pleurer, être réconforté ou désespéré à la lecture de certaines pages. Nos souvenirs, notre culture, notre émotivité, tout participe à la lecture. Il faut donc apprendre à observer méthodiquement tout ce qui se passe dans notre conscience face au texte.
Nous avons parlé dans l’article précédent du « grand livre de la vie » que nous avons tous dans notre esprit. Ce dictionnaire vivant nous habite, avec son immense réservoir de mots et d’images, d’expériences et de rêves, de significations et d’interrogations. Il est structuré dans notre mémoire par le biais du langage. C’est grâce à lui que nous pouvons « lire », c’est-à-dire trouver un sens et une « réalité » à ce que nous lisons. Avant même la lecture du texte, il nous faut donc savoir reconnaître ce réseau intérieur qui va retentir au texte, en fonction de la nature de celui-ci.
Dans un premier temps, nous allons fouiller dans notre mémoire et nous interroger sur les impressions préliminaires, déjà installées en nous, que nous pouvons avoir sur le thème que traite une page littéraire. Cela s’appelle reconnaître en soi l’horizon d’attente. Par exemple, si j’ai à commenter le poème « Les Aveugles » de Baudelaire, je puis d’abord me demander : « Qu’est-ce qu’un aveugle pour moi ? Comment ai-je réagi, enfant, quand j’ai pris conscience que des gens ne voient pas ? Ai-je eu peur ? Ai-je eu pitié ? Ai-je eu le sentiment que ces gens-là ont un mystère ? Qu’ils ont la vision d’un autre monde ? etc. » Une telle mise au point va me permettre de mieux recevoir les effets du texte, de mieux situer son originalité par rapport aux stéréotypes de la conversation courante, ou par rapport à d’autres textes que je connais sur le même sujet.
Puis, en cours de lecture, je noterai l’évolution de mes impressions. Un page produit rarement une atmosphère unique, globale et uniforme. Il y a des intensifications, des modifications, des contrastes, des convergences. Il faut être attentif à tout ce qui varie dans notre impression, et surtout, prendre garde à ce qu’une impression (marquante pour nous en raison de notre sensibilité) n’efface pas les autres, tout aussi importantes. On peut d’ailleurs changer d’impression sur tel ou tel passage, en le relisant…
En fin de lecture, évidemment, le bilan de nos impressions successives pourra être comparé à ce que nous avons déjà observé dans la vie ou dans d’autres textes. La règle est de ne jamais banaliser, de ne jamais réduire l’effet d’un texte à l’effet produit par d’autres textes, mais au contraire, de différencier les impressions que peuvent nous faire des pages portant sur des thèmes ou des situations similaires. Bien entendu, cela suppose qu’on affine ses réactions premières, et qu’on entre dans le détail.

C’est ce que vont nous permettre, justement, les impressions particulières. Là encore, il va falloir observer en soi. Au fil des phrases, ligne après ligne, vers après vers, on va préciser la « représentation » que les mots tissent en nous-mêmes. Leur déroulement est comme un petit film projeté sur l’écran de notre conscience. Significations, perceptions (visuelles, sonores), connotations, inflexions rythmiques, tout cela forme une chaîne, un flux qui conduit notre imaginaire. Suivez bien votre film intérieur : le moindre détail d’un texte impressionne votre cerveau comme une pellicule… Il faut alors, aussi lentement que possible :

Retentir aux mots, aux groupes de mots. Pour l’écrivain, ceux-ci ne sont pas des signes abstraits : ils renvoient toujours à des réalités sensibles, à ses souvenirs, ses expériences, ses rêves. Les « espaces » pour Pascal, la « douleur » pour Baudelaire, « l’absurde » pour Camus, ne sont pas de vains mots. Ils sont chargés de connotations. Pour bien recevoir le texte, il faut examiner le halo particulier, le petit éclat intérieur que chaque mot, lentement prononcé, peut faire naître en nous. Il faut chercher quelle expérience, quel souvenir personnel, entrent en résonance avec les images de l’auteur. Il faut tenter de rejoindre la sensibilité de l’écrivain à partir de nos émotions personnelles, qu’il soit question du vent, de l’automne, d’un deuil, de la joie d’aimer, ou de l’indignation devant l’horreur.

Voir en soi. Que percevons-nous exactement, comment notre imaginaire est-il visuellement touché ? Si, par exemple, Nerval nous parle du « soleil noir de la Mélancolie », avant de reconnaître telle ou telle figure de style, cherchons l’image que l’expression fait jaillir dans notre esprit. Fermons les yeux pour mieux voir : voici un soleil négatif, dardant des rayons noirs ; l’opposition avec notre perception habituelle de l’astre éblouissant nous plonge dans un autre monde ; nous pénétrons alors dans la vision d’un poète dominé par la puissance mortifère de la Mélancolie. Nous pourrons ensuite identifier le rôle de l’oxymore et la force de la métaphore : mais nommer ces figures de style n’aurait pas suffi si nous n’en avions pas ressenti d’abord les effets singuliers.

Savoir écouter. Les textes agissent doublement sur notre oreille : par les sons et les bruits du monde auxquels ils renvoient ; par les sonorités et les rythmes dont ils se constituent eux-mêmes. Dans l’un et l’autre cas, il faut être conscient des éléments auditifs qui nous impressionnent. Considérons par exemple la célèbre strophe, si mélodique, de Verlaine :

Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone
.

On ne peut bien ressentir cette phrase que si l’on se remémore le son caractéristique du violon : il faut évidemment se souvenir en soi de sa vibration prolongée (qui justifie que les « sanglots » soient qualifiés de « longs »). Mais il faut aussi écouter, simultanément, le déroulement lent de la phrase sur les six vers de la strophe (par exemple, en la disant à haute voix). Nous y retrouvons justement, dans les échos sonores, dans la modulation rythmique des vers, cette « vibration » du violon qu’ils sont chargés d’évoquer. Sans cette double perception préalable, on ne pourra pas « expliquer » un texte dont on n’a pas écouté la poésie musicale. Viendra ensuite l’étude des effets objectifs du texte (diérèse, assonances, accents rythmiques, allitérations). Mais l’un ne peut aller sans l’autre.

Le lecteur qui veut bien nous suivre fera sans doute une objection de taille : et si l’on ne ressent rien ? Si l’on est « sec » devant une page qui semble archaïque, ou écrite dans une autre langue que celle qu’on a l’habitude d’entendre ? Si l’on n’a pas du tout d’impression ?! Que faire ? Faudra-t-il faire semblant ?
Je pourrais être tenté de répondre : pourquoi pas ?
En réalité, il est rare qu’on soit totalement dénué d’impression, surtout si l’on veut bien relire le texte une ou deux fois en suivant la méthode que je viens d’indiquer. Quoi qu’il en soit, le fait que certains lecteurs ne ressentent rien au premier abord montre bien qu’il faut apprendre à ressentir, surtout à la lecture des textes classiques.
Mais il y a tout de même quelques recours devant une page qui ne nous « inspire » rien. C’est de se servir de son bon sens et de se demander : « Compte tenu du thème de ce texte et de son déroulement, que devrais-je ressentir ? Qu’est-ce que l’auteur — si je compare à d’autres extraits que je connais sur le même sujet — peut bien vouloir produire comme effets ? » Ces questions renvoient le lecteur à l’observation objective du texte. Faute d’émotion immédiate qui pourrait le guider, il doit regarder les mécanismes mis en œuvre dans la page, chercher la loi de son fonctionnement : bref, il va partir de la seconde voie d’accès au texte, le recensement. Et peut-être parviendra-t-il, en étudiant le texte avec sa seule intelligence, à y trouver des aspects, des processus, un climat qui vont, peu à peu, éveiller sa sensibilité. Les deux voies sont en effet complémentaires.


JE RECENSE : de la nature du texte à ses moindres procédés

Il s’agit d’observer le texte à tous les niveaux, de façon méthodique, en allant toujours du général au particulier.

La nature du texte.
Un coup d’œil global, qui doit devenir spontané, doit nous permettre dès l’abord de discerner à quel type de texte nous avons affaire : descriptif, narratif, argumentatif, théâtral, lyrique, poétique. Non seulement en reconnaissant que nous sommes en face d’une page de roman, d’une scène tragique ou comique, ou d’une poésie ; mais encore parce que très vite nous devons identifier la tonalité (ou le registre) qui domine tel ou tel passage que nous devons commenter (didactique ? réaliste ? polémique ? ironique ? dramatique ? épique ? romanesque ? etc.). Nous pouvons déjà pressentir, par ce simple coup d’œil, quels seront les centres d’intérêt que pourra mettre en valeur le commentaire, et même deviner « le message » probable de l’auteur.


Le mouvement du texte.
Les détails, les parties d’un passage, ne prennent vraiment tout leur sens, toute leur portée, que dans l’ensemble où l’auteur les a ordonnés. Il faut donc observer la page comme on observe un tableau : à bonne distance. Voir ainsi les grands masses qui le composent, les éclairages dominants, les progressions ou les contrastes étudiés, bref, le plan ou le rythme du texte. À ce stade de l’examen, on va donc saisir (même sans rien « ressentir ») le travail de composition de l’artiste. Les débuts et les fins de passages méritent une attention particulière : l’auteur y laisse voir comment il veut nous prendre ou nous surprendre, où il veut nous emmener, dans quelle atmosphère il désire nous entraîner. Les dernières phrases d’un paragraphe, les « chutes » de certains poèmes, nous renseignent la plupart du temps sur l’effet dominant, sur ce à quoi le texte voulait en venir…

Le texte lui-même.
Sans recenser les innombrables aspects d’un texte (car sa nature et son mouvement peuvent déjà limiter nos axes de recherche), on pourra, pour l’examiner, puiser dans la gamme des éléments suivants :

- L’énonciation. Pour un écrivain, l’énonciation, c’est l’acted’écrire. Les éléments constituants de cet acte transparaissent dans l’énoncé : ce sont les indications relatives au lieu et au temps où l’énoncé est produit (ou encore, où il affecte d’être produit), à la personne qui est censée s’exprimer, à celle à qui l’énoncé s’adresse. Devant un texte, il est donc essentiel de se poser les questions suivantes : Qui parle ? A qui ? Où ? Quand ? Comment ? L’auteur choisit-il d’intervenir explicitement dans ce qu’il énonce ? Préfère-t-il mettre en scène un narrateur ? Pourquoi rapporte-t-il un récit à la première, à la troisième ou à la seconde personne ? De quel point de vue (sans toujours l’avouer) décrit-il un lieu, une scène ? Où se place-t-il par rapport à ses personnages (quelle « focalisation » adopte-t-il ?) Comment est conduit le regard du lecteur dans une description ? Celui-ci est-il mis à distance ? Ou placé à côté du héros, voire dans le for intérieur du héros, pour faciliter l’identification ? Autant de questions qui dépassent la seule étude du style au sens strict, mais sont inhérentes à tout regard objectif sur un passage.

- La nature du vocabulaire. Le choix des mots est décisif, qu’il s’agisse de textes entiers ou de simples tournures. Le vocabulaire est-il concret, figuré ? Se rapporte-t-il à l’action, à la description, à l’analyse psychologique ? Quels sont les temps utilisés ? Les pronoms les plus fréquents ? A quelles sensations dominantes obéit le choix des mots (vue/ouïe/toucher/odorat ?) Quels éléments de la nature (ou du monde social fait-il intervenir ? Y a-t-il des champs lexicaux particulièrement révélateurs ? Comment se répartissent (se mêlent ou s’opposent) les divers registres du vocabulaire (animal/végétal/humain) ? Le style est-il globalement soutenu, recherché, simple, familier, prosaïque ? Les termes veulent-ils nous plonger dans un univers réaliste, dramatique, métaphysique, surréaliste ? Les adverbes et les adjectifs, à la base de la modalisation, révèlent-ils les sentiments, les préjugés du locuteur, etc. ?

- La phrase et son expressivité. La place des mots est également déterminante. La phrase elle-même peut être concise, hachée, ample, périodique, selon les réalités évoquées ou selon le « souffle » de l’auteur. Ce repérage sera ensuite à relier aux significations : pour l’instant, il faut le conduire sans a priori. L’un des éléments essentiels de l’expressivité sera naturellement la présence de figures de style. Il faut les repérer tout de suite. Il peut s’agir de figures portant surtout sur la construction de la phrase (apostrophe, ellipse, anaphore, antithèse, chiasme), ou surtout sur l’expression de la pensée (figures d’insistance ou d’atténuation : métaphore, hyperbole, métonymie, litote, euphémisme), mais les unes et les autres sont liées dans le tissu du texte.

- La versification. Les aspects propres aux poèmes, versification, effets sonores (allitération, accents toniques, assonances, rimes), phénomènes d’enjambement et de rejet, doivent être reconnus et maîtrisés dans l’étude de la poésie. À ce sujet, deux écueils sont à éviter :
• Faire des remarques formelles inutiles : dire qu’un sonnet a quatorze vers ou qu’un alexandrin a douze syllabes n’explique rien, puisque c’est la norme ;
• Inversement, expliquer un texte poétique sans tenir compte de son expressivité rythmique et musicale, comme s’il ne s’agissait que d’un texte en prose, conduit à en manquer la vraie dimension.

Dans tout ce travail de recensement, il faut s’attacher aux effets volontaires, manifestes, ceux qui traduisent un effort d’expression notable de la part de l’auteur. Comment les isoler les uns des autres ? C’est justement en opérant un va-et-vient continuel entre les deux approches du texte qu’on y parviendra.


JE RELIE : le va-et-vient entre l’impression et l’expression

Il s’agit maintenant de mettre en relation les deux relevés.
D’un côté, nous avons constaté des pressions ressenties au-dedans de nous-mêmes : ce sont les im-pressions.
De l’autre, nous avons repéré les pressions que la forme du texte essaie d’opérer à l’extérieur d’elle-même, sous la poussée du « vouloir dire » de l’auteur : ce sont les ex-pressions.
Lorsque les unes et les autres se correspondent, nous pouvons alors faire état objectivement des effets du texte. Effet de réel, effet de sens, effet d’atmosphère, effet d’émotion, etc.
Expliquer le texte, ce sera établir ces effets et en commenter la portée, en partant tantôt des impressions, tantôt de l’expression. C’est leur correspondance qui sera décisive. D’où ce schéma :





Quelle que soit la forme de l’explication (écrite ou orale, linéaire ou méthodique), la règle sera donc :
-de ne faire état d’aucune impression qui ne soit appuyée sur les indices textuels du texte ;
-de ne relever aucun moyen d’expression sans préciser son effet (vérifié) sur le lecteur.

Dans la pratique, le plus simple est d’opérer (au brouillon) par recherches successives, alternant le « je ressens » et le « je recense », pour chaque aspect ou chaque partie du texte à étudier. Chaque aller-retour que je fais entre mon impression et les expressions me permet un contrôle immédiat des effets du texte : le « je relie » est toujours présent à mon esprit. De plus, je puis ainsi entrer dans le texte progressivement, affinant aussi bien mes réactions successives que mes repérages. Enfin, cette méthode m’aide à élaborer peu à peu des hypothèses de lecture que je vérifie aussitôt, processus qui est à la base même de ce qu’on appelle maintenant « lecture méthodique ». Cela donne :




Et ainsi de suite. Lorsqu’on s’entraîne à l’explication, qu’il s’agisse de paragraphes ou de simples phrases, ce processus devient vite automatique. Bien sûr, après ce travail de recherche, il faudra ordonner les résultats, classer les effets du texte par centres d’intérêt, faire un plan de commentaire, etc. Ainsi progressera l’analyse vers la spécificité de la page et de son art.


APPLICATION SUR UN EXEMPLE

Prenons l’exemple d’une longue phrase extraite du roman de Barjavel, La Nuit des temps (1968). Il y est question d’un personnage et d’un groupe d’hommes qui se trouvent près du pôle sud, aux prises avec les éléments hostiles de l’Antarctique, le vent et la glace. Voici l’évocation de leur lutte :

« Il n’en pouvait plus de toute cette glace et de ce vent, et de ce vent, et de ce vent qui ne cessait jamais de s’appuyer sur lui, sur eux, sur tous les hommes de l’Antarctique, toujours du même côté, avec ses mains trempées dans le froid de l’enfer, de les pousser tous sans arrêt, eux et leurs baraques et leurs antennes et leurs camions, pour qu’ils s’en aillent, qu’ils débarrassent le continent, qu’ils les laissent seuls, lui et la glace mortelle, consommer éternellement dans la solitude leurs monstrueuses noces surglacées… »
(René Barjavel, La Nuit des temps, Presses Pocket)

Commençons par « ressentir ». Il n’est pas inutile d’abord de nous remémorer nos souvenirs de saisons froides, nos premières expériences de la neige, du vent et de la glace, mais aussi les images que divers documentaires sur les pôles ont « archivées » dans notre esprit. Nous voici dans l’ambiance. À la lecture du texte, notre première sensation peut être une sensation d’excès, d’impuissance et de saturation devant l’acharnement du froid et du vent, — sensation commandée par l’attaque du paragraphe : « Il n’en pouvait plus. »
Observons le texte. Notre impression première vient d’une part de ce début du paragraphe, qui nous associe à ce qu’éprouve le héros, mais surtout des procédés d’insistance répartis au fil du texte : l’expression de l’absolu et de la totalité par exemple (« Toute cette glace » ; « qui ne cessait jamais » ; « les pousser tous sans arrêt » ; « toujours du même côté » ; « éternellement »).
Approfondissons. Que nous nous tournions vers notre film intérieur ou vers le texte objectif, nous allons observer qu’à cette impression de permanence dans le temps se joint une impression d’omniprésence dans l’espace. C’est d’ailleurs un double effet que l’on retrouve souvent : dans les textes descriptifs, l’une des clefs de l’explication consiste à étudier en parallèle tout ce qui est de l’ordre du temps et tout ce qui est de l’ordre de l’espace (cf. la phrase de Pascal commentée dans notre premier article).
Ici, l’omniprésence du vent est soulignée par de nombreuses répétitions : « et de ce vent, et de ce vent, et de ce vent » ; « sur lui, sur eux, sur tous les hommes » ; « les pousser tous […], eux et leurs baraques et leurs antennes et leurs camions » ; « pour qu’ils s’en aillent, qu’ils débarrassent le continent, qu’il les laissent, […] ».
Notre impression se précise alors : il n’y a pas simple excès, mais sentiment de suffocation devant ce souffle ininterrompu, omniprésent, irrésistible.
Retournons au texte : nous pouvons affiner notre observation. Les répétitions qui nous sont apparues sont des anaphores : l’anaphore est un procédé classique de renforcement, de gradation, par la mise en série de même débuts de phrases, ou de membres de phrase. Ces gradations caractéristiques (« sur lui, sur eux, sur tous les hommes » ; « qu’ils s’en aillent, qu’ils débarrassent le continent, qu’ils les laissent ») correspondent littéralement à l’effet de progression du vent, en mettant en valeur les seuls obstacles (les seuls « reliefs ») sur lesquels s’acharne le vent : les humains et leur matériel.
Nous « voyons » de mieux en mieux l’action du vent. Il est le grand acteur de ce texte.
Et en effet, la syntaxe est ici révélatrice. Alors que cette phrase a pour sujet grammatical un homme (« il », au départ du texte), la longue subordonnée qui suit, et qui s’étage sur huit lignes, fait place à un autre sujet bien réel, le vent omniprésent :

« ce vent qui ne cessait
        de s’appuyer
        de les pousser tous
                pour qu’ils s’en aillent
                (pour) qu’ils débarrassent
                (pour) qu’ils les laissent seuls, lui et la glace,
                                consommer… »

Cette syntaxe n’est pas à observer du seul point de vue visuel. Plaçons-nous du point de vue auditif. Écoutons notre impression : elle consiste en un déroulement rythmique, qui apparaît assez bien dans le schéma ci-dessus. Les virgules y jouent un peu le rôle de pauses du vent, alors que les gradations miment la reprise incessante des rafales. On constate qu’il est quasi impossible de prononcer cette phrase, avec ses répétitions anaphoriques, sans éprouver vocalement une sensation d’essoufflement. Au contraire, les deux dernières lignes, prolongées par le point de suspension, semblent couler sans difficulté : c’est que le vent est victorieux, et que rien ne s’oppose plus à ses « monstrueuses noces » avec la glace.
Tout n’est pas dit. Alors que cette évocation, jusqu’alors, nous donnait une impression de réalisme, l’irruption soudaine du thème des noces, en plein Antarctique, ne manque pas de nous surprendre. Devant nous s’ouvre le spectacle inhumain et paradoxal d’amours glaciales, entre le vent et la terre gelée. Le vent a été personnifié.
Relisons le texte : cela apparaissait déjà lorsque l’auteur évoquait les « mains » du vent, « ses mains trempées dans le froid de l’enfer. » La personnification des éléments les rend souvent plus proches de nous, plus « humains » ; mais elle peut aussi, à l’inverse, les rendre d’autant plus inquiétants qu’ils semblent avoir des intentions : ils savent ce qu’ils font. C’est bien le cas ici : le vent est un être bizarre, qui se plaît dans l’enfer du froid, qui vit des noces glaciales, ce qui est effectivement monstrueux, aux antipodes de l’expérience normale des hommes (qui associent l’amour à la chaleur). La personnification, les oxymores (« froid de l’enfer », « noces surglacées »), ont ainsi tiré le texte du côté du fantastique (en accord d’ailleurs avec le thème général du roman), là où un lecteur pressé n’aurait reçu qu’une fugace impression réaliste.

Ce va-et-vient entre la saisie des impressions et le regard sur le texte nous permet ainsi à la fois de mieux le comprendre et de mieux le ressentir. Nous cernons mieux le texte comme système à produire des effets. Cela suppose bien sûr une bonne connaissance de la plupart des moyens d’expression dont use un écrivain. Mais cela suppose aussi une habitude de lire les textes, et de les confronter avec le grand livre intérieur (d’expériences et de lectures) qui, peu à peu, s’édifie en nous-mêmes. Car une page ne prend son sens, sa portée, son originalité que par comparaison avec tous les autres textes qui constituent une culture. Aussi parle-t-on d’ailleurs de plus en plus d’intertextualité, — notion qui mériterait un petit article à elle seule. Cet article, nous le ferons, le cas échéant… s’il nous est demandé !

© Bruno Hongre (2003)
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