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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 21:39



    Un jour, j’ai souhaité améliorer le principe de la fiche de lecture traditionnelle. Très souvent, en effet, la fiche de lecture se présente sur un document conçu à cet effet : l’étudiant n’ayant plus qu’à répondre sur le document même par quelques lignes plus ou moins bien rédigées. En outre les questions sont pratiquement identiques pour tous les romans, puisque, très souvent, une fiche-modèle est donnée aux étudiants !
    J’ai donc décidé, après ce jour de haute réflexion, de tenter d’améliorer le principe de la fiche de lecture en créant seize fiches différentes qui pourraient être appliquées à chaque roman ou nouvelle ! Quelques fiches pourraient d’ailleurs être appliquées au théâtre.
    Ces fiches offrent un avantage certain : elles suscitent un grande part de rédaction de la part de l’étudiant et lui offrent, à chaque fois, des pistes différentes exigeant une réponse structurée. En outre je demande souvent, pour chaque roman lu, de répondre à une fiche différente : une certaine variété est donc possible !

 

REMARQUES PRÉLIMINAIRES

• Le travail doit comprendre min. 35 lignes d’analyse personnelle (sans tenir compte de l’introduction, de la conclusion et des exemples à inclure dans le texte) : le travail comprendra donc au moins 55 lignes manuscrites).

• Pour les fiches 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 12, 14 et 16, il n’est pas indispensable de répondre dans l’ordre des questions.

• Il faut un texte suivi (alinéas et liens logiques entre les phrases ; ne pas donner l’impression que vous répondez à des questions, mais indiquer en début d’alinéa la piste que vous allez suivre en écrivant par exemple : «Dans un premier temps nous observerons l’évolution du thème du début à la fin du roman...»).

• Les questions sont des pistes de travail présentées dans le désordre : il est donc possible de supprimer quelques questions et d’en remplacer certaines par d’autres plus pertinentes en fonction du livre choisi (cette remarque n’est pas valable pour les fiches 1, 2, 11, 12 , 13 et 15).

• Une introduction et une conclusion au travail sont vivement conseillées.
L’introduction présente le travail («quoi») et la méthode générale («comment») qui sera utilisée. La conclusion révèle l’importance du travail qui a été effectué (elle ne répète pas ce qui a déjà été dit !).

• Manière de présenter les exemples (tout extrait du roman doit être placé entre guillemets) :

    - Les exemples doivent être intégrés dans l’analyse.

    - Les exemples peuvent être présentés de trois manières différentes. Par exemple, si vous voulez prouver que Paul, un personnage du roman lu, éprouve une grande tendresse pour un personnage féminin, vous avez trois possibilités que vous pouvez utiliser conjointement ( éviter l’utilisation du mot «exemple»). Écrivez :

        a) Au chapitre 1, Paul lui témoigne souvent une tendresse débordante ( «il l’embrassa avec fougue»).

        L’extrait est ici placé entre parenthèses à la fin de votre phrase.

            OU

        b) Au chapitre 1, nous remarquons que Paul lui témoigne souvent une tendresse débordante.

        On rappelle ici une situation générale sans donner un extrait.

            OU

        c) Au chapitre 1, Paul «l’embrassa avec fougue». Par ce geste il perdit la confiance de toutes les autres femmes qui l’aimaient encore.

        L’extrait est ici intégré dans votre phrase.

    - Ne pas indiquer les numéros de pages !

• Faites des recherches dans les bibliothèques et librairies après avoir lu le roman. Toujours indiquer vos sources (bibliographie). Sachez cependant qu’un travail qui n’indique pas ses sources et/ou qui se contente de recopier totalement ou partiellement des analyses toutes faites est sans valeur.

• Évitez les banalités ! Faites des observations personnelles, pertinentes et originales qui peuvent faire appel à votre culture... à d’autres lectures !





FICHE 1 : SCHÉMAS NARRATIFS ET RÉSUMÉ

a) Quelle est la situation initiale du récit ?

b) Quelle est la situation finale du récit ?

c) Quels sont les événements qui causent une transformation de l’état initial en l’état final ?

d) Établir le schéma actantiel du livre (les actants sont le héros, le destinateur, le destinataire, l’objet, l’adjuvant et l’opposant).

e) Faire un résumé du récit entre 15 et 20 lignes (utiliser des alinéas et des liens logiques entres les phrases).



FICHE 2 : APPRÉCIATION DU LIVRE

a) Quels sont les aspects du livre que vous trouvez intéressants (qualités qui témoignent d’un certain savoir-faire de l’auteur au niveau de la fiction et de la
narration) ? Justifiez votre point de vue ?

b) Quels sont les aspects du livre que vous appréciez particulièrement et quels sont les aspects que vous n’appréciez pas (goût personnel) ? Justifiez votre point de vue !



FICHE 3 : ÉTUDE D’UN PERSONNAGE

a) Quels sont les attributs du personnage choisi (attributs = nom, prénom, titre, âge, passé, traits physiques, traits psychologiques, langage, décor - dans lequel il vit - qui peut révéler sa personnalité) ? Analyser éventuellement la technique du portrait à travers un extrait significatif que vous ne devez pas oublier de coller sur votre travail !
N.B. : chaque attribut peut révéler la personnalité du personnage.

b) Les informations sur le personnage sont-elles données directement (= caractérisation directe) par :
    - le narrateur ?
    - un autre personnage ?
    - le héros lui-même ?

c) Le lecteur doit-il parfois saisir par lui-même (= caractérisation indirecte) une information nouvelle sur le personnage à partir :
    - d’un détail matériel,
    - d’une parole,
    - d’une action ?

d) Retracez l’évolution psychologique du personnage du début à la fin du roman !



FICHE 4 : ANALYSE SOCIOLOGIQUE (SOCIOCRITIQUE)

Remarques :

• Il s’agit de faire l’étude de la relation de l’oeuvre avec la réalité historique, politique, sociale, économique, culturelle de l’époque :
    a) de sa création
    b) de celle qu’elle évoque
    c) actuelle

• Une recherche documentaire est nécessaire (sur l’auteur et sa vision personnelle de la société, en histoire et en sociologie...).


a) Sociologie interne :

• Quelles sont les classes sociales présentes dans le roman ? Étudiez le rapport entre ces classes sociales ! De quelle façon sont-elles liées au secteur économique (richesse, production, consommation...) ?

• Étudiez les groupes ( clans, bandes, partis, institutions...), les métiers et les rôles sociaux ( le chef, le père, les épouses, les mères, les domestiques, les
ecclésiastiques...) !

• Observez les événements collectifs éventuels !

b) Sociologie externe :

• A quelle époque le livre est-il paru ? Quelles ont été les conditions de rédaction et de publication du livre ? Quel rôle a-t-il joué (succès ou échec dans l’oeuvre de l’écrivain) ?

• Quelle est l’époque évoquée dans le livre ? Est-elle contemporaine ou non de la création de l’oeuvre ?

• Peut-on établir des rapports entre le roman et la société dans laquelle il a été produit
(exemple : le Nouveau Roman qui fait disparaître le personnage traditionnel correspond à la disparition de l’individu dans notre société anonyme et technocratique) ?

• Peut-on établir des rapports entre l’oeuvre et des phénomènes sociaux, religieux, économiques, politiques réels ? Si oui, l’oeuvre semble-t-elle objective, engagée, précise... (faire si possible référence à la vision personnelle de l’écrivain en étudiant sa biographie) ?

• Pourquoi la lit-on encore de nos jours (presse, films, télévision...) ? Répond-elle à des phénomènes actuels ? Peut-on lui trouver plusieurs interprétations ? Son ( ses) sens a-t-il changé ? Peut-on la mettre en rapport avec d’autres oeuvres traitant d’un problème semblable ?



FICHE 5 : ÉTUDE DE L’ESPACE

Remarque : Cette analyse concerne l’étude des lieux, du décor et des déplacements.


a) Où se déroule l’action ( lieux divers, espace ouvert ou limité) ?

b) Comment les lieux et le décor sont-ils décrits ( procédés descriptifs que l’on peut comparer aux procédés cinématographiques : description statique (vue fixe) ou ambulatoire (vue découverte par un personnage en mouvement = travelling), panoramique horizontal ou vertical, plongée ou contre-plongée, plan général, plan rapproché, gros plan...) ?

Remarque : il est indispensable, pour cette piste, d’analyser les procédés relevés (montrer, par exemple, l’intérêt de tel panoramique ou de telle contre-plongée).

c) Peut-on relever des lieux et/ou objets symboliques ?

d) Quelle est l’importance des déplacements ? Permettent-ils de varier la technique narrative (lettre, récit d’une autre personne...) ?

e) La description de l’espace permet-elle de mieux comprendre la fiction ?



FICHE 6 : ÉTUDE DES PROCÉDÉS STYLISTIQUES

Remarque : Étude de la façon dont une oeuvre est écrite (observer à la fois l’oeuvre dans son ensemble et des phrases caractéristiques). Travailler surtout sur des échantillons.


a) Quels sont les modes d’expression utilisés (description, dialogue, monologue intérieur, résumé...) ? Quels sont ceux qui dominent ?

b) Quel est le ton de l’oeuvre... ton qui peut traduire la vision personnelle de l’auteur (froid, distant, passionné, objectif, humoristique, ironique, tragique, onirique...) ?

c) Quels sont les registres du vocabulaire (technique, politique, scientifique, religieux...) ?

d) Observez les personnes et les temps des verbes !

e) Quels sont les champs lexicaux dominants (voir fiche 7) ?

f) Observez le rythme et la construction des phrases !

g) Relevez dans le roman quelques figures de style importantes et analysez-les !

Exemples :
    - métaphore au sens restreint («la nuit de ton regard» au lieu de «tes yeux noirs») et au sens étendu ( le héros recherche l’amour ; il rencontre un enfant qui lui raconte l’histoire d’un écureuil qui ne trouve pas de femelle : ce dernier exemple est aussi appelé une mise en abyme).
    - antithèse (opposition de mots, de situations, de personnages...).
    - ellipse (sous-entendre un terme, une situation...) : il faut déceler quelle signification est suggérée par cette étape sautée.
    - métonymie (description d’une partie d’une réalité au lieu de sa totalité).
    - alternance narrative (présenter alternativement des faits qui se déroulent en même temps).
    - comparaison.

h) Relevez d’autres caractéristiques au niveau du langage : fonction poétique, niveau de langue (parlé, correct, littéraire), répétitions (il est intéressant d’étudier la fréquence d’apparitions de certains messages et d’observer leurs variantes), la manière dont «l’objet» est vu dans certaines descriptions (hiérarchie de l’utilisation des cinq sens, le degré d’objectivité/subjectivité et les états d’âme de celui qui décrit), les fonctions de certaines descriptions (fonction visualisatrice = rendre un objet présent à nos yeux, fonction dilatoire = retarder la narration des événements en vue d’augmenter le suspens et/ou de produire un décor esthétique, fonction dramatique = la description exerce un rôle dans l’intrigue), les termes utilisés (péjoratifs, laudatifs, riches, pauvres...), personnification...

i) Analysez éventuellement un extrait plus long (que vous photocopiez) qui est caractéristique de l’écriture de l’auteur !



FICHE 7 : ÉTUDE THÉMATIQUE

Remarque : cette étude doit porter sur un thème choisi.


a) A quel moment du livre ce thème apparaît-il (dans la fiction et dans la structure du livre) ?

b) Ce thème apparaît-il explicitement ou implicitement (est-il représenté par des mots ou le lecteur doit-il parfois le sous-entendre à travers des détails matériels, des paroles ou des actions) ?

c) Quelle est la fréquence des mots représentant ce thème ?

d) Ce thème est-il développé par le narrateur et/ou des personnages ?

e) Ce thème a-t-il une influence sur le cours de la fiction ? Expliquer !

f) Est-il possible de mettre en rapport l’utilisation du thème faite par l’auteur ou le narrateur avec :
    - l’époque de la rédaction du livre ?
    - la vie de l’auteur ?

g) Le thème est-il parfois métaphorisé (exemple : le thème de la mort peut être métaphorisé par l’apparition d’un chat noir) ?

h) Observez le champ lexical du thème choisi (champ lexical = ensemble des mots utilisés pour désigner une notion) et éventuellement le champ sémantique (ensemble des sens qu’un mot prend dans un énoncé donné) !

i) Montrez l’évolution du thème depuis son apparition jusqu’à sa disparition !



FICHE 8 : ÉTUDE STRUCTURALE

Remarque : Une structure est un système (= un ensemble) comprenant plusieurs parties qui peuvent avoir entre elles des relations de ressemblance ou de différence. Le livre peut donc être considéré comme une structure.


a) Comment le texte est-il divisé ? Quel est le nombre de parties et de chapitres ?

b) A quel élément de fiction correspond ce découpage (exemple : Pierre et Julie se rencontrent dans le chapitre 1; Julie fait un voyage d’affaires dans le chapitre 2...) ? Il est conseillé ici d’opérer des regroupements de chapitres afin de ne pas trop alourdir la présentation.

c) Est-il possible d’opérer un autre découpage en fonctions de certains critères choisis au niveau de la fiction et/ou de la narration (exemple : le thème du soleil apparaît dans les chapitres 1 et 2, le thème de la pluie apparaît dans les chapitres 3 et 4... Le critère choisi est ici le critère du temps météorologique) ?

d) Existe-t-il des relations de ressemblance ou de différence entre certaines parties ou chapitres ?

e) Certains mots-clefs, phrases, thèmes... reviennent-ils (avec variantes ou non ) dans certains chapitres (= étude statistique) ? Que peut-on en conclure ?

f) La construction du livre est-elle originale ou traditionnelle ? Justifiez votre point de vue !



FICHE 9 : ÉTUDE DU TEMPS

a) Quel est :
    - le temps de l’écrivain ?
    - le temps historique ( à quelle époque se situe la fiction du livre) ?

b) Quel est le temps de la fiction (= durée du déroulement de la fiction) ?

c) Faites un relevé de toutes les informations chronologiques directes (date ou formules diverses), indirectes (vieillissement des personnages, transformation des lieux...) et implicites (allusions à déchiffrer). Ce relevé permettra d’établir un graphique où l’on peut, par exemple, noter en abscisse les périodes chronologiques et en ordonnée les éléments de la fiction : on obtiendra ainsi une ligne du temps.

d) Quels sont les procédés narratifs utilisés qui perturbent l’ordre temporel linéaire (résumé, anticipation, rétrospection, analyse, description, escamotage, simultanéité, inversion, points de vue différents sur un même événement, micro-récits tels que l’enchâssement et la mise en abyme...) ?



FICHE 10 : LECTURE PLURIELLE ET INTERTEXTUALITÉ

a) Tout texte est, d’après Roland Barthes, influencé par d’autres textes et par la culture (un mythe, une citation, une allusion à un titre d’oeuvre, un thème, un film... ). C’est la notion d’intertextualité. Relevez ces influences en faisant appel à votre culture... !

b) La lecture plurielle a pour but non seulement de déchiffrer les significations développées consciemment ou inconsciemment par l’auteur mais aussi d’ajouter d’autres sens, produits de la culture ou de l’imagination du lecteur. Ces sens peuvent être prélevés dans une série de codes que l’on peut relever dans le roman lu :

        - code de l’énigme : Quelles sont les énigmes ? Comment sont-elles formulées ? Le lecteur est-il égaré sur de fausses pistes ? Comment la découverte de la solution est retardée ? Comment cette solution se dévoile enfin ?

        - code sémique (sème = sens) : le lecteur doit découvrir les sens seconds à partir de l’utilisation de certains termes, la description d’un lieu ou d’un personnage...

        - code symbolique : repérer les symboles qui peuvent être des objets, des personnages, des lieux, des déplacements...

        - code des actions : repérer l’enchaînement des actions qui obéit souvent à une certaine logique.

        - codes culturels : découvrir les connotations (= sens seconds) qui font appel au savoir humain (scientifique, médical, psychologique, historique, religieux...).

N.B.: Ces codes ne sont pas isolés les uns des autres . Montrez les corrélations éventuelles qui se produisent entre eux !



FICHE 11 : UN ROMAN POUR NOTRE ÉPOQUE ?

Remarque : un roman plus ancien peut traiter de problèmes encore actuels !


Les problèmes, situations, personnages, thèmes... vous semblent-ils encore actuels (sont-ils liés à une époque révolue ou sont-ils proches des préoccupations de notre monde d’aujourd’hui) ? Justifiez votre point de vue !



FICHE 12 : ÉTUDE DU POINT DE VUE ET DU VRAISEMBLABLE

Remarques :

1) Le point de vue est la perspective narrative choisie par le romancier pour présenter les personnages et les événements (la question essentielle = d’où «l’objet» est-il vu ?)
2) On distingue trois types de perspective (Genette) :

    - récit non focalisé (vision par-derrière) : narrateur omniscient qui nous fournit tous les détails sur la psychologie des personnages... Il voit tout et il sait tout. On l’appelle aussi la vision illimitée.
Exemple : « Elle était belle, toujours souriante et son coeur était généreux.»

    - récit à focalisation interne (vision avec) :

        a) le narrateur est un personnage (vision limitée) :

Exemple : «Je m’avançai vers elle... jeune femme toujours belle.»

        b) le narrateur n’est pas un personnage : dans ce cas, tout nous est décrit à travers le regard d’un personnage qui perçoit les événements, les autres...

Exemple : «Il lui sembla qu’elle était toujours belle.»

    - récit à focalisation externe (vision du dehors) : le narrateur qui ne fait pas partie de la fiction est un observateur extérieur qui enregistre les événements sans faire aucun commentaire.

Exemple : « Il est 17 heures. Juliette sortit de l’immeuble. Paul la regarda passer.»


a) Quelle perspective trouve-t-on dans le roman ? Peut-on y trouver ces trois formes de perspective? Donnez des exemples ! Quel est l’intérêt des perspectives utilisées ? Ces démarches sont-elles traditionnelles ou originales ?

b) Comment le narrateur révèle-t-il son omniscience ? Feint-il parfois de ne plus être omniscient ?

c) Quels sont les procédés utilisés par le narrateur pour convaincre le lecteur que son récit est vrai ( donner l’illusion du réel) ou au contraire pour détruire l’illusion du réel ?

d) Le narrateur est-il représenté ou non représenté ?

    • Si le narrateur est représenté :

        - est-il héros (il raconte son histoire) ou comparse (il raconte l’histoire d’un autre) ?

        - intervient-il au niveau de la narration et/ou de la fiction pour se livrer à des réflexions (et donc rompre le rythme du récit) ?

    • Si le narrateur n’est pas représenté : intervient-il également dans le récit ? De quelle manière ? Quel est le rôle de ces interventions éventuelles ?



FICHE 13 : AUTOUR DU ROMAN

Remarque : Pour ce travail il est indispensable de choisir un livre à couverture illustrée que l’on collera sur le travail.


a) Analyse la couverture du livre ! Cette couverture correspond-elle à la fiction et/ou à la narration du livre ?

b) Observe le titre du livre et analyse-le ! Comment est-il disposé sur la couverture ? Le titre correspond-il à la fiction et/ou à la narration du récit ?

c) Si le livre possède une table des matières, quel est le rôle de cette dernière ? A quel élément de la fiction correspond le découpage opéré par la table des matières ?

d) Analyse les épigraphes éventuels ! Quel rapport peut-on établir entre les épigraphes et le contenu des chapitres ?

e) Le livre est-il composé de chapitres ? À quoi correspond ce découpage ?
N.B : Ne répondent à cette question que les étudiants qui n’ont pas répondu à la question c)

f) Le roman présente-il une préface ? Est-ce une préface de l’auteur ou de l’éditeur ? Quel est son rôle ?



FICHE 14 : ÉTUDE DE L’IDÉOLOGIE

Remarque : l’idéologie est la conception que l’individu se fait de l’homme et de la société, de la vie et du monde.


a) Les thèmes utilisés traduisent-ils une idéologie particulière :

    - chez l’auteur et/ou le narrateur (exemple : le thème de l’action dans la Condition humaine traduit la philosophie de Malraux, homme d’action et homme pour l’action) ?

    - chez l’un ou l’autre personnage ?

b) Découvrir les éléments linguistiques ou non qui permettent de déceler une idéologie :

    - la biographie de l’auteur permet parfois de mieux comprendre certaines options idéologiques.

    - le relevé des éléments dépréciatifs/appréciatifs peut permettre également de découvrir une idéologie ( = relevé des opinions défavorables/favorables de l’auteur – ou du narrateur ou des personnages – sur les événements, comportements, objets... ). Dégager ensuite les valeurs défendues et les anti-valeurs attaquées par l’auteur et/ou le narrateur et/ou les personnages.



FICHE 15 : ROMAN TRADITIONNEL OU ROMAN NOUVEAU ?

Remarques :

• Le roman traditionnel veut donner au moyen de l’écriture (le langage) l’illusion de la réalité. Il veut se rapprocher du réel (= faire vrai) et l’écriture n’est qu’un moyen pour arriver à ce but. Son but premier est de raconter une fiction sans se soucier d’une recherche au niveau du langage, de la structure du livre... Il veut rendre le personnage vraisemblable et les thèmes qu’il présente sont traditionnels et/ou traités d’une manière traditionnelle.

• Le roman nouveau veut détruire l’illusion du réel (la narration détruit souvent les procédés traditionnels). On y observe souvent une recherche sur le langage et/ou la structure du récit (l’écriture se remet souvent en question : elle devient alors essentielle). Les thèmes (même s’ils sont traditionnels) sont traités d’une manière non traditionnelle.



a) Après avoir fait votre choix justifiez-le en analysant tous les aspects du livre au niveau de la fiction et de la narration ! A cette analyse vous pouvez ajouter l’étude d’un extrait qui voussemble révélateur (extrait à photocopier ou à recopier).

b) Si le choix vous semble impossible, quels sont les aspects modernes et traditionnels du livre ?



FICHE 16 : PSYCHOCRITIQUE

Remarques :

• Cette fiche étudie la signification de l’oeuvre dans le domaine de l’affectivité (sensations, émotions, sentiments...) et de la psychologie (+ la morale, philosophie, religion). Elle étudie aussi la personnalité des personnages et du narrateur qui peut PARFOIS recouper celle de l’auteur.

• Une recherche documentaire sur l’auteur peut être utile.


a) Comment les comportements des personnages sont-ils exposés (descriptions, actions...) ?

b) Quels sont les éléments constitutifs des personnalités des principaux personnages : pulsions (tendances permanentes et souvent inconscientes), caractère inné (tempérament ) ou non, actions et pensées conscientes ou inconscientes...

c) Étudiez les relations affectives ? Quels sont les difficultés et obstacles au niveau affectif ? Quelle est la nature des liens (amour, haine, attirance, jalousie...) ?

d) Est-il possible d’établir des rapports entre ces relations avec la situation de l’auteur ?

e) Le roman fait-il référence aux quatre éléments fondamentaux (eau, terre, air, feu) et à ses dérivés ? Si oui, quelle est la portée symbolique et psychologique de ces allusions (consulter éventuellement un dictionnaire des symboles) ?

f) Des images obsédantes (répétition d’images, de mots...) apparaissent-elles dans le livre ? Que révèlent-elles à propos de l’imaginaire du narrateur, voire de l’auteur (une comparaison peut être faite avec la vie de l’écrivain) ?

g) Quel est le rôle et l’importance de la psychologie dans l’oeuvre ?

f) Quel est le sens PROFOND de l’oeuvre dans sa totalité ?

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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 21:35
Ces conseils s’appliquent à tous les travaux écrits excepté aux travaux écrits de créativité. Elles ne s’appliquent que partiellement aux dissertations dont l’introduction et la conclusion sont quelque peu différentes (voir à ce propos les 5 articles consacrés à la dissertation).


 

A) CONSEILS GÉNÉRAUX


    • La majorité des travaux écrits doivent présenter un texte suivi.

    • Le texte suivi est composé d’ une série d’alinéas.

    • L’alinéa comprend une ou plusieurs lignes qui offrent une unité de sens : chaque fois que l’on passe à une idée différente de celle qui est développée précédemment, il est indispensable de créer un alinéa.

    • Sur le plan formel l’alinéa se manifeste par un retrait (l’alinéa commence après un retrait de un centimètre environ).

    • Il est indispensable, dans de nombreux cas, d’écrire des mots-liens entre les alinéas(voir l’article «Les liens logiques» ). En l’absence de mots-liens, le texte paraîtra désordonné et confus : il faut donc éviter d’écrire un texte comprenant plusieurs idées sans lien entre elles.

    • En outre, à l’intérieur de l’alinéa, les phrases doivent, très souvent, être reliées entre elles par des mots-liens.

    • Si vous éprouvez des difficultés sur le plan de l’expression écrite, il est préférable de commencer par écrire des phrases courtes unies par des mots-liens plutôt que d’écrire des phrases trop longues qui sont souvent mal construites et/ou mal ponctuées.

    • Le texte doit être précédé d’une introduction et se clôturer par une conclusion.

    - L’introduction répond aux questions «quoi ?» (que vais-je faire ?) et «comment ?» (comment vais-je le faire ou quelle méthode vais-je utiliser ?).
    - La conclusion révèle au lecteur l’importance du travail qui a été effectué.

     Exemple d’introduction :

     Pour aborder Les diaboliques de Boileau-Narcejac, nous analyserons le thème de la peur. Nous observerons les procédés utilisés par les auteurs pour créer une atmosphère angoissante. Nous montrerons ensuite comment ce thème évolue du début à la fin du roman.

     Exemple de conclusion :

     L’analyse qui précède nous aura permis de découvrir que le thème de la peur jouait un rôle essentiel dans le roman de Boileau-Narcejac : la peur, suscitée par des moyens divers, fait rebondir l’action et évoluer l’intrigue d’une manière originale.

    • Chaque partie ou piste importante du travail doit être annoncée par un alinéa.

     Exemple :

     Commençons par aborder les procédés utilisés par les auteurs afin de créer une atmosphère d’angoisse.
    En premier lieu les auteurs utilisent une technique.........
    Nous remarquons ensuite l’utilisation d’un procédé qui....... ........................................................................................................................................
    Montrons maintenant comment le thème évolue du début à la fin du roman.
    Constatons d’abord que le thème est absent au chapitre 1.     En effet les personnages y évoluent dans un univers plein de calme et de sérénité......................................................
    Au chapitre 2, par contre, nous oservons que le thème surgit d’une manière brusque. Ainsi.......................................................



     • Écrire un point après une phrase !

     Ne pas écrire :
«L’ histoire est originale, les personnages sont bien analysés, les thèmes sont variés.»
     Écrire :
«L’ histoire est originale. Les personnages sont bien analysés. Les thèmes sont variés.»
     ou mieux encore :
«L’histoire est originale. En outre les personnages sont bien analysés. De plus les thèmes sont variés.»

    • Ne pas oublier un «et» avant le dernier terme de l’énumération.

    Ne pas écrire :
«J’aime les pommes, les cerises, les fraises.»
    Écrire :
«J’aime les pommes, les cerises et les fraises.»

     • Les «il y a» et les «ça» sont à éviter (l’utilisation des «il y a» fait preuve d’une pauvreté de vocabulaire !) : on peut admettre un «il y a» par travail ! Remplacer l’expression «il y a» par un verbe adéquat !

     Ne pas écrire :
«Il y avait une histoire originale dans ce film.»
     Écrire :
«Ce film offrait une histoire originale.»

     • La concordance des temps doit être respectée !

     • Ne jamais utiliser le passé composé dans un texte écrit !

     • Supprimer les verbes passe-partout («mettre», «faire», «avoir», «être»...) qui témoignent également d’une pauvreté de vocabulaire !

     • Éviter certaines tournures lourdes («ce qui», «c’est que...») !

     Ne pas écrire :
«Ce que j’ai aimé, c’est que l’histoire est originale.»
     Écrire :
«J’ai apprécié l’originalité de l’histoire.»

     • Ne jamais écrire : «je vais» !

     Ne pas écrire :
« Je vais analyser le thème de l’amour.»
     Écrire :
« J’analyserai le thème de l’amour.» ou «Nous analyserons le thème de l’amour.»

    • Les exemples doivent être présentés d’une manière correcte.

     Ne jamais écrire :
«Exemple : Fabien aime Virginie au chapitre 1...»


    Relevons trois manières correctes de faire allusion aux exemples. L’idéal est d’utiliser ces trois méthodes afin de créer une certaine variété. Vous voulez prouver, par exemple, que Fabien est amoureux de Virginie au chapitre 1 d’un roman que vous analysez.

    Écrire :
     1) «Au chapitre 1, nous observons que Fabien est follement amoureux de Virginie.» ou « Par exemple, nous observons que Fabien est follement amoureux de Virginie au chapitre 1.»

Simple rappel d’une situation sans recopier l’extrait
ou

     2) Au chapitre 1, Fabien témoigne de son amour ardent pour Virginie («il l’embrassa avec une fougue sauvage.»).

L’exemple est ici placé entre parenthèses après votre phrase
ou

     3) Au chapitre 1 , Fabien embrassa Virginie «avec une fougue sauvage». Par ce geste il perdit la confiance des autres femmes qui l’aimaient encore.
Une manière très professionnelle de présenter un exemple : il est intégré dans votre phrase !




Simulation sur le sujet suivant (les liens logiques sont indiqués en couleurs) : Quels sont, d’après vous, les effets positifs et négatifs de l’utilisation de l’ordinateur ?

     L’ordinateur occupe une place de plus en plus importante dans la société moderne. C’est pourquoi il serait utile de nous pencher sur les conséquences positives et négatives de son utilisation.
     Abordons en premier lieu les avantages liés à l’utilisation de l’ordinateur.
     À cette fin nous ferons la distinction entre le milieu professionnel et le milieu familial.
     Il est évident que dans le milieu professionnel l’ordinateur est un atout incontestable.
     Ainsi, grâce à lui, les chefs d’entreprise, gagnent un temps considérable. Le traitement de texte, par exemple, permet des corrections rapides. Quant aux tableurs, ils offrent la possibilité de calculs à une vitesse incomparable.
     En outre les données très nombreuses peuvent être stockées sur un disque dur : ceci permet d’éviter la prolifération de documents qui prennent souvent une place considérable.
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     Passons maintenant aux avantages de l’ordinateur dans le milieu familial.
     Nous remarquons d’abord que l’ordinateur peut avoir un rôle éducatif. Nous pensons notamment aux nombreux cédéroms consacrés à tout le domaine de la connaissance (encyclopédies, logiciels d’apprentissage des langues, musées...).
     De plus, grâce à l’ordinateur, certains apprentissages peuvent se faire au moment souhaité : l’ordinateur permet un apprentissage à un rythme personnel sans les contraintes de temps habituelles.
     Ajoutons que l’utilisation de l’Internet permet à chacun d’entrer en contact avec d’autres personnes et d’obtenir une quantité phénoménale d’informations.
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     Penchons-nous en second lieu sur les inconvénients liés à l’utilisation de l’ordinateur.
     Ces inconvénients se situent essentiellement sur les plans psychologique, intellectuel et physique.
     Sur le plan psychologique, des chercheurs ont constaté que l’utilisation prolongée de l’ordinateur pouvait créer une dépendance psychologique. Ainsi certains jeunes ne peuvent plus se passer de leur écran d’ordinateur sur lequel leurs yeux sont rivés parfois plusieurs heures par jour.
................................................................................................................................................................
     Sur le plan intellectuel, l’ordinateur est incapable de réfléchir à la place de l’individu et donc de remplacer tout le travail de l’homme. Heureusement d’ailleurs, car la place de l’homme, en tant qu’être intelligent, reste prépondérante. L’ordinateur ne peut donc pas bien entendu résoudre tous les problèmes : ses possibilités restent limitées.
     De surcroît de nombreux cédéroms dits éducatifs ou ludiques n’offrent pas la qualité que l’on pourrait attendre d’un tel support.
…………………………………………………………………………………………......................
     N’oublions pas le plan physique. En effet.........................................................
..............................................................................................................................................................
     L’analyse qui précède nous permet de comprendre que si l’ordinateur est un atout incontestable dans de nombreux domaines, il reste malgré tout un outil qui peut être parfois nuisible. Utilisons-le donc avec modération !

B) CONSEILS PARTICULIERS

    • Il est donc indispensable de soigner l’expression écrite (style, syntaxe et orthographe) indépendamment de l’analyse et de la structure.

    • L’écriture doit être très soignée(tout mot illisible peut être comptabilisé comme faute par le correcteur).

    • Éviter les ratures.

    • Il est vivement conseillé d’écrire au stylo (utiliser le feutre effaceur).

    • Le nombre de lignes demandé doit être respecté faute de quoi l’analyse risque d’être insuffisante.

    • Toutes les sources extérieures utilisées ( livres, articles) doivent être indiquées à la fin du travail dans une rubrique intitulée «bibliographie». Si des sources extérieures sont utilisées sans être mentionnées (plagiat), le travail pourrait être annulé. Si vous utilisez Internet comme source , vous devez donner l’adresse complète du site. La bibliographie doit être indiquée de la façon suivante :

     Exemple :
Si vous écrivez : «Comme le souligne Roland Barthes dans son ouvrage Le plaisir du texte,...», vous devez mentionner la bibliographie à la fin de votre travail.

R. BARTHES, Le plaisir du texte, Paris, Le Seuil, 1973.
J. CHEVALIER, A. GHEERBRANT, Dictionnaire des symboles, Paris, Seghers, 4 vol., 1973.
J. RICARDOU, «Temps de la narration, temps de la fiction», Problèmes du nouveau roman, Paris, Seuil, 1967, pp. 161-170.
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5 novembre 2010 5 05 /11 /novembre /2010 21:22

Pour de nombreux étudiants, la prise de notes au cours n’est pas simple.

Je vous propose donc une méthode qui aidera à prendre convenablement des notes pendant les cours afin de cerner l’essentiel !

 

1) Il ne faut noter que l’essentiel

Premier danger : Prendre trop de notes !

Il ne faut pas tout écrire immédiatement.

Certains étudiants notent mot à mot tout ce que les professeurs disent ! La prise de notes ne consiste pas à copier ce que le professeur dit ! Il faut donc saisir l’idée importante en distinguant ce qui est accessoire et ce qui est essentiel.

Il faut résumer les idées et supprimer les répétitions.

Il est parfois indispensable d’ attendre que le professeur ait terminé sa phrase et son idée avant de commencer à écrire. Il faut savoir qu’à l’oral les informations sont souvent répétées. Bien entendu certains professeurs ne répètent pas l’information : dans ce cas il est nécessaire de noter l’explication dès qu’elle est exposée sinon vous risquez de rater l’explication suivante !

Deuxième danger : Prendre trop peu de notes !

Si vous prenez trop peu de notes, vous ne comprendrez plus ce que vous avez écrit, lorsque vous relirez votre cours. Vous vous rendrez compte que vous n’avez pas pris note des éléments essentiels ou que vous avez perdu des informations. Il faudra en outre noter d’une façon précise les chiffres, les dates, les définitions, les noms propres et les références diverses.


2) Il est indispensable de bien écouter !

Il faut d’abord bien écouter le professeur. On constate d’ailleurs que si un cours est bien écouté, il est assimilé dans une grande proportion. Tenez compte du ton de la voix de votre professeur, des insistances, du débit de sa voix qui s’accélère ou ralentit, de ses gestes : ce sont des indicateurs qui vous permettent de découvrir parfois les idées essentielles. D’autant plus si le professeur fait des remarques telles que les suivantes : «Ce que je vais vous dire est très important ; deux aspects essentiels sont à retenir ; je répète que... ; j’insiste surtout sur...».


3) Quelques techniques qui permettent de cerner l’essentiel

Le plan

Le plan dans un cours est essentiel. Plusieurs cas se présentent :

1) Le professeur vous a donné le plan de son cours ou vous donne le plan en début de cours. Reproduisez-le avec soin avec ses titres et ses sous-titres. Ce plan du cours vous permet déjà de connaître les thèmes importants du cours et de vous y référer lorsque vous étudiez votre matière.

2) Le professeur propose un plan au fur et à mesure que son cours évolue ou n’a pas de plan apparent. Il faut alors être encore plus attentif aux indicateurs dont j’ai parlé plus haut et faire attention aux expressions qui annoncent des changements d’idées. Exemple : Maintenant nous passerons à tel point ; observons maintenant tel aspect ; ce point comprendra deux parties...»

Le style télégraphique

Pour noter les idées essentielles, utilisez le style télégraphique. Par contre vous devez noter le sujet (ce dont on parle) et le prédicat (ce qu’on dit du sujet). Ignorez certains verbes (comme : il y a, il se trouve que , il est clair que, il apparaît que), les articles et les pronoms.
Vous entendez, par exemple, la phrase suivante : « il est apparu que le Nouveau Roman a réagi contre les techniques de narration traditionnelles qu’il jugeait dépassées, car elles n’avaient pour but que de donner l’illusion du réel .» Notez alors : Le NR réagit contre narration traditionnelle jugée dépassée (voir illusion du réel).

Les mots-clés

Ce sont des mots indispensables à la compréhension : ils apportent des informations, sont répétés plusieurs fois dans le cours et certains d’entre eux sont contenus dans les titres. Exemple : les différences entre le roman traditionnel et le roman nouveau.

Les abréviations

Il faut pouvoir traduire les idées en termes plus courts.
Chacun peut bien entendu avoir son système propre d’abréviations.
Voici quelques abréviations de mots courants.

Exemples :
adjectif = adj.
histoire = hist.
juridique = jurid.
technique = techn.
cependant = cpd
quelquefois = qqf
beaucoup = bcp
jamais =jms
souvent = svt
toujours =tjs
dans = ds
grand = gd
quand = qd
vieux = vx
quantité = qté
poids = pds
temps = tps
c’est-à-dire = cad
important = impt

Des signes conventionnels

Vous pouvez vous entraîner à utiliser des signes conventionnels.
Exemples : § pour paragraphe, + ou flèche vers le haut pour hausse, - ou flèche vers le bas pour baisse, ê pour être, etc.


4) Prendre des notes claires

• L’idéal est de bien noter votre cours du premier coup. Il ne faut donc pas écrire des brouillons. Si les notes sont mal présentées, vous n’aurez pas envie de les relire. Il ne faut les recopier qu’ exceptionnellement.

• Placez à l’extrême gauche de votre feuille les titres principaux. Décalez vers la droite chaque sous-titre. Prévoyez un nouveau décalage pour les exemples. Ne revenez à la ligne que lorsqu’une nouvelle idée est abordée.

• Prévoyez des marges importantes à gauche pour compléter des points incompris ou noter les oublis du professeur, pour rectifier des informations erronées, pour inscrire des questions à poser à la fin du cours et enfin pour noter des expressions ou des termes inconnus.

• Sautez des lignes pour que le plan soit mis en évidence et afin de faciliter la relecture du cours.


5) Vous devez être capable de réutiliser vos notes

La prise de notes ne s’arrête pas au cours. Elle doit se prolonger par un travail personnel. Reprendre ses notes, c’est assimiler une partie importante du cours. Mettez au point vos notes le soir même (voir la méthode de travail que je propose : elle conseille de relire tous les cours de la journée !)

Vérifiez en premier lieu si la matière est comprise.

Il apparaît parfois qu’une matière, qui semblait évidente au cours, l’est moins lorsqu’elle est revue à domicile. Notez les points obscurs qui doivent être éclaircis et corrigez certaines abréviations qui vous semblent peu claires.

Complétez vos notes avec des informations que vous avez encore en mémoire.

Complétez les phrases pour avoir toujours sujet + prédicat. Soulignez les titres et les sous-titres en couleurs si le professeur ne vous l’a pas demandé. Ajoutez éventuellement des commentaires sur des schémas ou graphiques.

Observez votre manuel.

Observez comment le sujet. y est traité. Rajoutez éventuellement dans vos notes une expression ou une phrase qui vous semble bien exprimée dans le manuel.

Vous pouvez aussi résumer vos notes en soulignant ce qui vous semble le plus important dans un chapitre du cours. Comparez vos notes avec le contenu de votre manuel et avec les notes de vos copains !

• Je conseille vivement d’établir un plan du cours qui peut se présenter sous la forme d’un plan très détaillé, puis moins détaillé.


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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 21:21
Le résumé de texte est un exercice capital, car il permet de mesurer l’esprit de synthèse. Celui-ci (tout comme l’esprit d’analyse) est une faculté essentielle qui permet d’affronter plus sereinement l’enseignement supérieur. Bien entendu l’esprit de synthèse s’acquiert au fil des exercices qui doivent être relativement nombreux.

 

1) Théorie

a) Il faut savoir que vous devez absolument respecter la longueur du résumé qui, généralement, est fixée dès le départ.

b) Un résumé ne peut pas être considéré comme un plan.
Vous devez donc le rédiger sous la forme d’un texte suivi (alinéas et mots-liens). Les idées doivent s’enchaîner logiquement à l’intérieur de l’alinéa.
En outre les alinéas doivent, dans la mesure du possible, être liés entre eux par des liens logiques.

c) Vous ne pouvez pas prendre des phrases du texte original pour créer votre résumé.
En fait il faut se mettre à la place de l’auteur et exprimer ses idées avec vos propres mots et expressions.
Si vous tenez à reprendre une expression du texte original, vous devez obligatoirement la placer entre guillemets. Je dis souvent à mes étudiants de ne pas prendre plus de deux mots qui se suivent dans le texte original ! Bien entendu certains mots du texte original doivent être repris (si, par exemple, un auteur a créé un texte sur la télévision, il faut garder le mot «télévision» et ne pas vouloir le remplacer par «boîte carrée et magique» !).

d) Le résumé doit aller à l’essentiel. Certains alinéas du texte original sont peut-être longs, mais inutiles. Par contre d’autres alinéas du texte original peuvent être très courts, mais essentiels.

e) Il est préférable de garder l’ordre du texte original.

f) Il faut éviter le style indirect (ne pas écrire par exemple : «l’auteur veut nous montrer que...»). Si l’auteur dit «je», vous pouvez écrire «je». Mais vous devrez donner en tête de copie donner toutes les références du texte original et indiquez que vous en faites un résumé.

g) Vous ne pouvez pas donner votre avis personnel dans un résumé ! Cela vous semble sans doute évident, mais je vous signale que la plupart des étudiants «inventent» des idées dans leurs premières contractions ! La soumission à la pensée de l’auteur est donc essentielle.


2) Pratique

a) Pour les textes courts (entre 5 et 10 lignes) : cette méthode ne convient qu’aux étudiants ayant déjà une certaine expérience de la contraction.

a) Lire quelques fois le texte original sans prendre note.
b) Essayer de formuler mentalement l’idée principale du texte,l’introduction , la manière dont les idées s’enchaînent et la conclusion.
c) Soulignez les mots qui vous rappellent les idées que vous ne pouvez pas oublier. Ne soulignez pas de phrases.
d) Commencez à rédiger.

b) Pour les textes plus longs (entre 10 et 20 lignes), voici une méthode intéressante qui porte ses fruits :

Supprimer les idées qui vous semblent accessoires

Exemple :
Dans la phrase : «La télévision, cette boîte lumineuse et hypnotisante qui trône dans notre intérieur, occupe une grande partie de notre temps.», on peut supprimer «cette boîte lumineuse et hypnotisante qui trône dans notre intérieur».

Supprimer les idées qui sont répétées (on gardera l’information qui semble la plus précise).

Exemple :
Dans la phrase «la télévision nous offre parfois des émissions qui nous abrutissent, nous abêtissent, nous crétinisent...», on peut supprimer : « nous abêtissent, nous crétinisent».

• Si le texte original offre une information générale et des informations secondaires, supprimer ces informations secondaires (exemples, énumérations...) et garder l’information générale.

Exemple :
Dans la phrase : «De nombreuses émissions ne relèvent pas vraiment le niveau des spectateurs et tentent de le considérer comme un être inculte : pensons à Loft Story, Star Académie, les feux de l’amour...», on peut supprimer «pensons à Loft Story, Star Académie, Les feux de l’amour...»

Remplacer certains développements par des informations générales que vous devez créer vous-même.

Exemple :
Certaines émissions de télévision sont néfastes aux enfants, aux adolescents et aux adultes : cette phrase peut être remplacée par «Certaines émissions de télévision sont néfastes à tous.»

Remarque :

Dans tous les cas, il peut être utile de réaliser la charpente du texte : une charpente est un plan plus ou moins détaillé qui révèle les liens logiques entre les différentes idées.

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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 21:20
Je vous propose un exercice de rédaction de texte en utilisant des liens logiques. Les phrases sont inspirées de situations évoquées dans un roman de Paul Guimard
(Les choses de la vie).


 

Consignes

Relier ces phrases (d’autres phrases peuvent être créées) en utilisant un maximum de liens logiques: ces liens logiques doivent être choisis à travers la liste qui figure dans l’article «Les liens logiques». Le but de l’exercice est d’utiliser le plus grand nombre possible de bons liens logiques en 45 minutes (minimum 15 liens logiques). Encadrer en couleur les liens logiques. Utiliser le passé simple comme temps de base (d’autres temps du passé doivent bien entendu, dans certains cas, être utilisés : imparfait...). Après chaque phrase retranscrite, indiquer son numéro correspondant.


Phrases

1) La MG 100 aborde à 140 le large virage.
2) La visibilité est suffisante.
3) Le sol est encore humide de la dernière ondée.
4) Aucun panneau n’annonce des risques de dérapage.
5) La radio diffuse un chanson ancienne.
6) Le temps est superbe.
7) La route semble vide dans les deux sens.
8) A l’autre bout de la route un camion aborde le virage.
9) Aux deux tiers du virage, une route secondaire coupe la N 13.
10) Une camionnette a calé en travers de la nationale.
11) Pierre a freiné.
12) La MG a heurté la camionnette par l’arrière.
13) Pierre est dans son droit.
14) Pierre est vilainement blessé.
15) Les gens adorent regarder les accidents.
16) Pierre a peur.
17) Pierre entend des voix.
18) Le gendarme écarte les curieux.
19) Un homme a prévenu une ambulance.
20) Les gens font des remarques stupides.
21) Le conducteur de la MG a ouvert les yeux.
22) Pierre aurait dû mieux profiter de la vie
23) L’ambulance survient.
24) Le médecin s’agenouille près du blessé.
25) L’ambulance fonce vers le service des urgences.
26) La femme de Pierre est avertie.
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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 15:39
Pour assurer la cohésion d’un texte, il est indispensable d’utiliser des liens logiques qui assurent une liaison entre les différentes idées à l’intérieur de l’alinéa, voire entre les différents alinéas. Chaque lien logique exprime une nuance particulière qu’il ne faut pas confondre avec une autre nuance. Vous trouverez ici une série de liens logiques que l’on peut utiliser dans les travaux personnels qui exigent un texte suivi.

 

Introduisent

pour commencer, commençons par, au préalable, en guise d’introduction, voici, (tout) d’abord, en premier lieu, d’une part, premièrement, avant tout.



Insistent

même, à plus forte raison, d’autant plus que, non seulement... mais, surtout, n’oublions pas que, ne sous-estimons pas que, remarquons,- notamment, précisément, mettons l’accent sur, particulièrement, à ce propos, en particulier.



Expliquent

à ce sujet, à cet égard, sous ce rapport, sur ce point, quant à, pour ce qui est de, en ce qui a trait à, sur le plan de, concernant, en ce qui concerne, en ce qui touche, en matière de, relatif à, à titre de, en tant que.



Expriment l’addition

et, d’autre part, aussi, également, outre, en outre, de même, en plus (de), de plus, de surcroît, mais encore, en second lieu, d’ailleurs, qui plus est, par ailleurs, et même, voire, venons-en à, passons à présent à, dans un autre ordre d’idées, sans compter que, sans parler de, au surplus, ajoutons.



Expriment une cause

car, parce que, étant donné que, en raison de, grâce à, à force de, faute de, à défaut de, en effet, à cause de, puisque, c’est que, du fait que, sous prétexte que, sous prétexte de, par, c’est pourquoi, effectivement, compte tenu de, sous l’effet de, eu égard à, vu que (administratif), attendu que (juridique).



Comparent

comme, à l’instar, de même que, de la même façon, ainsi que, autant... autant, au même degré que.



Expriment une notion temporelle

après, avant cela, maintenant, désormais, alors, plus tard, antérieurement, d’abord, par la suite, plus tôt, bientôt, ensuite.



Expriment une condition

si, pourvu que, pour autant que, à moins que, pour peu que, soit que... soit que, en admettant que, à supposer que, dans la mesure où, à (la) condition que, à condition de, au cas où, pour le cas où, en supposant que, en admettant que, si tant est que, dans l’hypothèse, moyennant (quoi), dans ces conditions, selon que, du moment que.



Expriment une conséquence

donc, ainsi, aussi, par conséquent, c’est pourquoi, pour cette raison, de ce fait, d’où, d’ailleurs, du reste, de façon que, de manière que, en conséquence, dès lors, si bien que, de sorte que, au point que, à ce point que.



Annoncent un résumé de ce qui précède

en somme, en un mot, en bref, bref, en résumé, en d’autres termes, en définitive, cela revient à dire que, somme toute, en somme, au fond, finalement, tout bien considéré ou examiné, pour conclure, pour toutes ces raisons, pour terminer.



Expriment un avis personnel

à mon avis, à mon sens, en ce qui me concerne, pour ma part, personnellement, quant à moi, selon moi, pour mon compte, à titre personnel.



Expriment un but

afin de, en vue de, dans cette optique, dans le but de, pour que, dans le dessein de, à cette fin, à cet effet.




Expliquent en résumant

au total, en gros, en substance, dans l’ensemble, essentiellement, grosso modo.


Expriment une opposition

mais, par contre, cependant, toutefois, pourtant, en revanche, inversement, néanmoins, s’il est vrai que, au contraire, contrairement à, alors que, tandis que, à l’opposé de, en dépit de, malgré, à l’encontre de, quoique, en réalité, or, lors même que.



Expriment une restriction (une opposition faible)

sauf, hormis, à l’exception de, à moins que, mis à part, en tout cas, à l’exclusion de, toutefois, du moins, au moins, du reste, au reste, dans la mesure où, pour autant que, certes, sans doute, peut-être, pour réserve de, pour l’instant, le moment, à la rigueur, au besoin, éventuellement, le cas échéant, à cela près, s’il y a lieu, excepté, exception faite pour, de toute façon ou manière, en tout cas, en principe, en théorie, encore que, bien que, si... que, malgré que, pour... que, quelque... que, même si, quoi... que.

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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 15:25
Voici la dernière étape ! L'étape de la dissertation définitive. Je vous propose quatre dissertations réalisées par d’anciens étudiants. Les deux premières dissertations comprennent une introduction, un développement et une conclusion : il s’agit du plan thèse-antithèse, car le point de vue de l’étudiant se rapproche ou s’écarte du point de vue de l’auteur. Les deux autres dissertations comprennent une introduction, un développement (thèse ; antithèse ; une synthèse facultative a été ajoutée dans la troisième dissertation) et une conclusion : il s'agit d’un plan dialectique, car les points de vue des étudiants sont partagés. Deux lignes sont passées entre l’introduction et le développement et entre le développement et la conclusion. Une ligne est passée entre la thèse et l'antithèse de même qu’ entre l’antithèse et la synthèse dans la troisième dissertation.

 



On nous a tellement présenté l’image de la réussite : une voiture, une belle fille, une piscine, le ski et le cabaret, que nous avons fini par le croire (Jacques Charpentreau).

    L’idée de réussite constitue de toute évidence une notion fondamentale de notre société.
    A cet égard, Jacques Charpentreau dit un jour : « On nous a tellement présenté l’image de la réussite : une voiture, une belle fille, une piscine, le ski et le cabaret, que nous avons fini par le croire. »
    Ainsi, nous pouvons nous demander si l’idée de la réussite critiquée par Charpentreau n’est pas positive dans certains cas et si elle n’est pas trop réductrice ?


    Tout d’abord, signalons que, comme tout mythe moderne, le mythe de la réussite sociale contient une part de vrai. Ainsi, nous remarquons que l’image de la réussite présentée par l’auteur correspond à l’idée que la plupart d’entre nous avons du bonheur. De ce fait, il semble clair que la plupart des gens désirent vraiment posséder des objets de haute valeur et désirent partir en vacances au ski ou vers d’autres destinations, car telle est leur représentation de la réussite sociale. Par ailleurs, notons que les exemples cités par l’auteur constituent avant tout des avantages ou plaisirs de la vie. Avantages tout d’abord pour certains comme la voiture, sans laquelle nombre de personnes seraient dans l’incapacité de se déplacer, tant sur de courtes que sur de longues distances. Ensuite, d’autres exemples, tels la piscine et le cabaret, appartiennent aux plaisirs de la vie. Remarquons en outre que ces plaisirs nous permettent de « souffler », c’est-à-dire de nous relaxer face au stress ambiant et quotidien que nous apporte notre société de consommation. Dans ce cas, ces plaisirs de la vie, tels que nous les avons nommés, comportent un rôle apaisant, qui consiste à rétablir en nous un équilibre entre une vie mouvementée d’une part, et le calme et les loisirs d’autre part. Or, n’est-ce pas une réussite en soi de pouvoir maintenir cet équilibre ?
     De plus, il est évident que tout être humain a le droit de choisir sa propre vision de la réussite en fonction de ses besoins, de ses envies ou encore des choses qu’il aime. Par conséquent, la vision de la réussite est un choix personnel et nul ne peut critiquer la décision d’un autre. Comme l’a dit Christopher Morley : « Il n’y a qu’une réussite : pouvoir vivre comme on l’entend. » Notons par ailleurs que la vraie réussite est probablement un mélange entre l’idée de la réussite fustigée par l’auteur de la citation et le principe d’une réussite plus personnelle et plus intérieure.
    Cependant, nous remarquons que l’auteur de cette citation met en exergue les nombreux aspects négatifs du mythe de la réussite sociale.
    Il semble fort probable que si nous réalisions un sondage dans la rue, l’écrasante majorité des participants aurait une même vision de la réussite que celle présentée négativement par Jacques Charpentreau.
    Ainsi, ce dernier aura probablement raison en signalant que nous avons vraiment fini par croire à cette idée préconçue de la réussite, que nous appellerons le mythe de la réussite sociale. Ce dernier vit le jour lors des préludes de l’ère de la société de consommation. Nous pouvons ainsi dire que le mythe de la réussite sociale fut formaté par notre société tellement capitaliste et matérialiste qu’elle frôle ou même touche l’exagération. Par conséquent, ce stéréotype de la réussite a été directement formé par l’influence d’une société où tout n’est que cupidité, avarice et possession. Il se trouve que, selon l’auteur, les exemples mentionnés dans la citation ne constituent pas une réelle réussite. De ce fait, ils ne représentent que l’effet d’une réussite physique, matérialiste et capitaliste. Cette réussite étant en fait associée de manière réductrice à la richesse. Il est clair, dans ce cas, que cette réussite est négative et totalement illusoire, puisqu’elle ne se raccroche qu’à des désirs purement matériels et ne tient pas compte de l’aspect spirituel de l’être humain.
    En outre, comme nous venons de le signaler, la réussite, pour être réelle, doit posséder un aspect autre que l’argent ou la richesse, à savoir un aspect plus personnel. Ainsi, Joseph-Antoine Bell dit un jour : « L’unité de valeur de la réussite, ce n’est ni le franc ni le dollar. C’est un rapport entre la satisfaction et le projet. » Selon lui, la réussite ne se mesure donc pas par le salaire ou tout simplement par la richesse, mais elle se mesure par la satisfaction d’avoir accompli quelque chose de bien et par le fait d’avoir en tête d’autres projets d’avenir qui nous amèneront à nous améliorer à tous niveaux. Notons que ces deux derniers aspects prônés par Bell constituent des besoins inhérents à l’homme. Tout d’abord, il paraît en effet prépondérant pour ce dernier d’éprouver de la satisfaction à son propre égard. Cette satisfaction personnelle le conduira à un gain inévitable de confiance en soi. Ensuite, la programmation de projets pour l’avenir ne fera que renforcer l’esprit de combativité de l’être humain qui verra dans son futur l’espoir de s’améliorer davantage. En outre, nous ne pouvons établir des projets que lorsque nous sommes confiants et sûrs de nous, sentiments qui s’ajoutent à notre bien-être personnel et donc à notre réussite personnelle.
    Outre cette idée de la réussite personnelle de Bell, il existe d’autres visions possibles du bonheur et du succès. Ainsi, l’épanouissement personnel nous semble constituer l’archétype même de la réussite personnelle et intérieure. Cette dernière étant bien entendu plus importante que la réussite purement matérialiste que nous avons précédemment décrite. Cette réussite dont nous parlons consiste à chercher chaque jour à se connaître davantage intérieurement. Cette connaissance approfondie nous permettra au final d’améliorer nos relations avec les autres. Or, la plus belle réussite que l’on puisse espérer n’est-elle pas d’être appréciés par les autres et de les apprécier à leur juste valeur ? En somme, nous remarquons que la société capitaliste nous exhorte à la recherche du profit personnel et qu’en contrepartie, une recherche de la réussite intérieure nous pousse à l’altruisme. Notons finalement que l’altruisme nous porte à découvrir des valeurs très profondes comme l’amour ou l’amitié, qui s’opposent aux valeurs superficielles décrites par l’auteur, telles la beauté et la richesse.
     Par ailleurs, si nous considérons la vision d’une réussite purement matérialiste comme erronée, il serait intéressant de se pencher sur une réussite qui serait à l’opposé de ce mode de pensée.
    Ainsi, la réussite pourrait alors s’exprimer par l’inverse du mythe de la réussite sociale. Elle signifierait alors un détachement ou encore une libération par rapport aux contraintes de la société de consommation. La réussite deviendrait synonyme de liberté. Cette liberté s’accomplirait par la fin du phénomène d’addiction aux choses dont nous sommes depuis bien trop longtemps victimes.
    Pour ce faire, il nous faudrait quitter la logique : « Je prie les choses et les choses m’ont pris » (J.-J. Goldman : « Les choses ») et se soustraire, par la même occasion, à l’état de purs archétypes d’une vie factice directement pervertie par les abus et dérives de la société de consommation. La vraie réussite, dans ce cas, serait alors de se révolter contre l’ordre établi et ses abus. Cette idée de la réussite est sans doute totalement utopiste, mais quelle plus belle victoire peut-on imaginer sur un monde où consommation et production vont de pair et règnent main dans la main, si ce n’est s’accomplir soi-même, sans contraintes artificielles créées par une société de pur profit. Citons à titre d’exemple le cas de Christopher McCandless, un jeune américain dont les aventures ont été relatées à titre posthume dans le livre de Jon Krakauer : « Into the wild », ainsi que dans le film du même nom. Ce jeune homme, par lassitude de la société de consommation, a décidé de s’ « échapper » et de vivre réellement sa vie en retournant aux sources mêmes de la nature. Selon nous, cet homme a bien mieux réussi son existence que tout autre qui possède une quelconque fortune. En effet, Christopher McCandless a sillonné le monde à la recherche de lui-même, se découvrant chaque jour davantage à travers des rencontres fortuites, mais extraordinaires. Cet homme a par conséquent tout autant développé son bien-être personnel que ses relations avec les autres. Or, que pouvons-nous espérer de mieux que de vivre en découvrant sans cesse de nouveaux horizons, tant en soi qu’à travers autrui ?


     Suite à l’analyse précédente, nous partageons presque intégralement le point de vue de l’auteur.
    Tout d’abord, nous avons démontré que l’idée de la réussite critiquée par l’auteur est acceptée par la plupart des gens et que quoi qu’il en soit, chacun a la possibilité de choisir sa propre vision de la réussite. En contrepartie, nous avons prouvé que cette vision fustigée par l’auteur est réductrice et est influencée par notre société de consommation.
     Somme toute, pour réussir dans la vie, il nous faut préalablement choisir notre propre vision de la réussite.

                                                                                                    Auteur : Simon Bosmans






Jouis du jour présent, sans te soucier le moins du monde au lendemain (Horace).


    Quand nous observons la jeunesse d’aujourd’hui, nous constatons aisément que beaucoup de jeunes gens vivent à toute allure, en prétendant que, comme tout peut arriver, autant profiter de ses belles années oisives.
    Ce concept n’est pas neuf et nous rappelle immanquablement Horace, célèbre poète latin du début de notre ère. Celui-ci nous laissa en effet son célèbre « Carpe diem quam minimum credula postero », autrement dit « Jouis du jour présent, sans te fier le moins du monde au lendemain. »
    Dès lors, pourquoi se méfier du futur ? Profiter du jour présent est-il toujours possible? Et si tout le monde appliquait cette pensée, quelles en seraient les conséquences ?


    Tout d’abord, jouir du jour présent sans se fier au lendemain peut s’avérer justifiable à partir du moment où nous nous disons que la vie est courte et que nous pouvons mourir à tout moment. A partir de cette considération, un individu se doit de profiter de l’instant présent comme s’il était le dernier et se méfier de l’avenir où il pourrait très bien être mort, ainsi que Jules César qui fut assassiné au moment où il ne s’y attendait pas.
    Ensuite, le fait de cueillir l’instant présent en se fiant le moins du monde au lendemain peut se comprendre si nous considérons qu’en définitive le futur n’existe pas. En effet, nous ne pouvons concevoir concrètement que ce qui ce passe à l’instant, la notion d’avenir ne symbolisant qu’une réalité temporelle abstraite inventée de toutes pièces par l’homme. Dès lors, il apparaît comme élémentaire de profiter de l’instant présent bien réel sans pouvoir placer notre confiance en celui à venir puisque nous ne pouvons vraisemblablement pas avoir confiance en une chose qui n’existe pas.
    De plus, le caractère instable ou éphémère de beaucoup de réalités peut également justifier qu’un individu soit presque contraint de profiter du présent tout en nourrissant un doute quant à la constance de ces réalités dans le futur. Ainsi, le caractère très instable de la météorologie en Belgique pousse les amateurs de promenade à profiter des jours de beau temps pour s’adonner à leur hobby, car ils ne pourraient savoir s’il en sera de même le jour d’après. Et en ce qui concerne le caractère éphémère, il nous suffit de penser à la jeunesse ; une jeunesse si courte que nous devons en profiter sans nous en remettre au futur où elle sera fanée.
    Enfin, il nous semble que l’affirmation « jouis du jour présent sans te fier le moins du monde au lendemain » fut issue d’une des intuitions essentielles de l’épicurisme dont Horace était l’un des adeptes de son époque. Effectivement, nous pouvons appréhender la réflexion de Horace dans le cadre de cette pensée comme une incitation positive à découvrir le plaisir (et non pas le rechercher) dans le seul fait de vivre. Découverte rendue possible si nous nous méfions de l’emprise que peut avoir le lendemain sur notre esprit, car nous ne pourrions alors avoir le loisir de découvrir le présent.

    Néanmoins, il nous parait évident que Horace aurait dû nuancer son point de vue au lieu de se montrer aussi catégorique.
    En premier lieu, jouir du présent en doutant du lendemain est irréalisable si nous tenons compte du côté angoissé de la grande majorité des gens. En effet, une personne qui doute de son avenir ne peut profiter pleinement du jour présent car elle aura toujours cette angoisse qui lui taraude l’esprit, même inconsciemment. Il nous suffit d’illustrer ces propos par la situation dans laquelle se trouve un élève en fin d’enseignement secondaire. Si ce dernier doute du métier qu’il veut exercer plus tard ou des études qu’il veut entreprendre, il ne pourra être en paix et profiter de l’instant présent. Aussi, sa seule solution serait d’être tout à fait confiant et donc sans soucis quant à la voie qu’il compte suivre.
    Deuxièmement, il se révèle impossible de jouir du jour présent en se méfiant du lendemain dans le cas où nous nous trouverions dans l’incapacité de profiter du présent. Dès lors, nous constatons souvent que les individus ont tendance à mettre tous leurs espoirs et leur confiance en l’avenir. Ainsi, un individu étant incarcéré ne peut profiter de sa vie mais reste confiant quant à la jouissance et le bonheur qu’il éprouvera à sa sortie de prison.
    Poursuivons notre réflexion en mettant les religions et leurs théories sur la répercussion de nos actes sur l’« après-vie » en parallèle avec la pensée de Horace. Nous remarquons alors que l’expression « jouis du jour présent sans te fier au lendemain » possédant une connotation insouciante et incitant à l’oisiveté ne peut qu’être rejetée par les religions qui prônent une vie austère pour une meilleure condition dans l’au-delà. Aussi, un prêtre catholique ayant fait vœu de chasteté et de pauvreté et ne vivant que pour son prochain se sentirait sans doute choqué par cette expression.
    Ensuite, nous pouvons rejeter l’affirmation d’Horace en tant qu’elle n’est qu’une attitude égoïste et lâche. D’une part, elle est effectivement égoïste lorsqu’elle incite à jouir de l’instant présent. Car, selon elle, le plaisir personnel dominerait tout, s’opposant ainsi à toute doctrine altruiste. Dans cette optique, pourquoi des bénévoles s’épuiseraient-ils à améliorer l’existence des plus démunis puisque seule la jouissance compte ? D’autre part, en nous penchant sur la suite de l’expression qui nous conseille de « ne pas se fier au lendemain », nous observons que le sens de ces mots se traduit également par « ne pas faire confiance au lendemain ». Or, une citation de Marie von Ebner-Eschenbach nous confie que « faire confiance est une preuve de courage ». Dès lors, lorsque nous mettons ces deux idées en parallèle, nous pouvons déclarer que, selon l’écrivain allemande, « ne pas se fier au lendemain » se révèle être une preuve de lâcheté. Nous sommes donc en droit de réfuter les dires de Horace vu qu’une attitude empreinte de ces deux « vices » ne peut être suivie par un individu moral. Et le cas échéant, ce dernier serait pris de remords pour avoir failli au modèle type de l’« homme correct ».
    De plus, affirmons qu’il demeure étrange de jouir d’aujourd’hui en se méfiant de demain puisque cette attitude mélange en fait deux notions fondamentalement opposées : l’optimisme et le pessimisme. Nous constatons effectivement que la première moitié de la phrase, « jouis du jour présent », possède une connotation optimiste, positive, tandis que la suite, « sans te fier le moins du monde au lendemain », possède, elle, une forte connotation pessimiste. Autrement dit, si Horace avait été intègre dans sa réflexion il aurait soit préféré le côté optimiste et nous aurait dit de jouir tout le temps, soit aurait été d’une nature plus pessimiste et nous aurait conseillé de nous méfier tout le temps. D’ailleurs, cela se prouve partiellement lorsque nous observons que beaucoup de personnes ne citent souvent que la première partie de la proposition : « carpe diem », à savoir « jouis du jour présent ». Cela marque ainsi leur nature plutôt positive et donc très peu encline à verser dans le doute pessimiste exprimé par la seconde partie de l’expression.
    D’ailleurs, nous pouvons également considérer le « jouis du jour présent sans te fier le moins du monde au lendemain » comme un concept qui inhiberait la finalité de l’être humain. En effet, si tout le monde suivait la pensée de Horace, l’Homme n’aurait plus de but dans sa vie puisque, ne pouvant se fier au lendemain, il ne pourrait établir de projet. Il serait dès lors « condamné » à jouir uniquement de petits plaisirs du quotidien, lesquels deviendraient alors pathétiquement la seule raison de son existence. Pensons ainsi aux scientifiques qui, en suivant cette doctrine, ne mèneraient plus de recherches à long terme vu qu’ils se méfieraient de ce qu’il adviendrait de celles-ci dans l’avenir. Les hommes de science seraient alors désœuvrés (puisqu’une recherche ne s’effectue jamais en une seule journée) et il n’y aurait plus de progrès scientifiques, les chercheurs préférant s’adonner à leurs loisirs.
    Pour terminer, profiter du jour présent sans se fier au jour d’après est comparable à voter aujourd’hui une loi sans avoir vérifié q’elle puisse être appliquée dans un proche avenir. En effet, ni la première action ni la deuxième ne marquent une réelle prévoyance ou organisation quant à l’avenir. Or, vivre « au jour le jour » n’étant pas une situation très stable, il en résulte vite des inconvénients. En fait, l’application de la pensée de Horace peut devenir réellement néfaste vu que ne plus se fier au futur conduit à ne plus s’en soucier et donc à ignorer les impacts qu’ont sur lui nos actes présents. Il nous suffira de citer en exemple l’individu dont le plaisir aujourd’hui est de fumer et qui ne songe pas aux graves problèmes de santé qui l’attendent dans un proche avenir, pouvant même le conduire à la mort.


    Nous pouvons donc en conclure que nous sommes presque totalement en désaccord avec la pensée de Horace.
    En effet, bien que nous ayons relevé que, dans certains cas, « jouir du jour présent sans se fier le moins du monde au lendemain » est plausible, la proposition d’Horace reste la plupart du temps irréalisable, voir même néfaste.
    Pour terminer, nous pouvons remarquer que si Horace avait été cohérent avec lui-même, il n’aurait pas travaillé si longtemps à écrire ses pensées qui, de plus, avaient ainsi de grandes chances de passer à la postérité dont il se méfiait (mais qui, comble du paradoxe, lui assura quand même la pérennité).

                                                                                                    Auteur : Magali Geuens




L’amour, c’est être toujours inquiet de l’autre (Marcel Achard).


    J’ai pu constater que mes parents, même après vingt-quatre ans de mariage, sont toujours inquiets l’un de l’autre.
    Cela semble donc confirmer la réflexion de Marcel Achard qui fait dire à « Jean de la lune » : « L’amour c’est être toujours inquiet de l’autre ».
    Pour quelles raisons peut-on dire qu’aimer, c’est être toujours inquiet de l’autre ? Et par contre, faut-il vraiment être toujours inquiet quand on aime?


    Aimer c’est… Mais au fait, qu’est-ce qu’aimer ? Aimer, c’est fondamentalement vivre en relation avec autrui, partager les faits de la vie quotidienne ; aimer, c’est vivre ensemble.
    Toute relation d’amour est un engagement à donner la primauté à l’être aimé ; c’est accepter d’être troublé dans sa quiétude.
    Mais avant tout, il me paraît nécessaire de déterminer les différentes acceptations de l’expression « être inquiet » avant de poursuivre toute autre réflexion.
    En effet, être inquiet (in-quiet), être troublé dans sa quiétude, ne jamais avoir le cœur ou l’âme en repos, peut être perçu de deux manières différentes.
    Pour la plupart des gens, être inquiet, c’est être angoissé à l’idée que quelque chose de fâcheux puisse arriver à l’autre. Cette expression prend ici une connotation plutôt négative et l’on peut se demander si cette peur ne risque pas de figer l’amour. En effet, la peur paralyse l’élan et l’amour s’en trouve ainsi freiné. Alors que l’amour, c’est la vie et vivre, c’est aller toujours de l’avant. Je crois qu’il conviendrait de donner plus d’importance au mot « être », signe de vie qu’au mot « inquiet » sous-entendant le pessimisme.
    D’autre part, on peut envisager un sens plus positif, plus constructif à l’inquiétude en l’envisageant comme un souci de l’autre, de son bonheur et de son bien-être.
    Il est vrai que « l’amour est inquiet par essence » comme l’écrit Francharme. Je suis en effet convaincu qu’on n’est jamais en repos si l’on souhaite contribuer au bonheur de ceux qui font l’objet de toute notre attention, être attentif à leurs souhaits et être toujours disponible, c’est-à-dire à tout moment et sans condition.
    « Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l’après-midi, à trois heures, je commencerai d’être heureux. Plus l’heure avancera, plus je me sentirai heureux. A quatre heures, déjà, je m’agiterai et je m’inquiéterai ; je découvrirai le prix du bonheur », dit le Petit Prince de St Exupéry. N’est-ce pas là un superbe résumé de la pensée qui nous occupe ici ?
    L’inquiétude peut même faire prendre conscience de l’existence de cet amour voire même parfois le faire naître. Ainsi, lors de l’accident de l’avion dans lequel un être cher se trouve, l’inquiétude puis la joie de le retrouver nous fait réaliser que ce sentiment, jusque là non déclaré, est peut-être de l’amour .
    Mais il convient de ne pas se limiter à l’amour conjugal, car il me semble que tout amour est inquiet. Cette opinion est partagée par Gilles Archambault : « Quand on choisit d’aimer quelqu’un, on accepte d’être inquiet. » Ainsi les parents s’inquiètent pour leurs enfants et ce d’autant plus que l’avenir de ceux-ci reste à bâtir. Si le devenir de nos enfants nous trouble, c’est par le mystère qui l’entoure et l’inconnu qu’il cache.

    Par contre, il est permis de dire qu’aimer, ce n’est pas toujours être inquiet de l’autre.
    Je serais donc tenté de nuancer la réflexion de Marcel Achard, car une inquiétude trop excessive et permanente risque d’être perçue par l’autre comme une entrave à sa liberté. Dans l’amour, la liberté, qui ne doit pas être confondue avec la licence, permet à chacun de s’épanouir. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut verser dans la négligence de l’autre.
    Ainsi, aimer son enfant, c’est à la fois rester des guides conscients de ses responsabilités et admettre qu’il prenne de plus en plus ses distances par rapport au nid familial. Toujours, il restera leur enfant et les parents se feront toujours du souci pour lui. Néanmoins il serait judicieux de trouver un équilibre entre l’angoisse que l’on peut éprouver envers le devenir du partenaire et la confiance dans le cheminement qu’il poursuit.
    Ajoutons que la notion d’inquiétude fait référence à une réflexion d’ordre intellectuel : celui qui s’inquiète réfléchit très souvent, car il se demande s’il a bien agi ou pensé dans tel ou tel cas. Or, il faut se rappeler qu’aimer est un sentiment, un engagement dans la fidélité et non une notion intellectuelle comme semble le suggérer l’auteur à travers l’idée d’inquiétude ; on aime avec son cœur et d’une manière spontanée sans pour autant toujours s’inquiéter de l’autre. Un amour qui nous force à accepter l’autre (à la fois proche et différent de nous) tel qu’il est, avec ses qualités et ses faiblesses.
    De plus Marcel Achard en utilisant l’averbe « toujours » généralise quelque peu une situation. Il oublie que l’amour c’est aussi prendre soin de soi-même et être à l’écoute de ce qui vit au fond de nous-même. L’ attention à l’autre est d’ailleurs liée à une reconnaissance et une acceptation de nous-même avec nos qualités et nos propres imperfections. D’ailleurs, à titre personnel, nous pensons qu’on ne peut être disponible de cœur, de corps ou d’esprit si on n’est pas attentif à notre propre personne. On peut s’effacer pour le bien-être de l’autre sans pour autant s’oublier.
    S’accepter, c’est aussi s’aimer malgré nos limites. En effet, peut-on aimer l’autre si on ne s’aime pas soi-même ? « Pour savoir aimer les autres, il faut d’abord savoir ce que signifie s’aimer soi-même », précise le Dalaï-Lama. Nous dirons donc qu’un manque d’estime de soi est tout à fait négatif et que l’amour ne va pas jusqu’à la négation de soi.
    Pour terminer nous pourrions ajouter qu’une inquiétude excessive et entretenue fait naître l’angoisse et, dans certains cas, la jalousie qui étouffe et tue l’amour. Prenons l’exemple d’une épouse souffrant d’une trop grande angoisse liée aux risques du métier de son mari : elle frémit à chaque coup de téléphone et il peut même arriver qu’elle ne supporte plus cette angoisse permanente et divorce.


    Ainsi, vous aurez compris que notre point de vue est nuancé par rapport à la phrase de l’auteur.
    En effet, nous avons relevé des situations de la vie dans lesquelles il n’y a pas d’amour sans inquiétude. D’autre part, il nous semble que pour l’harmonie de toute relation où l’amour est présent, l’inquiétude ne doit pas être la principale préoccupation, car tout homme est créé pour aimer autrui sans pour autant toujours être tracassé.
    En fin de compte, si nous vivons un amour en suivant le conseil de Marcel Achard, nous aurions intérêt à nous inquiéter en priorité de l’avenir de notre amour.


                                                                                                    Auteur : Nicolas Doyen




La seule façon d’apprendre, c’est de contester. C’est aussi la seule façon de devenir un homme (Sartre).


    L’apprentissage est depuis toujours au centre de nombreuses polémiques. Il existe en effet de nombreuses opinions, parfois divergentes, quant à la manière optimale d’apprendre.
    Dans cette optique, certains penseurs tels que Jean-Paul Sartre estiment que la seule façon d’apprendre, c’est de contester. C’est aussi, pour lui, la seule façon de devenir un homme.
    Dès lors, le fait de contester nous permet-il réellement d’apprendre? La contestation est-elle le seul chemin menant à la connaissance et à la sagesse ? L’affirmation de soi en tant qu’homme passe-t-elle nécessairement par la contestation ?


     Dans un premier temps, nous pouvons affirmer que, pour pouvoir contester, il faut d’abord acquérir une certaine érudition. Il ne sert à rien de se présenter comme contestataire d’une thèse si l’on n’a pas étudié le sujet en question au préalable. En effet, cette contestation serait hasardeuse et n’aurait donc aucun poids. Elle ne nous permettrait donc pas d’avancer dans la connaissance.
     D’autre part, si la contestation est le seul moyen d’apprendre, alors il nous faut sans cesse contester, et cette attitude relève de l’infantilisme. C’est un comportement excessif et adolescent qui ne nous permet certainement pas de devenir des hommes. En effet, si l’on discute sans cesse ce que l’on veut nous apprendre, on n’avance pas. Le refus systématique de toutes les thèses existantes entraîne un profond état de stagnation. Il faut pouvoir accepter la raison des autres, accepter que certains soient plus érudits que nous dans certains domaines. Accepter cela nous rend aptes à apprendre. La contestation, quant à elle, est un refus d’apprendre.
     Aussi, même si nous acceptons que la contestation permette une certaine forme d’apprentissage, il nous faut préciser qu’il en existe bien d’autres. Que ce soit dans l’apprentissage de matières scientifiques, littéraires ou encore du comportement humain ou de la communication, l’expérimentation personnelle et la lecture d’ouvrages traitant de ces sujets sont certainement des moyens d’apprentissage aussi performants que la contestation.
     De la même façon, le fait de devenir un homme ne passe pas forcément par la contestation. On peut apprendre à devenir un homme en vivant des expériences difficiles, en aimant les siens. Chacun des avatars auquel la vie nous soumet nous rend plus forts, voire plus sages. Comme l’a dit Kipling : «Si tu es capable de tout perdre et de recommencer le lendemain sans rien dire à personne, alors tu seras un homme mon fils». Devenir un homme, apprendre, ce n’est pas forcément développer son intellect. Le courage et l’enthousiasme sont aussi des valeurs très importantes que l’on découvre en se battant, en souffrant et en aimant. Et cela la contestation ne peut pas nous l’apporter.
     De plus, refuser de reconnaître comme valable la pensée des autres, autrement dit contester, n’apporte pas nécessairement l’affirmation de soi en tant qu’homme. Car, devenir un homme, ce n’est pas acquérir les caractéristiques propres à tous les autres hommes, c’est-à-dire la virilité et la force. Devenir un homme, c’est accéder à la sagesse. Et comme le disait Socrate : «le plus sage est celui qui a conscience de sa propre ignorance». Le fait de devenir un homme ne passe donc pas forcément par la contestation, mais passe par la reconnaissance de son propre manque de sagesse. Et reconnaître que nous sommes ignorants, c’est aussi accepter la sagesse des autres, et donc accepter qu’ils nous apprennent, sans tout le temps contester leurs positions.

     D’un autre côté, nous devons accepter que contester, c’est oser s’affirmer. Contester, c’est prendre position face au monde et donc se définir en tant qu’homme. Le fait de devenir un homme passe donc par la con-testation. En effet, même si celle-ci est mal fondée et que nous devons nous rétracter, elle nous permet d’exercer une forme d’affirmation de soi, de nous situer par rapport au monde des idées. Contester, c’est oser être soi-même, oser être différent des autres.
     À ce sujet la personne qui apprend et devient un homme, au sens général du terme, est comparable à un fils devant quitter la maison paternelle. Il doit bien sûr obéir pendant un temps aux ordres et principes de son père, mais s’il veut être un homme et devenir capable de fonder une famille, lui aussi, il doit parfois s’opposer à son père. L’opposition est en effet parfois nécessaire à la séparation. Peut-être que lorsqu’il aura atteint la sagesse, il reviendra aux idées de son père. Mais s’il veut apprendre et devenir un homme, il doit dans certains cas contester ces idées : les accepter serait en quelque sorte s’endormir pour ne plus être que l’ombre de son père.
     De la même façon, si l’on veut réellement apprendre à s’affirmer en tant qu’homme, il faut souvent contester ce que l’on nous apprend, avoir un esprit critique. Cette contestation est extrêmement importante, surtout à notre époque, car si nous ne critiquons pas certaines informations que nous recevons, nous risquons d’être soumis à une idéologie aliénante. Ainsi les médias, par exemple, risquent de nous faire accepter comme naturel ce qui ne l’est pas. Ils possèdent en effet cette force inacceptable de nous faire accepter une thèse que nous ne partageons pourtant pas. Il faut donc contester pour ne pas se laisser piéger.
     De surcroît, si nous regardons en arrière, nous constaterons que, si l’histoire des hommes n’avait pas été jalonnée de contestataires, la pensée humaine et la société n’auraient dans certains domaines jamais progressé. Où en serait la science si Galilée n’avait pas contesté les affirmations de Ptolémée en disant que la terre tournait sur elle-même. Où en serait l’humanité si des hommes tels que Voltaire n’avaient pas lutté contre l’intolérance ? Certains d’entre eux se sont trompés, mais ils ont montré par leurs erreurs la vraie voie à suivre. La contestation est donc, comme nous le montre l’histoire, parfois indispensable à l’apprentissage.

     Finalement, si nous considérons la phrase de Sartre selon sa philosophie de l’existentialisme, la contestation ne doit pas être vue sous un angle négatif. Elle permet à l’homme de se construire, de continuer à progresser, de se redéfinir sans cesse. Peut-être que lorsqu’il contestera une idée et ensuite y adhérera, sa contestation sera alors perçue comme infantile et non fondée. Mais cela n’a pas d’importance, car il aura construit lui-même sa propre opinion, sa propre définition de lui-même. Il se sera affirmé en tant qu’homme.
     La contestation ne permet cependant pas tout. Elle ne permet pas de devenir respectable, aimable, réfléchi... L’apprentissage de la vertu connaît d’autres chemins tels que la foi et l’amour. Mais contester pour apprendre est une démarche très positive, car l’apprentissage ne consiste pas à emmagasiner la connaissance mais à la faire sienne, à l’intérioriser.


     Ainsi, nous sommes donc partiellement en accord avec l’assertion du philosophe Jean-Paul Sartre.
     En effet, nous avons déterminé que si la contestation n’est pas le seul moyen d’apprentissage et ne permet pas d’accéder à toutes les formes de connaissance, elle permet dans certains cas d’apprendre et de devenir un homme.
     Et, en fin de compte, si Sartre a écrit cette phrase où il affirme que la contestation est le seul moyen d’apprendre et de devenir un homme, il doit accepter que, pour apprendre, nous devions contester son propos.


                                                                                                    Auteur : Olivier Odaert
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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 15:26
De nombreux plans existent pour la dissertation. Personnellement, après en avoir expérimenté plusieurs, j’estime que les plans les plus productifs sont le plan dialectique et le plan thèse-antithèse. Voici donc mes conseils pour le plan de la dissertation.

 

1) PLAN DIALECTIQUE (thèse-antithèse-synthèse)

Vous choisissez ce plan lorsque vous n’êtes pas entièrement d’accord avec le point de vue de l’auteur. Votre point de vue est donc mitigé.

Dans ce cas vous écrivez :
- dans la thèse un point de vue
- dans l’antithèse le point de vue opposé. En fait l’ordre n’a pas tellement d’importance, mais, sur le plan logique, il est préférable de développer le point de vue de l’auteur dans la thèse et le point de vue opposé dans l’antithèse.
- Vous pouvez ensuite écrire une synthèse qui est un point de vue plus nuancé et qui dépasse la contradiction qui précède. Si vous ne vous sentez pas capable d’écrire une bonne synthèse qui, à la différence de la conclusion, doit apporter des arguments nouveaux, il est préférable de ne pas écrire de synthèse et de passer directement à la conclusion.

Exemple de synthèse : si dans la thèse vous montrez les avantages d’Internet et, dans une antithèse, ses désavantages, vous pouvez par exemple écrire dans une synthèse :

- que les désavantages d’Internet sont, dans un certain sens, un atout car ils permettent de déceler pus rapidement ses points faibles et donc de contribuer à son évolution positive.

OU

- qu’il est normal que cette technologie présente des points forts et des points faibles, car l’homme est à la base de sa création et l’on sait que l’homme est loin d’être un être parfait. En ce sens Internet est le témoin de sa fragilité et transmet donc l’imperfection légitime de l’homme.



2) PLAN THÈSE-ANTITHÈSE :

Vous choisissez ce plan si vous partagez presque totalement le point de vue de l’auteur ou si votre point de vue est presque tout à fait opposé à celui de l’auteur.

Votre point de vue doit, cette fois-ci, être développé dans l’antithèse (vous aurez donc montré dans la thèse , qui sera plus courte, le point de vue opposé au vôtre en révélant quelques arguments qui le défendent, puis vous arrivez en force dans l’antithèse pour défendre votre point de vue).



Quelques indications qui permettent d’éviter des fautes graves:

• Relire les articles sur la dissertation (voir les sources et les preuves).
• Passer :
- deux lignes entre l’introduction et le développement et entre le développement et la conclusion.
- une ligne entre chaque partie du développement.
- une ligne avant et après la synthèse éventuelle.
• Assurer une rupture douce entre la thèse et l’antithèse en écrivant, par exemple, au début de l’antithèse : «il serait cependant utile de nuancer le point de vue développé précédemment.»
• Développement : minimum 65 lignes manuscrites.
• Utiliser des alinéas et des mots-liens entre les idées et entre les alinéas.
• Comprendre le titre.
• Prouver tout ce que l’on avance (éviter les affirmations gratuites) !
• Utilisez des liens logiques (mots-liens) entre les idées.
• Ne pas répéter les idées.
• Bien cerner le sujet choisi et le développer le plus complètement possible.
• Ne pas s’écarter du sujet.
• L’introduction et la conclusion comprennent chacune trois parties (= trois alinéas).
• Ne pas utiliser que la preuve par l’exemple (= argumentation insuffisante) !
• Eviter une rupture brusque entre la thèse et l’antithèse.
• Ne pas répondre au sujet dans l’introduction.
• Ne pas introduire des arguments nouveaux dans la conclusion.
• Mettre de l’ordre dans les idées exprimées dans le développement (la pensée doit progresser avec ordre jusqu’ à la conclusion finale).
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1 mars 2010 1 01 /03 /mars /2010 15:35
Les trois parties de la dissertation

 

• La dissertation définitive comprend trois parties : une introduction, un développement et une conclusion.

• L’introduction comprend trois parties :

- on amène d’abord le sujet exposé dans la phrase de l’auteur (pour ce faire vous pouvez faire allusion à une observation générale, à un fait de l’actualité, à une constatation historique, à une allusion à une expérience personnelle ou à un souvenir...).
Cette réflexion de départ ne doit pas être trop générale (si elle trop générale, elle pourrait servir de départ à n’importe quel sujet !) : elle doit donc amener le sujet d’un manière directe et naturelle.

- on pose le sujet en reprenant la phrase de l’auteur ou en traduisant la phrase de l’auteur en une autre phrase ayant exactement le même sens.

- on annonce le plan en indiquant la direction que vous allez suivre (l’idéal est ici de poser deux ou trois questions auxquelles vous répondrez dans le développement, en respectant bien entendu l’ordre des questions.)

• Le développement comprend une thèse, une antithèse et une synthèse facultative.
Pour le contenu du développement voir les articles : dissertation (1), dissertation (2) et dissertation (4)

• La conclusion comprend trois parties (elle ne peut pas introduire de nouveaux arguments) :

- vous énoncez votre thèse d’une manière claire et nette en écrivant par exemple : «Nous ne partageons donc que partiellement le point du vue de l’auteur» ou « Nous partageons donc presque totalement le point de vue de l’auteur» ou «Notre point de vue est donc presque totalement opposé à celui de l’auteur». Cette thèse doit découler logiquement du développement qui précède.

-vous faites une synthèse des principaux arguments (pas une énumération des arguments !) exposés dans la thèse et l’antithèse.

- vous terminez par une finale originale en rapport avec le sujet.

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28 février 2010 7 28 /02 /février /2010 15:36
Voici trois modèles d'exercice préparatoire à la dissertation. Ces modèles sont donc une application des consignes figurant dans la dissertation (1).
    Les deux premiers modèles furent réalisés par des étudiants (Magali Geuens et Valérie Dinant).
    Quant au troisième modèle, je l’ai réalisé moi-même. Dans le troisième modèle, les mots et expressions en caractères gras sont les liens logiques entre les alinéas. Les mots en italique sont les liens logiques à l'intérieur de chaque alinéa.

Il existe une chose plus triste que rater ses idéaux : les avoir réalisés. (Pavese)


1) Compréhension du titre

a) Définition des mots

triste : affligeant
rater : manquer, échouer
idéaux : buts, modèles d’une perfection absolue
réalisés : menés à bien

b) Autre phrase

Atteindre son but est plus affligeant que de l’avoir manqué.


2) Développement

a) Part de vrai

    Tout d’abord, la réussite d’un idéal peut entraîner plus de malheurs que l’échec dans le cas où cette réussite provoque des désagréments à l’individu concerné. N’a-t-on pas ainsi menacé Galilée de mort lorsqu’il découvrit que notre système planétaire était héliocentrique, la découverte étant le but incontournable de chaque homme de science ?
     De surcroît, nous pouvons constater que cette phrase vise à consoler les personnes qui ont effectivement raté leurs idéaux. Ainsi, une personne ayant manqué un de ses buts essentiels et se trouvant en plein désarroi moral va, en entendant ces mots, analyser sa situation. Elle se dira alors que c’est finalement mieux ainsi et oubliera ensuite petit à petit tous ses regrets et déceptions.
     Dans le même genre d’idée, nous pouvons également dire que la phrase se veut rassurante envers les individus qui craignent l’échec. Il nous suffit de voir le nombre d’étudiants qui s’inquiètent pour leur avenir. Cette phrase leur permet alors de relativiser et de moins se focaliser sur la réussite qui, à cette époque de la vie, concerne surtout le domaine scolaire.
     Ensuite, la réussite des idéaux peut être plus affligeante que leur ratage dans la mesure où cette réussite s’est faite au détriment de certaines valeurs. Le cas se présente lorsqu’un chef d’entreprise réalise l’état d’équilibre financier, idéal économique par excellence, en méprisant totalement ses employés. Vu que des préjudices ont été portés à des êtres humains, cette réalisation est beaucoup plus affligeante que si l’équilibre n’avait pas été obtenu, mais dans le respect des individus.
     D’ailleurs, l’échec d’un idéal est moins douloureux que sa réussite lorsque celle-ci entraîne le désoeuvrement de l’individu. Ainsi, un homme dont le seul but est d’avoir une brillante carrière n’aura plus rien à réaliser une fois qu’il y sera parvenu, a fortiori si cette réussite se fait aux dépens de sa vie privée. Le reste de son existence sera donc vide comme une fin de spectacle dont l’apothéose se produit prématurément.
     Enfin, cette phrase semble s’appliquer à des idéaux funestes. Il est effectivement naturel de penser que lorsque notre idéal est de mourir afin de ne plus souffrir (par exemple en cas de grave dépression sentimentale ou autre), le réaliser est plus triste que de le rater. Il semble d’ailleurs que ce genre de situation fut vécue par Pavese : après avoir été abandonné par l’amour de sa vie, il tomba dans le désespoir jusqu’à se suicider. Ce souhait de la mort s’observe même dans sa poésie dont les vers trouvent leur apothéose dans l’expression de l’amour malheureux. Cesare Pavese, ayant réalisé son idéal morbide, laisse non seulement le regret de sa mort mais également la tristesse de sa poésie. Gageons qu’il en aurait sûrement été autrement s’il avait manqué son suicide.


a) Part de faux

     Toutefois, nous constatons un manque de nuance de la part de l’auteur.
     Tout d’abord, le terme « triste » est beaucoup trop général. Car, s’il est vrai qu’une personne ayant réalisé un idéal a du chagrin, une autre personne peut très bien être réjouie de cette même réussite. Ainsi, en reprenant la découverte de l’héliocentrisme, nous savons que Galilée en a beaucoup souffert tandis qu’aujourd’hui, elle fait le bonheur de tous les physiciens.
     Deuxièmement, l’échec semble être beaucoup plus douloureux que la réussite d’un idéal dans le sens où, du point de vue de l’intéressé, une partie, voire l’entièreté, de sa vie s’en trouve gâchée. En effet, un homme qui rate ses rêves se confond en regrets comme quelqu’un ayant perdu les clés de sa maison multiplie les lamentations. Ce fut le cas pour Napoléon Bonaparte qui échoua à deux doigts d’accomplir son rêve (devenir empereur de l’Europe) et dont la vie devint une longue suite de malheurs jusqu’à son exil à Sainte Hélène et sa mort.
     D’autre part, la phrase de Pavese ne tient plus à partir du moment où l’on considère la connotation positive du mot « réaliser ». Effectivement, la « réalisation » ou « réussite » de quelque chose suscite en nous, rien qu’en l’évoquant, un sentiment d’allégresse, de fierté même. Celui-ci s’explique par le fait que l’on a accompli une chose pour laquelle on a investi du cœur et du temps. Dès lors, il est difficile de concevoir que « réaliser un idéal » puisse provoquer quoi que ce soit de négatif ou de triste. Ainsi, il s’avère probablement inutile de rappeler la joie d’un étudiant qui, après dix-sept ans d’études acharnées, obtient enfin son diplôme, idéal de tous les étudiants.
     Qui plus est, si tout le monde pensait comme Pavese, il n’y aurait plus aucun idéal dans le monde. En effet, si les gens croyaient que réussir un idéal est pire que de le rater, ils seraient démotivés puisque, pour eux, donner de soi pour réussir demeure, au final, inutile. Plus personne n’aurait de rêves, rêves qui se trouvent souvent à l’origine d’une évolution. Appliquons cette idée à un fait d’actualité, à savoir l’aide humanitaire apportée au tiers monde par des organismes tels que « Médecins sans frontières ». Ces médecins volontaires ont souvent pour idéal de sauver des vies. Pour cette raison, certaines personnes sacrifient jusqu’à leur confort afin d’améliorer la situation de ces personnes défavorisées. En revanche, supposons un instant que ces mêmes volontaires aient eu la même optique que Pavese. Ils n’auraient alors jamais tout sacrifié pour aider autrui, puisqu’ils auraient été malheureux en cas de réussite. Et par conséquent, la condition des personnes du tiers monde n’aurait connu aucune amélioration.
     Nous terminerons notre réflexion en soulevant que la phrase de Pavese n’a en définitive aucun sens, car « réaliser » un idéal se révèle être impossible pour deux raisons.
    D’une part, lorsque l’on regarde l’acception exacte du mot « idéal », nous observons qu’il s’agit d’un « modèle de perfection absolue ». Et par définition, la perfection n’existe pas. Ainsi, le modèle de la démocratie parfaite en politique reste une utopie, car, étant appliqué par des hommes, il demeure toujours des écarts, personne n’étant infaillible. D’autre part, même si la situation de quelqu’un peut sembler parfaite, la nature constamment insatisfaite de l’homme fera que l’individu ne la reconnaîtra pas comme telle. Il nous suffit de citer Emma Bovary du roman éponyme de Flaubert. En effet, même lorsque sa liaison avec Léon, son amant, semble se rapprocher de son idéal amoureux, elle parvient encore à n’être pas comblée totalement. Cette attitude portera d’ailleurs son nom : on parlera du « bovarysme ».




L’important, ce n’est pas ce qu’on réussit, c’est ce qu’on essaie. (Marcel Achard)


1) Compréhension du titre

a) Définition des mots

important : ce qui importe le plus
réussit : fait avec succès
essaie : s’efforce de faire, tente

b) Autre phrase

L’essai importe plus que le succès


2) Développement

a) Part de vrai

    Tout d’abord, nous pouvons remarquer que la phrase traduit une certaine philosophie visant à rassurer l’homme vis-à-vis des échecs qu’il doit essuyer tout au long de son existence. En effet, l’homme est un être fragile qui assume souvent mal les échecs. Donc, si l’essai est considéré comme plus important que la réussite, l’échec perd de son importance et tend à déculpabiliser l’homme. Celui-ci sera alors plus enclin à tenter une nouvelle fois d’atteindre son but et peut-être réussira-t-il là où il a échoué. La citation de Marcel Achard peut même procurer une certaine satisfaction à celui qui échoue: «Si je n’ ai pas réussi, j’ai quand même essayé ! »
    En ce qui concerne la façon d’appréhender le futur, nous pouvons affirmer que cette phrase incite à l’optimisme et à la persévérance. On peut effectivement se dire qu’à force d’essayer, on finira bien par obtenir le résultat escompté.
    Nous pouvons aller plus loin sur le plan de la réflexion en affirmant que l’essai est indispensable à la réussite comme l’eau l’est à la vie. Si sans eau il n’y a pas de vie, il est tout aussi manifeste que sans essai, il n’y a pas de réussite possible. L’essai est alors considéré comme étant le premier pas ou la première démarche à réaliser pour réussir : la volonté de procéder à une série d’essais est inhérente au désir de réussite. Ne pas essayer, c’est abandonner avant d’avoir commencé ! Ainsi, si Newton n’avait pas tenté de comprendre le phénomène d’attraction mutuelle des corps, il n’aurait jamais réussi àdéfinir la loi de gravitation universelle.
    De surcroît, le mot essai présente déjà en lui-même une connotation positive : qui dit essai, dit effort. De ce mot, émane donc une notion de volonté.
    Enfin, signalons que si on se donne la peine d’essayer, les efforts se soldent soit par la réussite, soit par la volonté de tirer des leçons des erreurs passées afin que les essais futurs soient couronnés de succès. Citons, par exemple, l’élève qui rate une année scolaire à cause d’une mauvaise organisation dans son travail et qui essayera de tirer profit de son échec en remédiant à cette lacune. Alors, il réussira peut-être son année. Dans cette optique, l’essai aura joué un rôle majeur dans la réussite.


b) Part de faux

    Cependant, certaines considérations permettent de s’interroger sur la position adoptée par l’auteur.
    Pour commencer, soulignons l’importance de la réussite dans la société actuelle. En effet, il est du devoir de chaque citoyen de mettre ses compétences au service de la société. Celui qui n’a rien à offrir à celle-ci est comme une sangsue fixée sur la peau de l’homme : elle se nourrit de son sang sans rien lui offrir en retour. Nous pouvons donc en déduire que celui qui essaie un peu de tout sans rien réussir vivra aux dépens de la société.
    En outre, soulignons l’inutilité de l’essai s’il n’est pas accompli dans un esprit de réussite. «Qui veut la fin, veut les moyens» dit le proverbe. Mais, si la fin n’est pas fermement escomptée par l’individu, il s’investira d’autant moins dans la réalisation de ce qu’il ne vise même pas. Il en résultera une absence complète de motivation et donc une faiblesse des moyens mis en oeuvre, entraînant la futilité de l’essai.
    À l’inverse, lorsque la réussite est considérée comme un but en soi, atteindre ce but procure une grande satisfaction permettant de nous affirmer en tant que citoyens responsables et estimables dans notre société actuelle.
    Par ailleurs, notons que la personne qui réussit du premier coup à atteindre son but est enviée par celle qui doit essayer maintes fois pour aboutir à un résultat. Dans ce cas-ci, nous pouvons constater que la finalité de l’essai est la réussite, celle-ci ayant une importance considérable.
    Pour terminer, nous devons concevoir qu’essayer sans jamais réussir peut mener à la démoralisation de la personne. En effet, l’être humain est fragile et a besoin de se sentir utile et estimé par ses proches. En outre, le proverbe «Toute peine mérite salaire» est révélateur. En effet, si la personne n’obtient jamais de résultat, elle se lassera d’essayer sans être récompensée et ne voudra plus fournir d’efforts. Ceci permet de souligner l’importance de l’objectif.




Le geste manqué sert le geste qui réussit (Saint -Exupéry)


1) Compréhension du titre

a) Définition des mots

geste : action, démarche
manqué : qui n’est pas devenu ce qu’il devait ou prétendait être
sert : est utile
réussi : exécuté avec succès

b) Autre phrase

L’action ratée est utile à la réussite.

2) Développement

a) Part de vrai

    Signalons pour commencer que de nombreuses personnes qui veulent atteindre un objectif commettent des erreurs. «Errare humanum est» disaient les latins : l’erreur est humaine. En effet l’homme est un être fragile et à ce titre nous pouvons comprendre que ses chemins de réussite soient parsemés d’échecs. Et ceci est valable pour tous les secteurs de notre vie. Même si ces erreurs ne sont pas toutes excusables.
    Nous pouvons aller plus loin sur le plan de la réflexion en affirmant que certaines erreurs ont permis d’obtenir une certaine réussite. Pensons aux fuites observées à l’intérieur de la commission Dutroux en Belgique. Celles-ci permettront sans doute dans le futur d’améliorer certaines règles déontologiques lors de la création de commissions futures. Sur le plan du progrès scientifique nous constatons que celui-ci se base en grande partie sur les erreurs du passé. Prenons le cas de certains politiciens qui ont dû essuyer des échecs avant d’ atteindre leur objectif, Sur le plan scolaire le parcours de l’élève est parsemé de difficultés voire d’échecs qui l’aident à progresser dans la mesure, bien entendu, où l’élève témoigne d’un esprit volontaire.
    D’ailleurs les obstacles rencontrés aident parfois à persévérer dans un domaine et aboutissent souvent à une réussite supérieure à celle que l’on attendait. À la condition bien entendu de ne pas se laisser abattre par la moindre difficulté. Certains couples en difficulté, par exemple, peuvent saisir leur chance à travers l’obstacle qui se présente à eux : le manque de dialogue qui est à 1’ origine de leurs difficultés peut les aider à se surpasser et par la suite à faire grandir leur relation. Ce dernier exemple nous prouve donc que l’échec peut être un facteur fondamental de réussite, car les erreurs que nous commettons nous obligent à nous dépasser.
    De plus nous pouvons affirmer qu’un geste manqué déterminé, s’il constitue un échec pour une personne, peut par ailleurs apparaître comme profitable pour une autre personne. Nous pensons au cas du docteur qui a donné à une connaissance un médicament pour les nerfs. Ce médicament l’a rendue encore plus nerveuse qu’auparavant. Alors que sa voisine est totalement satisfaite du même médicament.
    Sans compter que l’erreur peut servir de réflexion à n’importe quel individu quel que soit son niveau culturel ou social. Ainsi un patron, qui ne fait plus de bénéfice, a l’intention de fermer son entreprise sans consulter son personnel. Apprenant la décision de fermer l’entreprise, le personnel décide de faire grève, occasionnant des pertes beaucoup plus importantes. Le patron se rendant compte de son erreur entame des négociations avec ses employés. Ces négociations vont entraîner une réouverture de l’usine et le bonheur de ses employés qui, malgré certains sacrifices consentis, ont pu éviter le chômage. Ce dernier exemple prouve que les erreurs commises par le patron et l’ouvrier ont pu être bénéfiques aux personnes en question.
    Nous dirons même, aussi curieux que cela puisse paraître, que l’erreur est indispensable à la société actuelle comme la lumière est indispensable aux plantes. Sans la lumière la plante se détruirait progressivement. Sans erreur commise la société ne serait pas ce qu’elle est, car, comme nous l’avons dit plus haut, elle s’est construite sur les erreurs du passé. C’est l’erreur qui nourrit en partie la société, comme la lumière nourrit en partie la plante.
    Il faut encore signaler que certaines personnes commettent parfois des erreurs inconsciemment, sans s’en rendre compte et sans le vouloir. La «bêtise» du petit enfant est, par exemple, souvent inconsciente et involontaire. Ici c’est l’entourage immédiat de l’enfant qui lui permettra de se rendre compte de son erreur. L’enfant décidera alors de ne plus commettre cette faute : cette prise de décision lui fera obtenir une certaine réussite sur le plan personnel.
    Nous remarquons également que l’on ne commet jamais deux fois la même erreur. Pourquoi ? Parce que l’homme est un être intelligent, capable de raisonner et par conséquent capable de tirer les leçons d’une action ratée. Ainsi mon frère a mis sa main sur le feu et se l’est gravement brûlée. Dès ce jour il a appris qu’il ne fallait pas toucher au feu et n’a plus jamais réitéré ce geste. De ce fait il est plus attentif aux erreurs déjà commises. Nous pouvons ajouter que les erreurs des hommes sont tellement nombreuses qu’elles peuvent également servir de leçon pour d’autres personnes qui ne souhaiteraient pas commettre les mêmes erreurs. Ainsi de nombreux politiciens s’appuient sur les erreurs de leurs prédécesseurs pour mieux gouverner leur pays.
    Par ailleurs, il est intéressant de relever que si Saint-Exupéry a écrit une telle phrase, c’est sans doute pour déculpabiliser l’homme qui éprouve parfois une honte vis-à-vis de l’erreur commise. Ernest Junger écrivait à ce propos : «une erreur ne devient une faute que lorsqu’on ne veut pas en démordre». En d’autres termes l’erreur n’est jamais une faute si elle permet à celui qui l’a commise de s’en rendre compte. Et cette prise de conscience lui permet d’avancer sur le chemin de la réussite, D’autant plus que l’homme est un être raisonnable : nous pouvons par conséquent supposer que sa raison lui permet, dans de nombreux cas de grandir et de comprendre la valeur de certains échecs !


b) Part de faux

    Néanmoins il nous semble que l’auteur devrait davantage nuancer son point de vue.
    Tout d’abord, nous pouvons affirmer que l’échec n’aboutit pas toujours à la réussite. En effet lorsque nous subissons un échec, nous sommes démoralisés. Nous pouvons perdre notre motivation à réussir ce que nous voulions entreprendre. En outre, si nous sommes souvent pénalisés lorsque nous commettons des erreurs, nous ne serons plus tentés de réaliser des efforts. Et c ‘est icique notre force intérieure devrait prendre le pas afin que nous soyons malgré tout des «battants» : surmonter la démoralisation... n’est-ce pas une forme de réussite, c’est-à-dire une victoire sur nous-même ? L’élève en situation d’échec a donc deux possibilités devant lui : ou bien il se sert de cette situation pour améliorer sa situation ou bien il se laisse abattre et court droit à l’échec. Il existe aussi le cas de ceux qui ne réussissent jamais dans un créneau déterminé et ce malgré les efforts fournis. Il faut peut-être alors changer son fusil d’épaule et comprendre que la situation d’échec est parfois un avertissement qui nous pousse à découvrir d’autres voies et, par conséquent, une réussite sur un autre plan.
    Bien entendu il existe des cas dont Saint-Exupéry ne tient pas compte. En effet il ne faudrait pas oublier, que certaines erreurs sont inexcusables et que donc, elles n’auraient jamais dû exister : nous pensons à certaines erreurs médicales impardonnables ou aux actes criminels nombreux.
    Qui plus est nous pensons que certaines erreurs ne déboucheront jamais sur une quelconque réussite. Prenons le cas du pédophile qui viole une jeune fille. Il est jugé et va en prison dans le but de ne plus recommencer. Lorsqu’il sortira de prison, il est vraisemblable qu’il perpétra ses actes de pédophilie. Doncnous n’obtiendrons probablement jamais de bons résultats avec ce genre d’individu qui est une nuisance pour notre société. En effetdans ce dernier cas, nous ne voyons pas très bien à quelle réussite l’acte du pédophile pourrait aboutir !
    D’autre part l’auteur de la phrase valorise, nous semble-t-il un peu trop l’erreur commise. Il semble placer la réussite au second plan. Comme si l’erreur était perpétuellement indispensable à la réussite ! Il n’y a qu’un pas pour mettre en doute la valeur d’une réussite sans échec au préalable !
    Il faut encore reconnaître que certaines personnes ont davantage les moyens que d’autres pour mettre à profit les erreurs commises. Ainsile poids d’une erreur de placement financier a moins d’impact pour un individu fortuné que pour un autre moins aisé ! L’erreur commise débouchera moins sur la réussite du deuxième que sur celle du premier ! Nous pouvons aussiparler des personnes qui n’ont pas les moyens physiques et psychologiques d’atteindre la réussite après une erreur commise. Ces mêmes personnes peuvent également commettre davantage d’erreurs. Celles-ci, n’étant pas, par ailleurs, nécessairement profitables. Pensons, par exemple, à la personne âgée qui laisse traîner son sac à main et se fait souvent voler, à l’enfant qui insulte ses parents dont il est l’éternelle victime...
    Nous ajouterons que si nous considérons positivement l’erreur, notre regard sur le futur sera moins pessimiste, nous trouverons davantage d’énergie en nous-même pour atteindre la réussite.
    Pour terminer nous dirons que certains gestes manqués empêchent la réussite d’autres personnes qui en sont les victimes : les parents dont l’enfant a été assassiné sont victimes d’erreurs qui ne servent à rien... sinon à ternir le blason de l’être humain qui encore et toujours est un loup pour l’homme.


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